Brexit et Italie : l’Union Européenne prend le risque qu’une catastrophe s’abatte sur les peuples.

Theresa May a dévoilé l’accord trouvé avec l’Union Européenne à l’issu des « négociations ». Il faut signaler ici que Theresa May est une très mauvaise négociatrice : dès que la situation s’est tendue, elle a tout lâché. C’est d’ailleurs une drôle de négociatrice qui a été choisie par le parti conservateur puisqu’elle était partisane de rester dans l’Union Européenne lors du référendum de 2016 ! Passons.

L’Union Européenne n’a rien lâché et humilie nos amis anglais : l’accord est très mauvais. C’est un Brexit qui n’en est pas un et qui mécontente tout le monde. Le Royaume-Uni resterait piégé dans l’Union Européenne en n’ayant plus aucun droit.

Pendant cette transition qui durera jusqu’en Décembre 2020 et qui peut être prolongée, la situation du Royaume-Uni restera inchangée en ce qui concerne l’accès au marché unique, l’union douanière, et les politiques européennes «avec leurs droits et leurs obligations». Le terme Union douanière signifie que tous les accords de libre-échange signée par l’UE avec les pays tiers s’appliquent à l’identique au Royaume-Uni. En revanche, le Royaume-Uni ne prendra plus part aux décisions de l’UE tout en étant contraint de les appliquer et ne pourra pas s’opposer à une norme européenne (sur l’automobile par exemple) qui entrerait en vigueur pendant la transition.

Pire, du fait de l’imbroglio causé par l’intransigeance de l’Union Européenne sur la frontière irlandaise et les procédures douanières choisies, le Royaume-Uni est assuré de rester coincer dans l’Union douanière ad vitam aeternam si le machin européen le décide. Or, l’union douanière met la Grande Bretagne sous l’emprise des normes juridiques contraignantes européennes. Le pays n’aura donc pas véritablement retrouvé sa liberté.

Maigre consolation pour les Britanniques, les agriculteurs britanniques ne percevront plus d’aides de l’UE (3 milliards d’euros en 2014, selon le dernier bilan officiel des montants réglés) mais le gouvernement britannique la soutiendra par ses propres aides. La City britannique bénéficiera des règles d’équivalence et aura accès aux principaux marchés financiers européens. Londres gèrera à priori seule sa politique d’immigration en n’étant plus contrainte par des textes européens qui empêchent tout contrôle de l’immigration (regroupement familial obligatoire, difficulté de contrôler ses frontières, texte empêchant l’expulsion des clandestins etc.).

L’Union Européenne aurait pu négocier un accord de libre-échange sur les biens avec des normes identiques pour le Royaume-Uni, le plan Chequers proposé par Theresa May, et laisser le Royaume-Uni collecter les taxes douanières pour les rares cas ou des marchandises arrivent de pays tiers au Royaume-Uni avant de passer en République d’Irlande. Mais, elle ne l’a pas voulu : elle a préféré humilier nos amis britanniques et a refusé qu’ils reprennent totalement leur liberté.

Cela ne présage rien de bon pour l’avenir même si personne ne sait ce qui se passera demain : Theresa May sera-t-elle démise de ses fonctions de premier ministre quelques mois avant le départ du Royaume-Uni ? L’accord sera-t-il refusé par le Parlement dans les prochains mois ? Auquel cas, on risquerait d’avoir une sortie sans accord, la pire pour les Européens et les Britanniques : les 500 Milliards de livres d’échanges commerciaux entre l’Europe et le Royaume-Uni se feraient sans texte, juste avec les règles de l’OMC. On ne dénoue par des liens qu’on a voulus si étroits sans remettre en place des coopérations et avec brutalité.

Un Brexit sans accord ne serait pas une horrible catastrophe mais mettrait quand même en risque les 25 milliards d’exportations industrielles françaises, les 5 milliards d’exportations agricoles, la compétitivité mondiale des entreprises établies des deux côtés de la Manche comme Airbus. Et si nous humilions les Anglais comme nous sanctionnons les Russes, nous risquons de perdre ces marchés pour longtemps avec chômeurs anglais mais aussi français et européens à la clé.

