Crise économique et crise sanitaire, le moyen de résoudre ces deux problèmes

La France risque d’entrer dans une phase de confinement général et c’est tant mieux, même si nous n’avons individuellement aucune envie de cette relative solitude ou de cette relative inaction qui s’imposera à nous pour 5 semaines. Collectivement, nous en avons besoin pour gagner cette guerre contre cet ennemi invisible qu’est le Coronavirus.

Notre gouvernement a perdu la bataille de la phase 1 : empêcher le virus d’entrer sur le territoire ou bien en quantité négligeable, rapidement détectée, cernée et traitée. Le virus n’a certes pas de passeport mais leurs porteurs, passés par la Chine puis par l’Iran, la Corée du Sud, l’Italie etc. ont un passeport. A coup de quarantaines imposées, d’interdiction d’entrée sur le territoire à ceux qui étaient passés en Chine dans les dernières semaines, de tests, Taïwan qui n’a que 29 malades déclarés, Hongkong 56 malades et Singapour 107 malades, ont pour le moment gagné cette bataille. Leurs liens et leurs échanges avec la Chine sont pourtant intenses.

Notre gouvernement a également perdu la phase 2 que la Corée du Sud semble en train de gagner. Ce pays a subi une soudaine poussée épidémique et compte aujourd’hui 8000 cas déclarés. Cependant, la progression du virus ralentit très fortement : le pays déclare seulement 100 nouveaux cas par jour depuis le 11 mars. Diverses mesures dont la multitude de tests effectués (de 10 à 20.000 tests par jour) ont permis au pays d’éviter la massification de la population, pour le moment au moins. La bataille était donc gagnable.

La crise aurait pu être évitée, tant sanitaire qu’économique mais le gouvernement français a, par inconséquences, impréparation, perdu la phase 1 et la phase 2 dont le coût en vie (et en argent) étaient faibles. L’absence de tests et de masques en nombre suffisant, le nombre de cas réels très élevés en France nous empêche de gagner aujourd’hui la phase 2.

Le gouvernement doit gagner la phase 3, empêcher la massification de l’épidémie. Le résultat d’une expansion forte de l’épidémie serait terrible : puisque 15% des contaminés finissent dans un état sévère et 5% dans un état critique, on pourrait manquer de respirateurs ce qui obligerait comme en Italie à choisir entre les gens qu’on laisse délibérément mourir et ceux qu’on essaie de sauver. Selon une note de 2009, il y aurait entre 5 et 10.000 respirateurs en France, appareils nécessaires pour traiter les cas critiques; peu d’informations filtrent sur nos capacités actuelles[1].

Le docteur Eric Caumes, chef du service des maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital la Pitié Salpêtrière, a estimé le nombre de malades réels devant son ministre de la Santé Olivier Véran dans l’émission « La grande confrontation » : 100 fois plus que le nombre de contaminés recensés ce qui ferait 540.000 contaminés ce dimanche. La crise sanitaire est grave, très grave. Et les demi-mesures annoncées par Emmanuel Macron ne suffiront pas.

La France n’a pas le choix : elle doit confiner totalement la population pour empêcher l’épidémie de se répandre. Imaginez si Jean-Michel Blanquer, qui aurait bien fait de se taire, disait vrai ce dimanche : « le Coronavirus touchera probablement la moitié des français ». 33 millions de personnes seraient touchés et 1,65 million risqueraient d’être dans un état critique ! Comptez les morts, je n’ose pas vous le dire. Les français ne sont pas de la « chair à virus » : l’affirmation de Blanquer est une affirmation évidemment stupide, fait étrange pour un ministre de l’éducation. Il ne sert à rien d’être défaitiste sauf si nous souhaitons perdre cette guerre.

Il reste bien une ultime chance de gagner : le confinement total de la population. Arrêter économiquement la France pour sauver sa population, à l’exception des services essentiels, alimentaire, pharmacie et médecine, pour une durée minimum d’un mois. Se soigner et se nourrir. Si des entreprises peuvent s’adapter et continuer avec le télétravail ou avec des risques minimaux, (port de masques, désinfection adaptée…), ce sera tant mieux. Laissons les ouvrir avec des consignes strictes et vérifiées. Ces mesures arrêteront rapidement la propagation de l’épidémie à condition que les français puissent sortir faire leurs courses alimentaires avec des masques ou être livré chez eux pour leur alimentation. Les Chinois sont, semble-t-il, parvenus à stopper une épidémie galopante après une guerre totale de ce genre contre cet ennemi invisible. Un mois et demi plus tard, on constate que le bilan sanitaire est très limité. Evidemment, ces mesures ne doivent pas avoir la portée parfois violente de celles prises par le régime communiste chinois mais les dérives individualistes dangereuses pour tous doivent être fermement sanctionnées. Montrer à tous que seul le civisme, l’entraide et la solidarité entre frères humains sont permis. Les mesures doivent être comprises et acceptées par une population à qui l’on doit la vérité : le virus fera un nombre considérable de morts si on ne l’attaque pas de front. Les français l’accepteront si le gouvernement prend ces mesures efficaces pour tous et livre enfin une parole de vérité.

Dans une guerre, il faut aussi une économie de guerre.

Pour cela, il faut tout donner à l’hôpital, aux médecins et infirmières pour qu’ils sauvent le maximum de vies. Augmenter leur rémunération pour leur demander pardon pour le saccage subi depuis des années et montrer notre reconnaissance pour leur sacrifice est un préalable. Leur donner autant d’argent que nécessaire pour acheter des respirateurs, des gels hydro alcooliques, des masques protecteurs et tout ce qu’il faut pour sauver nos vies. Il faut aussi tout faire pour produire, comme en économie de guerre, des respirateurs et tous les appareils de soin nécessaires. La recherche sur les traitements et vaccins devra être grandement accélérée, dès maintenant.

Si nous faisons un tel effort, ce n’est pas pour le ruiner immédiatement par une contamination venue de l’extérieur. Pour la circulation des personnes, les frontières devront être fortement contrôlées, voire fermées avec tous les pays touchés par l’épidémie. Qui voudrait d’ailleurs venir dans une France confinée et contaminée ? En nous protégeant, nous protégeons les autres.

Arrêter fortement l’activité économique, le gagne pain des français, est difficile mais obligatoire pour gagner cette guerre. L’activité économique baissera de 50% au minimum, cela dépend de nombre de facteurs (nombre de masques réellement disponibles, application des mesures par les entreprises etc.). Les masques doivent être donnés par ordre de priorité aux activités économiques les plus importantes : la santé et l’alimentaire en premier.

Les entreprises feraient faillite en masse si on en restait là. Or, tout doit être fait pour préserver ces organisations humaines, à la fois unités de production et ressources vitales pour les salariés et les chefs d’entreprise.

Les mesures économiques annoncées par Emmanuel Macron jeudi soir vont dans le bon sens. En effet, toutes les entreprises doivent survivre à la période de confinement. Idem pour les ménages qui ne doivent pas être profondément affectés financièrement et faire par exemple défaut sur leurs divers crédits dont le plus gros, le crédit immobilier.

Pendant la période de confinement, le chômage partiel payé en partie par l’Etat est un bon début. Les salariés, les indépendants interdits de travailler doivent recevoir 70-80% de leurs revenus nets habituels pour que les ménages ne soient pas en difficulté. Les intérimaires dont le contrat est stoppé seront partiellement payés par l’Etat pendant le confinement. Les allocations financières aux chômeurs dont les indemnités arrivent à terme doivent être prorogées. Les remboursements des emprunts et des intérêts bancaires pourront être reportés de la même durée pour tous ceux dont les revenus ont été réduits de plus de 10%. La Banque Centrale compensera l’effort fait par les banques.

Concernant les entreprises et les commerces dont l’activité sera profondément affectée : la survie de tous nécessite un non paiement des charges sociales, un report des remboursements des emprunts et des intérêts, un paiement partiel voire total des salaires par la puissance publique. C’est à ce prix que nous empêcherons la destruction de notre organisation économique. Si de grosses entreprises cotées en bourse ou non sont, malgré toutes ces aides, confrontées à des difficultés insolubles dues à des risques trop élevés pris précédemment, l’Etat devra les sauver en prenant des parts dans le capital. Cela s’appelle en bon français des nationalisations partielles. Les actionnaires sont rémunérés pour les risques pris nous dit-on, l’Etat, lui, n’est pas un gogo qui doit socialiser les pertes et assurer la privatisation des bénéfices.

Ce n’est pas la bourse et le patrimoine des milliardaires et millionnaires qu’il faut assurer, ce sont les organisations humaines qui sont nécessaires à la Nation. La Banque Centrale Européenne a annoncée jeudi utiliser sa planche à billet donc de « l’argent public européen » (ce mot a-t-il un sens ?) pour acheter 120 milliards d’euros de dettes publiques et de dettes privées aux investisseurs. C’est toujours la même erreur, faute : sauver la finance en premier quand il faut sauver l’économie réelle d’abord. Nous n’y pouvons rien, étant coincés dans l’Union Européenne. Mais, il est nécessaire que l’Etat français prenne ses responsabilités et sauve l’économie française par le bout de l’économie réelle et non par la finance, en la favorisant encore et encore.