Même nos coopérations sur la sécurité, le terrorisme, la défense pourraient être affectées par cette politique humiliante, hors sol et oublieuse de la réalité de nos liens. Mais, l’Union Européenne n’en a cure : elle est composée de fonctionnaires européens aux salaires élevés et garantis qui sont chargés des négociations !

 

Avec l’Italie, le machin européen joue un jeu sensiblement identique. Le peuple italien a voté pour le mouvement M5S et la Ligue afin de maîtriser un peu plus son immigration et relancer une croissance anémique depuis 20 ans. On rappellera que la croissance en Italie est quasi nulle depuis l’adoption de l’euro : environ 0.2% par an. Cela a détruit l’investissement des entreprises, l’investissement de l’Etat par ricochet à cause des politiques d’austérité, la qualité des infrastructures italiennes (l’affaire du Pont Morandi et de ses 43 morts en est une morbide illustration). Cette croissance 0 a fait fortement augmenté le taux de chômage des italiens et notamment le chômage des jeunes. Avec 35% de jeunes ne trouvant pas d’emplois et un certain nombre trouvant des emplois très mal payés, ceux-ci restent de plus en plus chez leurs parents jusqu’à 30 voire 35 ans. Impossible de fonder une famille et de vivre libre dans ces conditions. Enfin, la grande pauvreté augmente aussi en Italie (10% des Italiens la subissent aujourd’hui).

Fort de cette situation économique désastreuse et de la demande du peuple italien, le gouvernement a établi un projet de relance économique de 20 Milliards d’euros environ comprenant un meilleur entretien des infrastructures, une baisse des impôts, un système de retraites laissant partir des personnes âgées à la retraite un peu plus tôt et un revenu minimum pour les personnes sans emploi mais cherchant activement un emploi. Le risque n’est pas très grand mais ce plan donnera un répit aux entreprises italiennes et créera des emplois. Le déficit budgétaire est prévu à 2.4% pour 2019 (cependant, moins que la France et ses 2.8%).

Mais, comme chacun a pu l’observer, l’Union Européenne ne veut pas que le peuple italien choisisse librement son budget quels que soient les besoins et déroge aux règles européennes. Aussi, le conflit est-il de plus en plus grand. L’Europe gérant la relation avec les banques italiennes via la BCE et l’alimentation des marchés financiers, les taux se tendent fortement en Italie dans la crainte d’une opération « à la grecque ». L’Etat italien emprunte à 10 ans à 3.5% quand il emprunt à 1.8% il y a mois. La plus grande banque italienne est considérée comme un emprunteur risqué avec un coût d’assurance sur les emprunts 2% au-dessus des taux de l’Etat italien. La croissance italienne est cassée. L’économie est à l’équilibre au troisième trimestre et la récession guette.

La crise italienne risque fort de se transformer en crise bancaire italienne puis européenne qui se transformera en crise financière et économique généralisée. Les citoyens paieront encore pour la rigidité mortifère de l’Union Européenne par des millions de chômeurs et une forte casse économique et sociale. Si cette crise italienne se conjugue avec une crise britannique, c’est bien tout le machin européen qui risque de nous tomber sur la tête avec des coûts démultipliés pour tous. Le risque est bien aujourd’hui de rester dans le bateau ivre européen et non d’en sortir, et vite ! La conjonction de la sortie de trois grands pays Grande-Bretagne, Italie et France rendrait cette sortie encore plus simple avec un rapport de forces complètement inversé.

Budget italien : tant qu’on n’a pas récupéré la souveraineté, on ne peut pas redresser un pays.

La proposition de budget vient d’être présentée par le gouvernement italien. Le brouillard est donc levé.

Rappelons que la croissance italienne est aujourd’hui très faible : de l’ordre de 1.2%. La prévision de la Banque d’Italie pour 2019 est de 1%. Les perspectives ne sont pas réjouissantes tant dans l’industrie, en croissance 0, que dans les services, en croissance faible.

Les taux sont passés de 1.7% à 3.25% et vont peser sur la croissance à venir. Il est difficile d’imaginer une amélioration de la situation : la fin des achats d’obligation par la Banque Centrale Européenne en Décembre 2018 risque de multiplier les risques de tensions sur les taux.

Si l’on estime le coefficient multiplicateur budgétaire à 1.4 en Italie, la hausse des dépenses publiques devrait générer au mieux 1.4*0.8 soit 1.1% de PIB en plus pour 2019.

Vu la hausse des taux qui pèsera sur la croissance et la relance budgétaire, la croissance italienne devrait être assez faible l’année prochaine : de l’ordre de 1-1.5%. Rien ne dit que les taux italiens ne vont pas s’emballer et peser plus encore sur la conjoncture. Dans ces conditions, il est probable que la Commission Européenne s’en tienne à des remontrances, laissant les souverainistes responsables de leur politique et de ses résultats.

Le gouvernement de la Liga et du M5S n’auront probablement pas de succès économique et donc de crédibilité à mettre à leur compte dans un an, à moins qu’ils n’aient de la chance, par exemple avec une excellente conjoncture mondiale. L’absence de décision que révèle ce budget est très inquiétante pour la réussite de ce gouvernement souverainiste en Europe. Il nous rappelle une chose simple : tant qu’on n’a pas récupéré la souveraineté, on ne peut pas redresser un pays. Une bonne nouvelle dans tout cela : le gouvernement a nommé le président de la Raï, un souverainiste selon les médias italiens. C’est un gage que l’information sera au minimum neutre pour le futur gouvernement. Mais la communication n’est pas tout.

 

L’avenir de l’Italie et de l’Union Européenne se joue en ce mois de Septembre

Les mouvements souverainistes italiens de Salvini (Ligue) et de Di Maio (M5S) ont été portés au pouvoir avec une double exigence des électeurs : arrêter les flux d’immigration vers l’Italie et relancer enfin la croissance et l’emploi dans la péninsule : l’Italie est en effet malade de l’euro et n’a quasiment eu aucune croissance depuis 17 ans, depuis l’adoption de la monnaie unique. Chacun imaginera aisément les dégâts sur l’emploi et notamment l’emploi des jeunes, la pauvreté, la santé des entreprises italiennes.

Voici l’évolution du PIB c’est-à-dire la richesse italienne depuis 2001.

 

Premier temps : la bataille de l’immigration :

Salvini a engagé la bataille de l’immigration à travers un bras de fer médiatique avec les autres pays, avec l’Union Européenne et avec la bien-pensance. Il l’a gagné haut la main. Il a arrêté une partie des bateaux de migrants et en a laissé passer quelques autres. Il a dénoncé l’hypocrisie des bien-pensants, la logique des passeurs et des associations qui finalement les servent. Le peuple italien a été séduit par un homme politique qui tient enfin ses promesses et qui revendique « L’Italie d’abord ». Cela est pour l’instant mérité. Les sondages donnent maintenant la Ligue à 32% en cas de nouvelles élections.

Deuxième temps : la bataille de l’économie, du chômage et de la pauvreté.

Le débat et le vote du budget vont bientôt commencer. L’Italie est économiquement très affaiblie, les souffrances sociales du peuple italien sont à la fois endémiques et considérables avec des taux de chômage des jeunes au-dessus de 30% depuis des années. A tel point que les jeunes italiens n’ont souvent pas d’autres choix que l’exil. Pour ceux qui ont un emploi, les salaires sont en baisse de 5% depuis 2004. Là repose la deuxième partie des promesses des partis du gouvernement, Ligue et M5S, c’est leur deuxième défi. Ne voulant pour l’instant pas sortir de l’Union Européenne et faire du patriotisme économique, du protectionnisme intelligent et toutes les mesures rendues possibles par le retour de la souveraineté, il ne reste plus qu’un levier important pour relancer la croissance : le budget qui va être débattu et voté dans les semaines à venir. La question est fondamentale : le gouvernement va-t-il relancer la croissance avec un budget offensif à base de travaux sur des infrastructures vétustes, de baisses d’impôts promises par Salvini et de revenu universel par Di Maïo ? Ou bien va-t-il céder à l’Union Européenne, abandonner les promesses faites aux électeurs en appliquant l’austérité européenne ?

L’abandon des promesses sur l’économie ?