Tout ceci coutera cher, sans doute plus de 100 milliards d’euros mais une destruction de notre tissu économique couterait encore plus cher et obscurcirait définitivement notre avenir. Bien sûr, si le gouvernement avait su empêcher l’arrivée du virus comme à Taïwan et Singapour, avait su empêcher la massification de la contamination comme en Corée du Sud aujourd’hui, le coût aurait été infiniment moindre. Il est trop tard pour le regretter. Il faut mener ensemble cette guerre contre l’ennemi invisible qu’est le Coronavirus.

Cet ennemi disparaîtra de notre pays en un ou deux mois. Pour qu’il ne revienne pas en franchissant les frontières avec des porteurs passant par des pays touchés, il faudra continuer à les contrôler fermement jusqu’à ce que la maladie soit terrassée par un vaccin. L’affaire d’un an au minimum selon les spécialistes médicaux. Ce virus met décidemment la mondialisation et le néolibéralisme au supplice.

 

[1] Synthèse statistique : Recensement des respirateurs, lits et effectifs en unités de réanimation, unités de surveillance continue et salles de soins post-opératoires. http://www.snmrhp.org/Data/upload/images/1Copie%20de%20Enqute%20Ra-respirateurs%20juin%2009%20(S%20Mouton%2014%20aot%2009).pdf

La fermeture de Fessenheim et la fermeture programmée de nombre de centrales nucléaires françaises est une erreur fatale dans la transition énergétique : un gâchis financier, humain et climatique

Fermeture de la centrale de Fessenheim, un gâchis financier, humain et climatique.

La centrale nucléaire de Fessenheim, ayant fourni une grande quantité d’électricité sans émissions de CO2 durant 42 ans, arrêtera définitivement sa production demain, le samedi 22 février 2020. C’est un jour triste pour le climat, c’est aussi un jour triste pour l’autonomie énergétique de la France.

Cette centrale nucléaire comprenant deux réacteurs a commencé à produire de l’électricité en 1977. Elle produit bon an mal an 10 milliards de kilowatt-heure d’électricité, emploie directement 1100 personnes et son chiffre d’affaire peut être estimé à 1,4 milliards d’euros au prix de revente de l’électricité au consommateur.

Cette centrale a 42 ans, l’Autorité de Sureté nucléaire la juge sure. Sa durée de vie devait être prolongée à 60 ans après une remise à niveau mais certains hommes politiques en ont décidé autrement (Certaines centrales nucléaires américaines ont 50 ans et sont d’ores et déjà autorisées à produire jusqu’à 60 ans).

Mettre à la casse une telle unité de production d’électricité, 18 ans avant sa fin programmée, est un gâchis : gâchis d’argent puisque sa construction a coûté environ 3 milliards d’euros[1], gâchis de 2000 emplois directs et indirects[2], gâchis dans la lutte pour le réchauffement climatique.

Pourtant, la centrale de Fessenheim émet très peu de CO2 (seulement 12 grammes de CO2 par kilowatt-heure d’électricité produite). La façon la plus propre pour remplacer l’électricité de Fessenheim est de produire de l’électricité avec des énergies renouvelables éoliennes et solaires complétées par une centrale au gaz lorsqu’il n’y a pas assez de vent ou de soleil, la nuit par exemple. Dans le meilleur des cas, à cause des périodes sans vent ou sans luminosité, les éoliennes et les panneaux solaires produiraient 35% de la production d’électricité avec peu d’émission de CO2 et la centrale au gaz 65% avec beaucoup d’émission de CO2[3]. Le calcul, simple, montre que Fessenheim émet 30 fois moins de CO2 que le couple énergies renouvelables et gaz[4] nécessaire pour la remplacer.

Si on réalise le programme d’Europe Ecologie les Verts, le remplacement de toutes les centrales nucléaires par des énergies renouvelables et des centrales au gaz, cela augmenterait ainsi les émissions de CO2 de la France de 132 millions de tonnes de CO2[5]. Ces calculs montrent toute l’absurdité de ce projet : chaque année, la France rejetterait ainsi près de 40% de CO2 en plus dans l’atmosphère qu’elle n’en rejette aujourd’hui !

Le nucléaire est nécessaire à la lutte contre le réchauffement climatique

Le nucléaire a beau être brocardé par les « verts », il émet nettement moins de CO2 que le couple électricité renouvelable intermittente, obligatoirement complétée par des centrales fossiles. Ce n’est pas pour rien que le champion des énergies renouvelables, l’Allemagne, a ouvert nombre de centrales au gaz (et même au charbon) ces dernières années. Ce pays démarrera d’ailleurs en 2020 une énième centrale… au charbon[6] !

Les centrales nucléaires françaises ont économisé sur toute leur durée de vie 22 ans de rejets de CO2 d’un pays comme la France d’aujourd’hui, ou 9 ans de rejets de CO2 d’un pays comme l’Allemagne [7]! Un sacré service rendu au climat.

Le nucléaire permet à la France d’être le grand pays industrialisé le plus économe en CO2 : le français moyen émet selon la Banque Mondiale 4,6 tonnes de CO2 par an quand le terrien moyen en émet 5 tonnes par an, l’Allemand 8,9 tonnes par an.

Le nucléaire et les énergies renouvelables sont complémentaires

Le nucléaire est donc nécessaire à une production d’électricité avec le minimum d’émission de CO2. Faut il en déduire que les éoliennes et les panneaux solaires ne peuvent servir à rien ? Assurément non.

Un pays comme la France, ayant une électricité rejetant très peu de CO2, peut installer des éoliennes et des panneaux solaires en nombre. L’électricité produite sera utilisée pour produire sans émission de CO2 de l’hydrogène dans des électrolyseurs[8]. Cerise sur le gâteau pour la France, les centrales nucléaires ne produisent pas toujours à plein régime. Il est possible et très rentable de se servir de cette production d’électricité supplémentaire à coût quasi nul pour produire encore plus d’hydrogène propre.

Cet hydrogène propre est produit à un coût acceptable et coute moins cher que l’essence si on ne lui met pas sur le dos les taxes excessives sur le carburant. L’hydrogène est l’essence de demain.

Il existe déjà des trains à hydrogène Alstom permettant de remplacer les trains au Diesel. Bizarrement, ce train roule en Allemagne. La SNCF va cependant commander 17 trains Alstom à hydrogène[9]. En utilisant cette technologie, nous pourrons remplacer les bus diesel par des bus à hydrogène en ville, allégeant du coût l’émission de particules fines. Les infrastructures hydrogène se développant, nous pourrons, dans une dizaine d’années, passer aux camions à hydrogène, aux voitures à hydrogène (3 voitures de série existent déjà et Paris compte 100 taxis à hydrogène et bientôt 600[10]). Dans un jour lointain, l’avion à hydrogène et le bateau à hydrogène sont un développement tout à fait réaliste.

Le système de transport peut donc à terme se passer d’énergie fossile.

Voilà pourquoi, la fermeture de Fessenheim et la fermeture programmée de nombre de centrales nucléaires françaises est une erreur fatale dans la transition énergétique : c’est un gâchis terrible dans la lutte contre le réchauffement climatique, un gâchis financier et un gâchis humain. Une très mauvaise décision de nos gouvernements qui n’ont malheureusement pas de stratégie réaliste et pragmatique pour que la France se passe à terme des énergies fossiles.

Je développe en détail ce sujet de la transition énergétique et tous les autres sujets de la transition écologique dans un livre à paraître le 2 Avril « Comment réaliser la transition écologique, un défi passionnant »[11].

 

[1] Le coût de construction des centrales nucléaires d’EDF est estimé par la cour de Comptes à 96 milliards d’euros. Fessenheim représente 2 réacteurs sur 58 réacteurs nucléaires français. L’évaluation à la louche du coût de construction de Fessenheim est donc 3,3 milliards d’euros d’aujourd’hui (Calcul : 2/58*96=3,3)

[2] La fermeture de la centrale de Fessenheim affecterait 2000 emplois https://www.lefigaro.fr/flash-eco/2014/07/01/97002-20140701FILWWW00030-fermer-fessenheim-affecterait-2000-emplois.php

[3] En France, une éolienne produit environ 2000 heures par an quand un panneau photovoltaïque produit 1100 heures par an. En additionnant les deux, ce qui est simpliste mais donne le résultat le plus favorable pour les énergies renouvelables, nous arrivons à 3100 heures par an soit 35% du temps. Le calcul réel est complexe, tient compte de la courbe réelle de consommation nationale d’électricité et de production prévisible heure par heure des énergies renouvelables, de la présence de vents et de soleil au niveau local quand il ne l’est pas au niveau national mais les ordres de grandeur sont acceptables.

[4] La production de Fessenheim est de 10 milliards de kilowatt-heure d’électricité par an. Fessenheim émet 12 grammes de CO2 par kilowatt-heure produit. Fessenheim émet donc chaque année 0,12 millions de tonnes de CO2 (Calcul : 10*109*12/1012=0,12).

Une centrale au gaz émet 490 grammes de CO2 par kilowatt-heure produit quand le couple éolienne et solaire émet en moyenne 30 grammes de CO2 par kilowatt-heure produit. Le couple énergie renouvelable centrale au gaz émettra donc chaque année 3,3 millions de tonnes de CO2 (Calcul : 65%*(10*109*490/1012)+35%*(10*109*30/1012=3,29)

 

[5] La production d’électricité nucléaire totale en France, c’est 40 fois Fessenheim. Remplacer toutes les centrales nucléaires par des éoliennes, des panneaux solaires obligatoirement adjoints de centrale au gaz, c’est donc 132 millions de tonnes de CO2 émis en plus chaque année. (Calcul : 40*3,3=132)

 

[6] L’Allemagne mettra en service une toute nouvelle centrale à charbon en 2020 https://www.bfmtv.com/economie/l-allemagne-va-mettre-en-service-une-toute-nouvelle-centrale-a-charbon-en-2020-1799343.html

 

[7] La production nucléaire de la France depuis 1977 est de 14 000 milliards de kilowatts heure. En les remplaçant par des centrales au gaz, puisque les énergies renouvelables n’existent que récemment, l’économie est environ de 6700 millions de tonnes de CO2 (Calcul : 14000*1000000000*(490-12)/ 1012)=6692). La France a émis environ 300 millions de tonnes de CO2 en 2019 (source Banque Mondiale). L’Allemagne a émis environ 700 millions de tonnes de CO2 en 2019 (source Banque Mondiale).

 

[8] Lire par exemple H2V prêt à déployer ses deux usines d’hydrogène vert https://www.lesechos.fr/pme-regions/actualite-pme/h2v-pret-a-deployer-ses-deux-usines-dhydrogene-vert-993002

 

[9] A qui va profiter la future commande de 15 trains à hydrogène par la SNCF https://www.usinenouvelle.com/article/a-qui-va-profiter-la-future-commande-de-quinze-trains-a-hydrogene-par-la-sncf.N878830

[10] Et maintenant, les taxis à l’hydrogène http://www.leparisien.fr/info-paris-ile-de-france-oise/transports/et-maintenant-les-taxis-a-l-hydrogene-24-02-2019-8019378.php

[11] Edition Jean-Cyrille Godefroy

Salvini contre Union Européenne : comment l’Italie peut-elle gagner la guerre ?

 Le contexte de la guerre

Les élections européennes ont offert un joli score à la Ligue de Matteo Salvini. Cependant, du fait de l’affaiblissement de son allié, le parti M5S, le soutien à la coalition au pouvoir s’érode. Il reste encore raisonnable à 58% si on inclut le parti Frères d’Italie.

Matteo Salvini parle haut, il redonne de la fierté à son peuple en exaltant sa fibre patriotique. Il demande que l’on « s’occupe des nôtres avant les autres » et prend des mesures pour cela. Il a fortement réduit l’immigration clandestine comme le demandaient les Italiens même si le travail avait déjà commencé avant lui. L’immigration légale, essentiellement familiale, continue comme l’impose l’application des Directives Européennes.

Mais les Italiens ont aussi besoin de survivre et donc d’une économie en croissance. N’oublions pas que ce pays a connu depuis 2008 une baisse d’environ 10% de la richesse par habitant (PIB par habitant).

Or, la hausse des dépenses publiques décidées par la coalition au pouvoir en Italie en Décembre 2018 n’a pas suffi à empêcher l’Italie d’entrer en récession. L’économie italienne était et reste l’économie la plus faible des grands pays d’Europe. Cette faiblesse de l’économie, prévisible (cf article de Septembre 2018[1]), érode de façon logique le soutien à la coalition au pouvoir.

La stratégie économique de Salvini : stopper la récession en augmentant le déficit budgétaire

Dès lors, Salvini ne pouvant jouer sur les leviers multiples de l’Etat stratège pour relancer son économie (dévaluation légitime de sa monnaie, grands travaux, priorité au made in Italie dans les marchés publics et la consommation…) ne peut relancer l’économie italienne que par le déficit budgétaire. C’est ce qu’il a dit fin mai haut et fort : il veut relancer l’économie notamment en baissant les impôts avec une “flat tax”, c’est-à-dire un impôt à taux unique qui remplacerait le système actuel. “Nous avons besoin d’une cure de Trump, d’une cure d’Orban, d’un choc fiscal pour redémarrer le pays”, a t-il déclaré mardi 28 mai sur la radio lombarde RTL Italie.

Cela ne sera sans doute pas suffisant pour assurer une croissance forte mais Salvini n’a que cet outil dans les mains et il est obligé de l’utiliser pour empêcher le pays et lui avec de sombrer. Problème : le déficit budgétaire italien devrait atteindre 2,5% en 2019 et 3,5% en 2020 sans cette mesure à 20 Milliards d’euros.

Cette stratégie économique est en même temps une stratégie politique d’opposition à Bruxelles. La question que l’on se pose : est-ce une stratégie pour gagner du temps en soulageant l’économie italienne, une escarmouche pour faire porter la faute d’un futur échec à Bruxelles ou Salvini est-il décidé à démontrer par tous les moyens aux Italiens que : l’UE interdit la survie économique des Italiens, ne peut pas être changée et ultimement qu’il faut sortir à minima de l’euro, enfin qu’il le fera si nécessaire. Connaissant la sincérité des économistes et parlementaires à ses côtés, Bagnai et Borghi, on peut penser qu’il s’agit d’une stratégie politique d’opposition à Bruxelles pour in fine sortir de l’euro. Ira-t-il au bout de sa logique, personne ne le sait.

La « Constitution économique » de l’Union Européenne interdisant cette mesure pour un pays dont la dette est à 130% du PIB, la Commission Européenne a répliqué en lançant une procédure disciplinaire de déficit excessif qui se solderait par une amende de 3,5 milliards d’euros pour l’Italie. Une mesure revenant à attacher un boulet de plus à une Italie en difficulté.

La Bataille d’Italie est lancée.

La réplique de Salvini a fusé. Le Parlement italien a voté pour la possibilité de lancer et d’utiliser

une monnaie parallèle appelée miniBot : il s’agit de bons du trésor italien qui pourront être remis

aux entreprises comme paiement des arriérés de l’Etat. Imprimés ou sous forme électronique, ils pourront être échangés et seront en fait une monnaie parallèle. Jacques Sapir et d’autres ont très bien décrit ce qu’est cette monnaie et les mécanismes pour amplifier son utilisation dans l’économie italienne[2].

L’Union Européenne a réagi en disant qu’elle n’était pas pressée : la procédure de déficit excessif se languira jusqu’en 2020 au minimum.

Voici la trame de cette guerre politico-médiatique

Les Italiens ne sont aujourd’hui pas du tout prêts à sortir de l’euro malgré ses méfaits pour leur situation économique personnelle (Environ 40% trouvent que l’euro n’est pas une bonne chose. Le pourcentage de ceux qui veulent sortir est encore plus faible). Salvini n’a pas de choix simple pour sauver l’Italie.

Il doit agir rapidement pour relancer la croissance et ne pas couler dans les sondages, et en même temps montrer au peuple italien que l’UE est responsable de ses malheurs en l’obligeant à se positionner, à se dévoiler.

La possibilité d’émettre des miniBots est la bonne solution : cette monnaie parallèle lui permettra de réaliser la baisse d’impôts prévue, de relancer la croissance tout en entamant l’affrontement avec l’UE. Il doit frapper fort pour provoquer l’UE et l’obliger à dévoiler qu’elle refuse cette stratégie de survie économique offerte au peuple italien.

Inversement, l’UE doit faire la patiente, faire mine d’être gentille et de ne pas être un obstacle à la

survie économique des Italiens pour rejeter la faute sur Salvini en l’accusant d’irresponsabilité économique. En réalité, l’UE est prête à resserrer le nœud coulant sur l’économie italienne au fur et à mesure que cela est nécessaire, pour que le gouvernement italien échoue et soit remplacé par des européistes bon teint.

C’est la stratégie du boa : l’étranglement progressif. Le buffle italien y échappera-t-il ? Tout dépendra de son courage, de sa détermination, de son organisation et de sa rapidité d’exécution : en un mot de son talent au combat.

Les armes du buffle italien :

– une nouvelle monnaie, les miniBots, permettant de baisser les impôts, de mettre en place d’autres mesures fortes pour relancer l’économie italienne.

– transférer le financement de l’économie italienne de l’euro aux miniBots pour que le financement soit abondant.

– le bon sens : relancer la croissance pour améliorer le sort du peuple italien contre une UE qui réclame de baisser les dépenses budgétaires quand l’économie est en récession.

– le risque d’auto destruction de l’UE : si l’UE va trop loin, la faillite des banques italiennes pourraient enfoncer toute l’UE dans une crise bancaire, financière, économique et politique.

– les Etats-Unis seront discrètement dans le camp du gouvernement italien.

 

Les armes du boa européen :

– le temps : le temps joue à priori pour lui car l’économie italienne, provisoirement portée par l’économie mondiale, est en train de s’enfoncer avec l’érosion de la croissance mondiale.

–  étrangler l’économie italienne en distillant la peur sur les marchés financiers pour faire monter le coût de financement de la dette italienne et des dettes en général.

– si c’est insuffisant, se débrouiller comme en Grèce en 2014 pour couper le financement des banques italiennes en euros (contrôlés par la BCE) pour asphyxier l’économie italienne.