S’ils abandonnent leurs promesses, l’économie italienne déjà presque à l’arrêt (0.5% de croissance en 6 mois) va s’enfoncer d’avantage encore. En effet, les taux italiens à 10 ans ont augmenté, passant de 1.8% à près de 3%. Cela est un frein important qui sera encore plus puissant quand la BCE arrêtera d’acheter des dettes publiques dans 4 mois. Si l’on rajoute à cela, un programme d’austérité, l’Italie pourrait s’enfoncer dans la récession, provoquant plus de difficultés économiques, de chômage et de pauvreté. Le gouvernement serait déclaré comptable de la situation et logiquement mal jugé par les Italiens dans un an. C’est la voie de la « Tsiprassisation » du nom du président grec qui a laissé ruiner son pays contre le vote de ses citoyens avec l’aide de la Troïka européenne.

L’abandon des promesses sur l’immigration ?

L’autre moitié des promesses, sur l’immigration, ne pourra pas non plus être tenue sur le moyen terme. Le renvoi de 500.000 immigrants illégaux est rendu impossible par les lois italiennes qui transposent les directives européennes sur le sujet. En effet, la Directive retour impose qu’un clandestin ne peut être renvoyé dans son pays que s’il est volontaire ! S’il refuse et disparaît dans la nature, on peut alors essayer de le rattraper, avec une chance infime, pour le faire partir. Encore faut-il que les pays d’origine l’acceptent. Or, la majorité de ces pays y font obstacle et le refusent. Seul, l’utilisation de toutes les armes économiques et diplomatiques d’un pays entièrement souverain imposera aux pays d’origine de récupérer leurs clandestins, une mesure pourtant naturelle et légitime (menaces de coupe dans l’aide au développement, de restriction des flux d’argent entre les 2 pays, de restriction sur les échanges commerciaux…).

L’immigration illégale continue à arriver en Italie en provenance des Balkans via les frontières poreuses de l’Union Européenne. L’immigration légale arrive encore, aidée par les contraintes européennes comme l’obligation d’accepter le regroupement familial.

S’il n’est pas en pleine possession de ses lois, de ses frontières et de ses armes économiques, ce gouvernement souverainiste sera dans le temps immanquablement en échec sur l’immigration. Si ce gouvernement est encore là dans un an, il sera alors logiquement tenu comptable de la situation sur l’immigration par son peuple. Le bras de fer médiatique ne suffira plus aux Italiens.

Continuer ainsi, rester dans l’Union Européenne et donc dans l’impuissance en termes d’action tuera la foi dans les souverainistes italiens. C’est un piège mortel pour eux comme pour tous.

Quel choix reste-t-il au gouvernement italien ?

Le seul choix qui reste au gouvernement italien est donc de faire un véritable bras de fer avec l’Union Européenne sur le budget : engager un véritable programme de relance de l’économie pour soigner le chômage, la pauvreté et la mauvaise santé économique générale. Le refus de Bruxelles, sous prétexte habituel d’austérité, démontrera à tout le peuple italien qu’il n’y a aucun remède à la souffrance économique et sociale dans l’Union Européenne. Le gouvernement italien pourra aussi démontrer à sa population qu’il n’y a aucun remède aux flux d’immigration en étant dans l’Union Européenne. Ceci est assez simple pour des partis au pouvoir. Ces actions donneront aux Italiens foi et confiance dans ce gouvernement et les partis politiques sous-jacents, ce qui sera un excellent point pour eux lors de nouvelles élections.

Si Salvini a annoncé hier qu’il comptait globalement respecter les contraintes de Bruxelles sur le budget, il faut attendre pour juger : parlait-il de déficit primaire ou global, de déficit avant investissements publics, sur quelle hypothèse de croissance comptait-il, 1% ou 4% ? Nous sommes dans une période tactique pour le gouvernement italien et personne n’est sûr de ce qui sortira finalement du chapeau. Cependant, ce gouvernement n’aura pas le choix, il agira en héros ou en traître du peuple italien. Je penche pour la première proposition.

De nouvelles élections pour récupérer les moyens d’agir de l’Italie, de guérir les plaies ouvertes.

Une démission de la Ligue de Salvini, la partie la plus ferme du gouvernement, suite au refus de toutes solutions par Bruxelles, suffirait à provoquer de nouvelles élections. Le seul gouvernement alternatif possible serait en effet un gouvernement M5S, Parti Démocrate accompagnés des petits partis et incluant même Forza Italia, le parti de Berlusconi, pour parer aux nombreuses défections de députés M5S. Cela paraît arithmétiquement possible mais est dans les faits politiquement impossible car le M5S ne l’acceptera jamais, la lutte anti-corruption étant un des piliers de ce parti (Voir la composition de la chambre des députés et du Sénat en fin d’article).

Ces élections se feront alors sans trompe-l’œil, sur le thème de la nécessité pour l’Italie de sortir de l’Union Européenne pour réduire ses problèmes d’immigration et ses problèmes économiques et sociaux. Vu les sondages actuels de 32% pour la Ligue et de 28% pour le M5S, il y a peu de doutes quant à la victoire des souverainistes de droite et de gauche. Même si l’Union Européenne utilise l’arme des marchés financiers pour peser le plus possible sur l’élection (Le Commissaire Européen Oettinger expliquait le 29 Mai 2018 « Les Marchés vont apprendre les Italiens à voter ».). L’enfumage financier ne prendra pas, la Ligue ayant prévenu les électeurs sur les « partis du Spread ». Les élections ont de grandes chances d’être gagnées.

La formation d’un gouvernement d’Italexit sera alors une formalité. L’Italie serait le premier membre fondateur de l’Union Européenne à en sortir, quelques temps après le Royaume-Uni. La désintégration de l’Union Européenne est en marche : il ne faut plus qu’un peu de courage des dirigeants souverainistes pour l’acter. Relever nos pays à genoux est à ce prix, un prix faible pour la liberté, l’unité et la prospérité.

 

630 membres de la Chambre des députés et les 315 membres du Sénat.

Chambre des Députés 630 Députés Sénat 315 Sénateurs
Majorité nécessaire 315 Députés Majorité nécessaire 158 Sénateurs
M5S 228 M5S 112
Ligue 125 Ligue 58
Frères d’Italie (proches de la Ligue) 32 Frères d’Italie (proches de la Ligue) 18
Parti Démocrate et assimilés 121 Parti Démocrate et assimilés 60
Forza Italia (Berlusconi) 104 Forza Italia (Berlusconi) 57
Libre et égaux (gauche progressiste) 14 Libre et égaux (gauche progressiste) 4
Nous avec l’Italie (démocrate-chrétien) 4 Nous avec l’Italie (démocrate-chrétien) 4
Autres 2 Autres 2

 

Accord entre Trump et Juncker pour un nouveau traité transatlantique ? Un danger pour la France, notre économie et notre environnement.