– utiliser les élites européistes italiennes dont le président Mattarela pour qu’il bloque juridiquement Salvini et l’empêche d’agir.

– ultimement faire peur aux Italiens pour qu’ils virent Salvini et la coalition au pouvoir.

 

Dans ce combat, le buffle italien doit agir vite alors que le boa européiste a intérêt à prendre

son temps pour étouffer lentement mais surement son adversaire, sans que les imaginations ne soient frappées.

C’est pour cela que le buffle doit mettre en place rapidement la baisse promise des impôts et la monnaie parallèle pour relancer l’économie. Si le boa européiste réplique en asphyxiant l’économie, le buffle devra répliquer rapidement. Il doit donc préparer dès maintenant l’étape d’après pour se libérer de l’étranglement avant qu’il ne soit asphyxié et terrassé.

Le système de financement avec la monnaie parallèle doit être intégralement prêt et efficace: cela signifie qu’il faut préparer un circuit de paiement et de financement alternatif à l’euro avec des comptes bancaires, des prêts en miniBot et une banque d’Italie, une banque centrale des miniBots.

Les banques doivent pouvoir ouvrir un deuxième compte bancaire en monnaie parallèle à tous les acteurs de l’économie rapidement. (On ne peut pas imaginer créer assez rapidement des institutions ad hoc pour l’action. On ne peut non plus imaginer que l’économie italienne ne fonctionne que sur une monnaie parallèle en billets et pièces.) Grâce au 2ème compte bancaire, des crédits, des paiements pourront être réalisés en monnaie parallèle rapidement, permettant à l’économie de continuer à fonctionner. Les banques pourront elles-mêmes se refinancer en empruntant auprès de « la banque centrale de la monnaie parallèle », le trésor public ou une émanation du Trésor. Cette deuxième Banque Centrale doit être prête à refinancer les banques italiennes.

Ainsi, en cas d’asphyxie financière progressive sur l’euro par l’Union Européenne, l’économie italienne se financera et fonctionnera  de plus en plus avec la monnaie parallèle. La monnaie potentiellement la plus forte, l’euro, sera naturellement utilisée comme réserves de valeur, épargnée par les ménages.

Conclusion de la bataille

Il ne restera plus qu’à constater auprès de l’opinion publique l’acte de guerre de l’UE contre l’économie italienne et d’acter que l’Italie a recréé une monnaie et est sortie de l’euro avec probablement les applaudissements du peuple italien. La monnaie parallèle prendra le nom de lire. Les euros conservés par les Italiens seront transformés en lire au taux de une lire pour un euro. La lire flottera contre l’euro. On remarque qu’il ne faut pas établir de cours de change monnaie parallèle/euro avant cette date, sinon la situation finale devient compliquée, chacun demandant à bénéficier d’un cours de change favorable pour le change de ses euros au moment de la sortie. Chaque bien doit pouvoir se vendre au même prix en euro ou en monnaie parallèle. Ceux qui le voudront établiront un marché noir ou s’échangeront des euros contre la monnaie parallèle mais le gouvernement ne doit pas l’officialiser en créant un tel marché.

Il y aura évidemment beaucoup de péripéties et d’embûches politiques, de tactique et de manœuvres à engager. Mais une stratégie réussie ne peut à mon avis pas échapper à ce schéma général et doit être conduite rapidement. Cette stratégie est bien adaptée à l’Italie, le pays de la « Combinazione », il n’est probablement pas adapté à la France. Elle nécessite cependant une volonté et une extrême organisation du pouvoir italien pour y arriver. Espérons que Salvini a réellement ce projet en tête sinon il sera soit expulsé du gouvernement comme l’a été Berlusconi par l’Union Européenne en 2011, soit deviendra un nouveau Tsipras, chargé de faire avaler une potion amère aux Italiens.

Etre un héros, périr ou devenir un traître, il n’y a pas d’autres alternatives en ces temps de guerre économique contre le peuple italien.

[1] « Tant qu’on n’a pas récupéré la souveraineté, on ne peut pas redresser un pays »

http://leblogdephilippemurer.com/index.php/2018/09/28/budget-italien-tant-quon-na-pas-recupere-la-souverainete-on-ne-peut-pas-redresser-un-pays/

[2]  Jacques Sapir : “L’objectif du gouvernement italien est de créer une monnaie parallèle à l’euro”  https://www.marianne.net/economie/jacques-sapir-l-objectif-du-gouvernement-italien-est-de-creer-une-monnaie-parallele-l-euro

 

Récession en Italie, quel avenir pour le pays ?

L’Italie entre-t-elle dans une récession profonde avec son effet boule de neige : dette publique explosive / faillite bancaire italienne / faillite bancaire européenne / crise terminale de l’euro ?

L’Italie est en croissance quasi nulle depuis le 31 décembre 2001, moment où elle a adopté l’euro.

La « croissance » depuis 2008 se décompose en 3 phases :

. Rebond en 2010 et début 2011, après la violente récession de 2008-2009, grâce à un restockage, la hausse des dépenses publiques et de la consommation des ménages.

. Avec la crise aigüe de l’euro entre 2011 et 2013, plongée dans une nouvelle récession (baisse des dépenses publiques, hausse des impôts, forte hausse des  taux entraînant un  effondrement de l’investissement et de la consommation.

. Retour d’une croissance légère entre 2014 et 2018 avec comme facteur positif le restockage, des taux en baisse,  puis une reprise de la consommation et des investissements (qui contribuent chacun à la moitié de la croissance du PIB à partir de 2016)

 

Graphique du PIB et des contributions au PIB des différents facteurs.

 

Que se passe-t-il aujourd’hui?

Les choses sont en train de changer : forte hausse des taux, fin d’une croissance mondiale synchronisée, un taux d’épargne désormais très bas, des risques comme le Brexit sans accord, les tensions commerciales Chine – USA. L’Italie va-t-elle retomber dans une profonde récession ?

Après 2 ans et demi de croissance faible (moyenne de 1.3%), l’Italie a subi une récession lors des 6 derniers mois de 2018. Il est difficile de croire que la reprise de l’investissement qui a représenté la moitié de la croissance puisse durer.

Les autres pays européens ont tous une courbe de croissance équivalente, mais l’Italie est le pays le plus fragile. La politique « austéritaire » européenne fait que l’économie européenne ne peut être tirée que par l’extérieur ou des facteurs conjoncturels.

L’effet sur l’économie de la hausse de 1 – 1.5% des taux est assez lourd. C’est un facteur spécifique à l’économie Italienne. Sans Quantitative Easing supplémentaire de la BCE, les taux italiens vont rester élevés à cause d’un ratio dette/PIB de 133% (le ratio n’a au mieux que stagner les 3 dernières années). Les taux  seront aussi élevés pour les entreprises italiennes avec les difficultés des banques, presque insolvables dans les faits.

Le rendement des obligations italiennes est à 2.93% aujourd’hui contre 1% il y a 2 ans.

Enfin, les banques italiennes sont aujourd’hui des banques « zombie » puisque leurs fonds propres sont négatifs (Beaucoup de prêts sont des créances douteuses, non remboursées, du fait de la longue nuit de l’économie italienne entraînant ménages et entreprises vers la faillite). Toutes les banques à droite de l’abscisse 1 avaient des fonds propres négatifs il y a un an. Elles sont techniquement en faillite mais laissée en vie artificiellement d’où le terme banques zombie. Les autres ont des fonds propres quasi nuls.

Les banques (zombie) ont des spreads de crédit entre 1,5% et 2,5% (elles empruntent 1,5 à 2,5% au-dessus de l’Etat italien) ce qui les empêche de distribuer facilement du crédit à leurs clients. Il y a un risque que la crise des banques entraîne la crise de la dette publique et vice-versa. En cas de nouvelle récession, les banques risquent la faillite, ce qui entraînerait une boucle de rétroaction négative avec l’économie.

Ici, l’évolution du spread de crédit 1.6% de la plus grande et solide banque italienne Unicredit.

Les indicateurs avancés disent que l’industrie italienne est en ce moment en récession, les services étant en croissance 0.

La production industrielle ne monte plus depuis plus d’un an (et a fort peu rebondi).

Le problème de l’économie italienne reste l’arrêt de la hausse de la productivité depuis l’introduction de l’euro (du fait de la panne d’investissement et d’un effet blocage que l’euro a provoqué dans l’économie). Ce problème ne sera pas résolu sans sortie de l’euro.

Le commerce extérieur était un léger frein à l’économie italienne en 2018.

Conclusion : comme en plus, la croissance mondiale ralentit durablement, ni les services ni l’industrie ne vont sauver le pays grâce à la demande extérieure.

 

Le consommateur va-t-il sauver l’économie italienne ?

Les ventes de détail hors automobiles sont stagnantes en Italie.

Les ventes de voitures baissent de 3% sur l’année 2018 en Italie.

La dépense de consommation des ménages, réalisée dans les services, ne va-t-elle pas s’arrêter? La contribution de la consommation des  ménages à la croissance est quasi 0.

Le taux d’épargne des ménages est aujourd’hui très faible, de l’ordre de 7.5% du PIB.

Pour l’instant, la confiance des consommateurs restent près des plus hauts.

Mais le taux de chômage va remonter avec la récession et entamera la confiance, même si Salvini redonne de la confiance à la population italienne. Le nombre de personne en emplois reculera et avec ce recul, la confiance et la masse salariale qui déterminent la croissance de la consommation.

L’Italie a créé 1 million d’emplois en 4 ans, dont 1/3 à temps partiel mais le mouvement devrait s’arrêter.

L’immobilier tient mais avec des rendements proches de 3.5 % dans les grandes villes, il baissera si les taux à 10 ans augmentent un tant soit peu. Cela aurait un impact sur le sentiment du consommateur et la construction.

Ci-dessous le prix de l’immobilier.                   Ci-dessous le PIB issu de la construction.

Enfin, la relance du gouvernement Salvini – Di Maio est faible : 10 Milliards soit 0.6% du PIB. Si l’on estime le coefficient multiplicateur budgétaire à 1.4 en Italie, la hausse des dépenses publiques devrait générer au mieux 1.4*0.6 soit 0,8% de PIB en plus pour 2019.

Dernier facteur de risque : la dette italienne. S’il y a récession, le budget sera en net déséquilibre et la dette peut augmenter très rapidement entraînant une crise financière qui plongerait l’Italie dans une forte récession économique.

 

Conclusion :

 

. L’Italie a été en récession sur les 6 derniers mois et le sera encore ce trimestre. Quelques mois de plus et des effets vicieux (hausse du chômage, baisse des ventes de détail, baisse de l’investissement) vont apparaître entraînant eux-mêmes une baisse de la croissance.

. Les taux élevés, les difficultés des banques italiennes, une croissance mondiale affaiblie sont des facteurs négatifs pour à la croissance en Italie.

. Pire, les facteurs de risque qui pourraient faire basculer l’Italie en récession forte puis dans un cercle vicieux Crise économique à Crise financière et de la dette à Crise économique sont nombreux : Brexit sans accord, tensions commerciales américaines, marchés financiers en surtension.

. L’UE n’a pas d’intérêt à soutenir un gouvernement populiste qu’elle honnit par une politique monétaire adaptée comme des rachats de dette publique.

. Un facteur positif qui a fait reprendre 15% aux marchés financiers après leur chute de 20% de Novembre – Décembre : la FED a soutenu sans ambigüité le marché américain avec quelques phrases sur la fin de la hausse des taux et un possible Quantitative Easing léger (juste le réinvestissement des sommes remboursées par l’Etat au titre des anciens emprunts). Le soutien au marché financier de la FED est dans les faits presqu’inconditionnel.

X Si l’Italie bascule en récession marquée, la dette publique deviendra incontrôlable, la crise bancaire italienne et européenne aussi. En effet, les banques européennes détiennent des montants considérables de dette publique italienne qui les ferait basculer vers la faillite. Ce pourrait être la fin de la zone euro …

X La faillite pour l’Italie proviendrait alors de son appartenance à l’euro, le contraire de ce que serine à tout vent la caste.

 

X A moins que l’Italie ne sorte de l’euro : de nombreux économistes partisans de la sortie de l’euro sont dans l’Etat-major de la Ligue : on pense à Bagnaï, Borghi ou Savona.

Auront-ils les coudées franches pour le faire ? Rien n’est moins sûr au vu de la Constitution italienne dont votre serviteur n’est pas un expert ( !).

X A moins que l’Union Européenne déroge à ses principes et soutiennent encore et encore les marchés financiers et de dette publique afin de protéger l’euro et l’Italie.

 

Transition énergétique : Ce que font les gouvernements français, ce qu’ils devraient faire.

Pourquoi les gilets jaunes ont raison de s’y opposer.

Ce que font les gouvernements français depuis 10 ans :

. Une transition énergétique lente, à petite dose qui ne satisfait personne.

. Une transition sans aucune production française (ou presque) car sans aucune protection douanière.

. Une transition sans aucune planification par l’Etat avec des entreprises privées livrées à elles-mêmes donc sans coordination, sans prévisibilité sur les commandes, sans investissements conséquents, sans effet d’échelle ou R&D suffisante et ciblée.

. Sans financement public par la Banque de France donc avec des financements privés et chers.

. Une hausse des taxes pour « envoyer un signal prix au marché » qui découragera les plus pauvres de prendre leur voiture voire de posséder une voiture et de se déplacer.

. Développer par suivisme la voiture électrique nettement moins écologique et adaptée que la voiture à pile à combustible hydrogène.

. Une fermeture des centrales nucléaires à venir alors que les voitures électriques et hydrogène nécessitent nettement plus de production d’électricité. Il faut conserver les centrales nucléaires et produire massivement des énergies renouvelables avec des équipements fabriquées en France.

 

Rien d’anormal dans ces conditions que cette transition énergétique privatisée, sans plan, sans financement, sans moyen, chère pour l’Etat et le peuple, ne produise pas de richesses en France, fasse souffrir les classes populaires et moyennes.

 

Ce que le gouvernement devrait faire :

 

. Une transition énergétique avec une réelle planification, un plan adopté en concertation avec les entreprises privées pour une direction claire, pour que les entreprises puissent investir massivement, pour des effets d’échelle et des prix bas.

. Des moyens avec la création de monnaie chaque année (30 Milliards d’euros) pour les commandes aux entreprises privées en énergies renouvelables, infrastructures pour l’hydrogène.

. Un financement à 0% à 15/20 ans de l’isolation des bâtiments (appartement, maison, local commercial ou industriel, bâtiment public) pour que les économies d’énergie paient le remboursement de l’emprunt et que l’isolation soit indolore financièrement. Un emprunt pour l’isolation ne doit pas coûter le même prix qu’un emprunt pour la spéculation boursière.

. Une fabrication majoritairement en France des équipements de la transition par une commande publique réservée et le protectionnisme intelligent.

. Le développement prioritaire de la voiture à pile à combustible (hydrogène) véritablement écologique. Elle est adaptée aux campagnes par son autonomie et aux énergies renouvelables intermittentes grâce au stockage de l’énergie.

En revanche, l’obligation dans 5 ans aux citadins des grandes villes lorsqu’ils achètent une voiture neuve d’acheter une voiture propre à électricité ou hydrogène pour faire rapidement baisser les prix de ces véhicules.

Elargissement au reste de la France de la voiture propre neuve par la suite. La fin des voitures à essence/diesel se fera par extinction naturelle du parc.

. Pour accompagner le besoin en électricité et en hydrogène fabriquée avec cette électricité, développement massif des énergies renouvelables et maintien du nucléaire.

. Aucune hausse de taxe pour la transition énergétique car il n’y en aucun besoin. L’hydrogène produit grâce aux électricités renouvelables et nucléaire sera détaxé pour être concurrentiel avec l’essence.

 

Un tel type de stratégie permettra d’avancer beaucoup plus vite, sera beaucoup plus juste et permettra une création importante de richesses et d’emplois dans notre pays. A ces conditions, la transition énergétique emportera l’adhésion de la population.

 

Brexit et Italie : l’Union Européenne prend le risque qu’une catastrophe s’abatte sur les peuples.

Theresa May a dévoilé l’accord trouvé avec l’Union Européenne à l’issu des « négociations ». Il faut signaler ici que Theresa May est une très mauvaise négociatrice : dès que la situation s’est tendue, elle a tout lâché. C’est d’ailleurs une drôle de négociatrice qui a été choisie par le parti conservateur puisqu’elle était partisane de rester dans l’Union Européenne lors du référendum de 2016 ! Passons.

L’Union Européenne n’a rien lâché et humilie nos amis anglais : l’accord est très mauvais. C’est un Brexit qui n’en est pas un et qui mécontente tout le monde. Le Royaume-Uni resterait piégé dans l’Union Européenne en n’ayant plus aucun droit.

Pendant cette transition qui durera jusqu’en Décembre 2020 et qui peut être prolongée, la situation du Royaume-Uni restera inchangée en ce qui concerne l’accès au marché unique, l’union douanière, et les politiques européennes «avec leurs droits et leurs obligations». Le terme Union douanière signifie que tous les accords de libre-échange signée par l’UE avec les pays tiers s’appliquent à l’identique au Royaume-Uni. En revanche, le Royaume-Uni ne prendra plus part aux décisions de l’UE tout en étant contraint de les appliquer et ne pourra pas s’opposer à une norme européenne (sur l’automobile par exemple) qui entrerait en vigueur pendant la transition.

Pire, du fait de l’imbroglio causé par l’intransigeance de l’Union Européenne sur la frontière irlandaise et les procédures douanières choisies, le Royaume-Uni est assuré de rester coincer dans l’Union douanière ad vitam aeternam si le machin européen le décide. Or, l’union douanière met la Grande Bretagne sous l’emprise des normes juridiques contraignantes européennes. Le pays n’aura donc pas véritablement retrouvé sa liberté.

Maigre consolation pour les Britanniques, les agriculteurs britanniques ne percevront plus d’aides de l’UE (3 milliards d’euros en 2014, selon le dernier bilan officiel des montants réglés) mais le gouvernement britannique la soutiendra par ses propres aides. La City britannique bénéficiera des règles d’équivalence et aura accès aux principaux marchés financiers européens. Londres gèrera à priori seule sa politique d’immigration en n’étant plus contrainte par des textes européens qui empêchent tout contrôle de l’immigration (regroupement familial obligatoire, difficulté de contrôler ses frontières, texte empêchant l’expulsion des clandestins etc.).

L’Union Européenne aurait pu négocier un accord de libre-échange sur les biens avec des normes identiques pour le Royaume-Uni, le plan Chequers proposé par Theresa May, et laisser le Royaume-Uni collecter les taxes douanières pour les rares cas ou des marchandises arrivent de pays tiers au Royaume-Uni avant de passer en République d’Irlande. Mais, elle ne l’a pas voulu : elle a préféré humilier nos amis britanniques et a refusé qu’ils reprennent totalement leur liberté.

Cela ne présage rien de bon pour l’avenir même si personne ne sait ce qui se passera demain : Theresa May sera-t-elle démise de ses fonctions de premier ministre quelques mois avant le départ du Royaume-Uni ? L’accord sera-t-il refusé par le Parlement dans les prochains mois ? Auquel cas, on risquerait d’avoir une sortie sans accord, la pire pour les Européens et les Britanniques : les 500 Milliards de livres d’échanges commerciaux entre l’Europe et le Royaume-Uni se feraient sans texte, juste avec les règles de l’OMC. On ne dénoue par des liens qu’on a voulus si étroits sans remettre en place des coopérations et avec brutalité.

Un Brexit sans accord ne serait pas une horrible catastrophe mais mettrait quand même en risque les 25 milliards d’exportations industrielles françaises, les 5 milliards d’exportations agricoles, la compétitivité mondiale des entreprises établies des deux côtés de la Manche comme Airbus. Et si nous humilions les Anglais comme nous sanctionnons les Russes, nous risquons de perdre ces marchés pour longtemps avec chômeurs anglais mais aussi français et européens à la clé.

Même nos coopérations sur la sécurité, le terrorisme, la défense pourraient être affectées par cette politique humiliante, hors sol et oublieuse de la réalité de nos liens. Mais, l’Union Européenne n’en a cure : elle est composée de fonctionnaires européens aux salaires élevés et garantis qui sont chargés des négociations !

 

Avec l’Italie, le machin européen joue un jeu sensiblement identique. Le peuple italien a voté pour le mouvement M5S et la Ligue afin de maîtriser un peu plus son immigration et relancer une croissance anémique depuis 20 ans. On rappellera que la croissance en Italie est quasi nulle depuis l’adoption de l’euro : environ 0.2% par an. Cela a détruit l’investissement des entreprises, l’investissement de l’Etat par ricochet à cause des politiques d’austérité, la qualité des infrastructures italiennes (l’affaire du Pont Morandi et de ses 43 morts en est une morbide illustration). Cette croissance 0 a fait fortement augmenté le taux de chômage des italiens et notamment le chômage des jeunes. Avec 35% de jeunes ne trouvant pas d’emplois et un certain nombre trouvant des emplois très mal payés, ceux-ci restent de plus en plus chez leurs parents jusqu’à 30 voire 35 ans. Impossible de fonder une famille et de vivre libre dans ces conditions. Enfin, la grande pauvreté augmente aussi en Italie (10% des Italiens la subissent aujourd’hui).

Fort de cette situation économique désastreuse et de la demande du peuple italien, le gouvernement a établi un projet de relance économique de 20 Milliards d’euros environ comprenant un meilleur entretien des infrastructures, une baisse des impôts, un système de retraites laissant partir des personnes âgées à la retraite un peu plus tôt et un revenu minimum pour les personnes sans emploi mais cherchant activement un emploi. Le risque n’est pas très grand mais ce plan donnera un répit aux entreprises italiennes et créera des emplois. Le déficit budgétaire est prévu à 2.4% pour 2019 (cependant, moins que la France et ses 2.8%).

Mais, comme chacun a pu l’observer, l’Union Européenne ne veut pas que le peuple italien choisisse librement son budget quels que soient les besoins et déroge aux règles européennes. Aussi, le conflit est-il de plus en plus grand. L’Europe gérant la relation avec les banques italiennes via la BCE et l’alimentation des marchés financiers, les taux se tendent fortement en Italie dans la crainte d’une opération « à la grecque ». L’Etat italien emprunte à 10 ans à 3.5% quand il emprunt à 1.8% il y a mois. La plus grande banque italienne est considérée comme un emprunteur risqué avec un coût d’assurance sur les emprunts 2% au-dessus des taux de l’Etat italien. La croissance italienne est cassée. L’économie est à l’équilibre au troisième trimestre et la récession guette.

La crise italienne risque fort de se transformer en crise bancaire italienne puis européenne qui se transformera en crise financière et économique généralisée. Les citoyens paieront encore pour la rigidité mortifère de l’Union Européenne par des millions de chômeurs et une forte casse économique et sociale. Si cette crise italienne se conjugue avec une crise britannique, c’est bien tout le machin européen qui risque de nous tomber sur la tête avec des coûts démultipliés pour tous. Le risque est bien aujourd’hui de rester dans le bateau ivre européen et non d’en sortir, et vite ! La conjonction de la sortie de trois grands pays Grande-Bretagne, Italie et France rendrait cette sortie encore plus simple avec un rapport de forces complètement inversé.

Budget italien : tant qu’on n’a pas récupéré la souveraineté, on ne peut pas redresser un pays.

La proposition de budget vient d’être présentée par le gouvernement italien. Le brouillard est donc levé.

Rappelons que la croissance italienne est aujourd’hui très faible : de l’ordre de 1.2%. La prévision de la Banque d’Italie pour 2019 est de 1%. Les perspectives ne sont pas réjouissantes tant dans l’industrie, en croissance 0, que dans les services, en croissance faible.

Les taux sont passés de 1.7% à 3.25% et vont peser sur la croissance à venir. Il est difficile d’imaginer une amélioration de la situation : la fin des achats d’obligation par la Banque Centrale Européenne en Décembre 2018 risque de multiplier les risques de tensions sur les taux.

Si l’on estime le coefficient multiplicateur budgétaire à 1.4 en Italie, la hausse des dépenses publiques devrait générer au mieux 1.4*0.8 soit 1.1% de PIB en plus pour 2019.

Vu la hausse des taux qui pèsera sur la croissance et la relance budgétaire, la croissance italienne devrait être assez faible l’année prochaine : de l’ordre de 1-1.5%. Rien ne dit que les taux italiens ne vont pas s’emballer et peser plus encore sur la conjoncture. Dans ces conditions, il est probable que la Commission Européenne s’en tienne à des remontrances, laissant les souverainistes responsables de leur politique et de ses résultats.

Le gouvernement de la Liga et du M5S n’auront probablement pas de succès économique et donc de crédibilité à mettre à leur compte dans un an, à moins qu’ils n’aient de la chance, par exemple avec une excellente conjoncture mondiale. L’absence de décision que révèle ce budget est très inquiétante pour la réussite de ce gouvernement souverainiste en Europe. Il nous rappelle une chose simple : tant qu’on n’a pas récupéré la souveraineté, on ne peut pas redresser un pays. Une bonne nouvelle dans tout cela : le gouvernement a nommé le président de la Raï, un souverainiste selon les médias italiens. C’est un gage que l’information sera au minimum neutre pour le futur gouvernement. Mais la communication n’est pas tout.

 

L’avenir de l’Italie et de l’Union Européenne se joue en ce mois de Septembre

Les mouvements souverainistes italiens de Salvini (Ligue) et de Di Maio (M5S) ont été portés au pouvoir avec une double exigence des électeurs : arrêter les flux d’immigration vers l’Italie et relancer enfin la croissance et l’emploi dans la péninsule : l’Italie est en effet malade de l’euro et n’a quasiment eu aucune croissance depuis 17 ans, depuis l’adoption de la monnaie unique. Chacun imaginera aisément les dégâts sur l’emploi et notamment l’emploi des jeunes, la pauvreté, la santé des entreprises italiennes.

Voici l’évolution du PIB c’est-à-dire la richesse italienne depuis 2001.

 

Premier temps : la bataille de l’immigration :

Salvini a engagé la bataille de l’immigration à travers un bras de fer médiatique avec les autres pays, avec l’Union Européenne et avec la bien-pensance. Il l’a gagné haut la main. Il a arrêté une partie des bateaux de migrants et en a laissé passer quelques autres. Il a dénoncé l’hypocrisie des bien-pensants, la logique des passeurs et des associations qui finalement les servent. Le peuple italien a été séduit par un homme politique qui tient enfin ses promesses et qui revendique « L’Italie d’abord ». Cela est pour l’instant mérité. Les sondages donnent maintenant la Ligue à 32% en cas de nouvelles élections.

Deuxième temps : la bataille de l’économie, du chômage et de la pauvreté.

Le débat et le vote du budget vont bientôt commencer. L’Italie est économiquement très affaiblie, les souffrances sociales du peuple italien sont à la fois endémiques et considérables avec des taux de chômage des jeunes au-dessus de 30% depuis des années. A tel point que les jeunes italiens n’ont souvent pas d’autres choix que l’exil. Pour ceux qui ont un emploi, les salaires sont en baisse de 5% depuis 2004. Là repose la deuxième partie des promesses des partis du gouvernement, Ligue et M5S, c’est leur deuxième défi. Ne voulant pour l’instant pas sortir de l’Union Européenne et faire du patriotisme économique, du protectionnisme intelligent et toutes les mesures rendues possibles par le retour de la souveraineté, il ne reste plus qu’un levier important pour relancer la croissance : le budget qui va être débattu et voté dans les semaines à venir. La question est fondamentale : le gouvernement va-t-il relancer la croissance avec un budget offensif à base de travaux sur des infrastructures vétustes, de baisses d’impôts promises par Salvini et de revenu universel par Di Maïo ? Ou bien va-t-il céder à l’Union Européenne, abandonner les promesses faites aux électeurs en appliquant l’austérité européenne ?

L’abandon des promesses sur l’économie ?

S’ils abandonnent leurs promesses, l’économie italienne déjà presque à l’arrêt (0.5% de croissance en 6 mois) va s’enfoncer d’avantage encore. En effet, les taux italiens à 10 ans ont augmenté, passant de 1.8% à près de 3%. Cela est un frein important qui sera encore plus puissant quand la BCE arrêtera d’acheter des dettes publiques dans 4 mois. Si l’on rajoute à cela, un programme d’austérité, l’Italie pourrait s’enfoncer dans la récession, provoquant plus de difficultés économiques, de chômage et de pauvreté. Le gouvernement serait déclaré comptable de la situation et logiquement mal jugé par les Italiens dans un an. C’est la voie de la « Tsiprassisation » du nom du président grec qui a laissé ruiner son pays contre le vote de ses citoyens avec l’aide de la Troïka européenne.

L’abandon des promesses sur l’immigration ?

L’autre moitié des promesses, sur l’immigration, ne pourra pas non plus être tenue sur le moyen terme. Le renvoi de 500.000 immigrants illégaux est rendu impossible par les lois italiennes qui transposent les directives européennes sur le sujet. En effet, la Directive retour impose qu’un clandestin ne peut être renvoyé dans son pays que s’il est volontaire ! S’il refuse et disparaît dans la nature, on peut alors essayer de le rattraper, avec une chance infime, pour le faire partir. Encore faut-il que les pays d’origine l’acceptent. Or, la majorité de ces pays y font obstacle et le refusent. Seul, l’utilisation de toutes les armes économiques et diplomatiques d’un pays entièrement souverain imposera aux pays d’origine de récupérer leurs clandestins, une mesure pourtant naturelle et légitime (menaces de coupe dans l’aide au développement, de restriction des flux d’argent entre les 2 pays, de restriction sur les échanges commerciaux…).

L’immigration illégale continue à arriver en Italie en provenance des Balkans via les frontières poreuses de l’Union Européenne. L’immigration légale arrive encore, aidée par les contraintes européennes comme l’obligation d’accepter le regroupement familial.

S’il n’est pas en pleine possession de ses lois, de ses frontières et de ses armes économiques, ce gouvernement souverainiste sera dans le temps immanquablement en échec sur l’immigration. Si ce gouvernement est encore là dans un an, il sera alors logiquement tenu comptable de la situation sur l’immigration par son peuple. Le bras de fer médiatique ne suffira plus aux Italiens.

Continuer ainsi, rester dans l’Union Européenne et donc dans l’impuissance en termes d’action tuera la foi dans les souverainistes italiens. C’est un piège mortel pour eux comme pour tous.

Quel choix reste-t-il au gouvernement italien ?

Le seul choix qui reste au gouvernement italien est donc de faire un véritable bras de fer avec l’Union Européenne sur le budget : engager un véritable programme de relance de l’économie pour soigner le chômage, la pauvreté et la mauvaise santé économique générale. Le refus de Bruxelles, sous prétexte habituel d’austérité, démontrera à tout le peuple italien qu’il n’y a aucun remède à la souffrance économique et sociale dans l’Union Européenne. Le gouvernement italien pourra aussi démontrer à sa population qu’il n’y a aucun remède aux flux d’immigration en étant dans l’Union Européenne. Ceci est assez simple pour des partis au pouvoir. Ces actions donneront aux Italiens foi et confiance dans ce gouvernement et les partis politiques sous-jacents, ce qui sera un excellent point pour eux lors de nouvelles élections.

Si Salvini a annoncé hier qu’il comptait globalement respecter les contraintes de Bruxelles sur le budget, il faut attendre pour juger : parlait-il de déficit primaire ou global, de déficit avant investissements publics, sur quelle hypothèse de croissance comptait-il, 1% ou 4% ? Nous sommes dans une période tactique pour le gouvernement italien et personne n’est sûr de ce qui sortira finalement du chapeau. Cependant, ce gouvernement n’aura pas le choix, il agira en héros ou en traître du peuple italien. Je penche pour la première proposition.

De nouvelles élections pour récupérer les moyens d’agir de l’Italie, de guérir les plaies ouvertes.

Une démission de la Ligue de Salvini, la partie la plus ferme du gouvernement, suite au refus de toutes solutions par Bruxelles, suffirait à provoquer de nouvelles élections. Le seul gouvernement alternatif possible serait en effet un gouvernement M5S, Parti Démocrate accompagnés des petits partis et incluant même Forza Italia, le parti de Berlusconi, pour parer aux nombreuses défections de députés M5S. Cela paraît arithmétiquement possible mais est dans les faits politiquement impossible car le M5S ne l’acceptera jamais, la lutte anti-corruption étant un des piliers de ce parti (Voir la composition de la chambre des députés et du Sénat en fin d’article).

Ces élections se feront alors sans trompe-l’œil, sur le thème de la nécessité pour l’Italie de sortir de l’Union Européenne pour réduire ses problèmes d’immigration et ses problèmes économiques et sociaux. Vu les sondages actuels de 32% pour la Ligue et de 28% pour le M5S, il y a peu de doutes quant à la victoire des souverainistes de droite et de gauche. Même si l’Union Européenne utilise l’arme des marchés financiers pour peser le plus possible sur l’élection (Le Commissaire Européen Oettinger expliquait le 29 Mai 2018 « Les Marchés vont apprendre les Italiens à voter ».). L’enfumage financier ne prendra pas, la Ligue ayant prévenu les électeurs sur les « partis du Spread ». Les élections ont de grandes chances d’être gagnées.

La formation d’un gouvernement d’Italexit sera alors une formalité. L’Italie serait le premier membre fondateur de l’Union Européenne à en sortir, quelques temps après le Royaume-Uni. La désintégration de l’Union Européenne est en marche : il ne faut plus qu’un peu de courage des dirigeants souverainistes pour l’acter. Relever nos pays à genoux est à ce prix, un prix faible pour la liberté, l’unité et la prospérité.

 

630 membres de la Chambre des députés et les 315 membres du Sénat.

Chambre des Députés 630 Députés Sénat 315 Sénateurs
Majorité nécessaire 315 Députés Majorité nécessaire 158 Sénateurs
M5S 228 M5S 112
Ligue 125 Ligue 58
Frères d’Italie (proches de la Ligue) 32 Frères d’Italie (proches de la Ligue) 18
Parti Démocrate et assimilés 121 Parti Démocrate et assimilés 60
Forza Italia (Berlusconi) 104 Forza Italia (Berlusconi) 57
Libre et égaux (gauche progressiste) 14 Libre et égaux (gauche progressiste) 4
Nous avec l’Italie (démocrate-chrétien) 4 Nous avec l’Italie (démocrate-chrétien) 4
Autres 2 Autres 2

 

Accord entre Trump et Juncker pour un nouveau traité transatlantique ? Un danger pour la France, notre économie et notre environnement.

Trump et Juncker se sont rencontrés hier pour négocier sur la question du commerce entre l’Union Européenne et les Etats-Unis. L’objectif de l’Union Européenne est d’éviter à l’industrie automobile allemande de subir des droits de douanes de 25% sur les importations de voitures aux Etats-Unis. Trump avait brandi cette mesure protectionniste pour forcer les constructeurs allemands à produire sur le sol américain. Le président américain veut en effet réduire le déficit commercial américain avec l’Europe, d’environ 120 Milliards d’euros, dont la moitié est due aux échanges avec l’Allemagne. Il veut réindustrialiser son pays pour faire croître la proportion des salariés bien payés. Rappelons que le commerce entre la France et les Etats-Unis est grosso modo équilibré.
Le président américain est un redoutable négociateur. S’il dit vouloir négocier avec l’Union Européenne, c’est qu’il compte tirer de sa position de force beaucoup d’avantages commerciaux afin de réindustrialiser l’Amérique au détriment de l’Europe. L’Union Européenne va ainsi défendre les exportations allemandes de voitures en lâchant sur de nombreux secteurs qui toucheront la France. L’Allemagne se cache habilement derrière l’Union Européenne pour défendre ses intérêts commerciaux en sacrifiant une fois de plus la France que les présidents successifs sont incapables de défendre depuis fort longtemps. Ceci sera très négatif pour notre pays.
L’objectif de Trump est de réindustrialiser l’Amérique et de recréer des emplois bien payés. L’objectif est légitime mais le but tout aussi légitime du gouvernement français doit être de défendre les intérêts de notre pays. Cet objectif est aujourd’hui inaccessible puisque ce n’est pas le président français qui négocie mais le patron de la Commission Européenne.
Donald Trump a déjà obtenu de l’Union Européenne qu’elle s’engage à acheter de grandes quantités de soja OGM traité à 94% au glyphosate et du gaz de schiste liquéfié, montrant le peu d’attachement de Bruxelles pour la résolution de nos problèmes d’environnement. Avec l’Union Européenne, le commerce doit passer avant tout, avant l’emploi, avant l’environnement, donc avant les hommes et la vie.
Pire, l’Union Européenne et les Etats-Unis vont travailler sur un nouvel accord de libre-échange ou les droits de douane agricoles seront mis sur la sellette. Notre agriculture pourrait être sacrifiée par une forte baisse des droits de douane avec les USA ouvrant grand la porte à la malbouffe américaine et à son agriculture chimique ultra compétitive mais dangereuse pour la santé. Cet accord pourrait compromettre la possibilité de transformer notre agriculture en agro-écologie puisque nous ne pourrions plus protéger nos agriculteurs et donc leur permettre de passer ce cap difficile.
Enfin, les deux dirigeants ont expliqué vouloir négocier la fin des « barrières tarifaires » : ce qui est appelé « barrières », ce sont les normes françaises et européennes, les choix de société que nous faisons pour protéger les citoyens et la santé de tous. L’alignement des normes européennes sur les normes américaines serait une très mauvaise nouvelle. De plus, une fois cet accord fait, il n’y aurait pas moyen de remonter les normes françaises pour imposer une politique environnementale ou de santé publique, d’y interdire par exemple le glyphosate, puisqu’il faudrait rester aligner sur les normes américaines.
C’est un nouveau traité transatlantique, encore plus à l’avantage des Etats-Unis qui risque de se négocier dans notre dos, contre nos intérêts. Espérons que les négociations échoueront.
Si la France était souveraine, elle devrait laisser les USA imposer des taxes sur les voitures, ce qui ne nous pose aucun problème puisque nous n’en exportons pas, et mettre des droits de douane sur une industrie qu’il est vital de relancer en France. Oui mais pour l’instant, la majorité des Français préfère encore rester dans l’Union Européenne. Notre Nation devra encore attendre et probablement en souffrir.

Le bras de fer entre l’Italie et l’Union Européenne sera un formidable révélateur.

Le drame politique italien s’est donc dénoué jeudi 31 Mai : après que le président Matarella ait refusé de nommer un gouvernement M5S et Lega issu de la majorité des votes des italiens pour cause de ministre de l’économie et des finances anti-euro, Paolo Savona, après avoir essayé de former un gouvernement à partir d’un ancien économiste du FMI Carlo Cotarelli ( !), un gouvernement M5S et Lega a finalement été accepté par le président italien. Le coup était trop gros, le viol démocratique était trop flagrant pour que la solution FMI tienne la route.

Pour sauver la face, Paolo Savona n’est plus ministre de l’économie et des finances mais ministre des affaires européennes ce qui promet de jolis empoignades à Bruxelles. Le premier ministre reste Giuseppe Conte, adjoint de 2 vice-premier ministre de poids : Luigi di Maio président du M5S et Matteo Salvini président de la Lega. Le ministre de l’économie et des finances est un économiste très eurocritique et ayant soutenu le Brexit, Giovanni Tria[1].

La partie de bras de fer ou plutôt de poker menteur peut commencer avec Bruxelles.

Ce gouvernement a 2 priorités : arrêter l’immigration clandestine et renvoyer 500.000 migrants illégaux d’une part, relancer l’économie italienne avec un programme de baisse d’impôt et de relance par la dépense publique d’autre part. Ces 2 priorités voulues par le peuple italien et exprimées par son vote sont « verboten », interdites par Bruxelles.

L’Union Européenne interdit ou gêne considérablement le renvoi de clandestins via certaines Directives et la CEDH : renvoyer un immigrant clandestin est rendu quasi impossible dans les faits à cause des arcanes, volontaires, du droit européen[2]. L’Italie y est soumise comme la France et sauf à violer l’Etat de droit et l’Union Européenne dans le même mouvement, les départs ne sont possibles qu’au compte-goutte, nettement moins rapidement que les arrivées. Le gouvernement italien doit aussi faire pression sur de nombreux pays d’origine qui refusent les retours de leurs émigrants : seules, la menace de sanctions commerciales avec des tarifs douaniers appliqués sur les importations, de sanctions financières avec un non-règlement des aides au développement promises peuvent permettre de débloquer ce refus par ailleurs totalement injustifié. Or, la menace de sanctions commerciales est interdite par l’Union Européenne qui gère les accords commerciaux avec l’extérieur. Le retour des clandestins sera donc dans les faits très difficile et c’est ce que démontrera probablement l’action du gouvernement italien.

Le pays a besoin d’une relance de son économie, le PIB n’ayant presque pas augmenté depuis l’arrivée de l’euro (0.2% par an depuis 16 ans) et le PIB par habitant, donc le revenu par habitant ayant baissé sur cette longue période : en un mot, les Italiens se sont fortement appauvris et l’investissement s’est effondré. La relance de l’économie italienne est un processus bloqué par l’Union européenne. La Commission Européenne examine les budgets des pays et demande des corrections au moyen de nombreux instruments obscurs pour le grand public dont le pacte budgétaire européen TSCG. Si le budget est retoqué et il le sera, le pays sera sanctionné. En tout cas, il n’y a aucune chance que l’UE laisse faire car elle serait alors sous le feu des pays sous contrainte austéritaire européenne désireux de desserrer eux-aussi l’étau budgétaire et des pays du Nord ne voulant surtout pas desserrer cet étau : la phrase du député Allemand Markus Ferber de la CSU « la Troïka doit marcher sur Rome pour prendre le contrôle du Trésor italien » nous informe de la volonté de certains.

Mais surtout, la BCE fera à coup sûr usage de son énorme pouvoir d’alimenter ou non le système financier de l’Italie et donc les banques, l’Etat et l’ensemble de l’économie, pour mettre le pays sous pression. Cela peut se faire brutalement en bloquant presque totalement l’accès aux liquidités aux banques comme en Grèce, cela peut se faire doucement mais surement à travers des techniques d’étouffement diverses et variées. La phrase du Commissaire Européen au budget ,Günther Oettinger de nationalité allemande, « Les marchés financiers apprendront aux Italiens à voter correctement» dit là aussi tout sur la capacité de la BCE à étrangler le système financier italien et à faire ainsi pression sur le peuple italien via la chute des marchés financiers. Eh oui, Euro et diktat des marchés financiers sont bien les 2 faces de la même médaille. Dit autrement, euro et démocratie sont incompatibles.

Face à l’étouffement probable de l’économie italienne que le boa BCE mettra en place, le gouvernement italien aura alors deux choix pour éviter d’échouer à la Tsipras et de trahir son peuple : sortir de l’euro et donc de l’Union Européenne pour pouvoir relancer son économie ou créer une monnaie parallèle à l’aide de mini bons du trésor comme l’ont prévu M5S et la Lega ce qui reviendra donc à sortir de l’euro et rapidement de l’Union Européenne ! Un troisième choix reste possible : le gouvernement ou la partie Lega ou M5S démissionne, imposant presqu’automatiquement de nouvelles élections en expliquant au peuple Italien : vous voulez stopper l’immigration clandestine et relancer l’économie; l’Union Européenne y a fait obstacle par tous les moyens. Nous avons démontré qu’il est impossible d’appliquer votre volonté en étant dans l’Union Européenne. Nous aurions alors la tenue de nouvelles élections qui seraient une sorte de référendum sur ltalexit, avec l’inconvénient d’évoluer dans les mers potentiellement agitées des marchés financiers, excités par les élites eurogagas.

La seule exception à la tenue de nouvelles élections serait que des parlementaires M5S et Lega s’associent aux partis traditionnels pour garder envers et contre tout l’Italie dans l’UE pendant quelques années avec un nouveau contrat de gouvernement, européiste cette fois-ci. On peut clairement espérer qu’aucun parlementaire souverainiste italien ne trahisse le peuple et ne s’engage dans cette voie.

Quoi qu’il arrive, la partie de poker menteur qui se joue en Italie, sera terrible mais passionnante. Elle démontrera à tous ceux qui ne veulent pas le voir que l’Union Européenne n’est pas réformable (ou très très marginalement réformable). Elle dira clairement à tous les électeurs italiens et français que le seul choix est : l’Italexit et le Frexit ou accepter de voir leurs pays s’enfoncer dans une crise de plus en plus violente.

[1] https://www.zerohedge.com/news/2018-05-31/conte-reveals-new-italian-government

[2] https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:32008L0115&from=FR

Par exemple, l’article 7 de la directive (CE) 2008/115 du 18 décembre 2008, appelée « directive retour » prévoit que la mesure de reconduite à la frontière d’un immigrant clandestin doit être d’abord volontaire ! Celui-ci a donc tout le temps de disparaître dans la nature… La seule exception étant une atteinte à la sécurité nationale ou une demande de séjour rejetée car elle était manifestement irrégulière (dans les faits, la CJUE ne le prend en compte que de manière très rare, l’interprétation étant toujours très restrictive).