Trump et Juncker se sont rencontrés hier pour négocier sur la question du commerce entre l’Union Européenne et les Etats-Unis. L’objectif de l’Union Européenne est d’éviter à l’industrie automobile allemande de subir des droits de douanes de 25% sur les importations de voitures aux Etats-Unis. Trump avait brandi cette mesure protectionniste pour forcer les constructeurs allemands à produire sur le sol américain. Le président américain veut en effet réduire le déficit commercial américain avec l’Europe, d’environ 120 Milliards d’euros, dont la moitié est due aux échanges avec l’Allemagne. Il veut réindustrialiser son pays pour faire croître la proportion des salariés bien payés. Rappelons que le commerce entre la France et les Etats-Unis est grosso modo équilibré.
Le président américain est un redoutable négociateur. S’il dit vouloir négocier avec l’Union Européenne, c’est qu’il compte tirer de sa position de force beaucoup d’avantages commerciaux afin de réindustrialiser l’Amérique au détriment de l’Europe. L’Union Européenne va ainsi défendre les exportations allemandes de voitures en lâchant sur de nombreux secteurs qui toucheront la France. L’Allemagne se cache habilement derrière l’Union Européenne pour défendre ses intérêts commerciaux en sacrifiant une fois de plus la France que les présidents successifs sont incapables de défendre depuis fort longtemps. Ceci sera très négatif pour notre pays.
L’objectif de Trump est de réindustrialiser l’Amérique et de recréer des emplois bien payés. L’objectif est légitime mais le but tout aussi légitime du gouvernement français doit être de défendre les intérêts de notre pays. Cet objectif est aujourd’hui inaccessible puisque ce n’est pas le président français qui négocie mais le patron de la Commission Européenne.
Donald Trump a déjà obtenu de l’Union Européenne qu’elle s’engage à acheter de grandes quantités de soja OGM traité à 94% au glyphosate et du gaz de schiste liquéfié, montrant le peu d’attachement de Bruxelles pour la résolution de nos problèmes d’environnement. Avec l’Union Européenne, le commerce doit passer avant tout, avant l’emploi, avant l’environnement, donc avant les hommes et la vie.
Pire, l’Union Européenne et les Etats-Unis vont travailler sur un nouvel accord de libre-échange ou les droits de douane agricoles seront mis sur la sellette. Notre agriculture pourrait être sacrifiée par une forte baisse des droits de douane avec les USA ouvrant grand la porte à la malbouffe américaine et à son agriculture chimique ultra compétitive mais dangereuse pour la santé. Cet accord pourrait compromettre la possibilité de transformer notre agriculture en agro-écologie puisque nous ne pourrions plus protéger nos agriculteurs et donc leur permettre de passer ce cap difficile.
Enfin, les deux dirigeants ont expliqué vouloir négocier la fin des « barrières tarifaires » : ce qui est appelé « barrières », ce sont les normes françaises et européennes, les choix de société que nous faisons pour protéger les citoyens et la santé de tous. L’alignement des normes européennes sur les normes américaines serait une très mauvaise nouvelle. De plus, une fois cet accord fait, il n’y aurait pas moyen de remonter les normes françaises pour imposer une politique environnementale ou de santé publique, d’y interdire par exemple le glyphosate, puisqu’il faudrait rester aligner sur les normes américaines.
C’est un nouveau traité transatlantique, encore plus à l’avantage des Etats-Unis qui risque de se négocier dans notre dos, contre nos intérêts. Espérons que les négociations échoueront.
Si la France était souveraine, elle devrait laisser les USA imposer des taxes sur les voitures, ce qui ne nous pose aucun problème puisque nous n’en exportons pas, et mettre des droits de douane sur une industrie qu’il est vital de relancer en France. Oui mais pour l’instant, la majorité des Français préfère encore rester dans l’Union Européenne. Notre Nation devra encore attendre et probablement en souffrir.

Le bras de fer entre l’Italie et l’Union Européenne sera un formidable révélateur.

Le drame politique italien s’est donc dénoué jeudi 31 Mai : après que le président Matarella ait refusé de nommer un gouvernement M5S et Lega issu de la majorité des votes des italiens pour cause de ministre de l’économie et des finances anti-euro, Paolo Savona, après avoir essayé de former un gouvernement à partir d’un ancien économiste du FMI Carlo Cotarelli ( !), un gouvernement M5S et Lega a finalement été accepté par le président italien. Le coup était trop gros, le viol démocratique était trop flagrant pour que la solution FMI tienne la route.

Pour sauver la face, Paolo Savona n’est plus ministre de l’économie et des finances mais ministre des affaires européennes ce qui promet de jolis empoignades à Bruxelles. Le premier ministre reste Giuseppe Conte, adjoint de 2 vice-premier ministre de poids : Luigi di Maio président du M5S et Matteo Salvini président de la Lega. Le ministre de l’économie et des finances est un économiste très eurocritique et ayant soutenu le Brexit, Giovanni Tria[1].

La partie de bras de fer ou plutôt de poker menteur peut commencer avec Bruxelles.

Ce gouvernement a 2 priorités : arrêter l’immigration clandestine et renvoyer 500.000 migrants illégaux d’une part, relancer l’économie italienne avec un programme de baisse d’impôt et de relance par la dépense publique d’autre part. Ces 2 priorités voulues par le peuple italien et exprimées par son vote sont « verboten », interdites par Bruxelles.

L’Union Européenne interdit ou gêne considérablement le renvoi de clandestins via certaines Directives et la CEDH : renvoyer un immigrant clandestin est rendu quasi impossible dans les faits à cause des arcanes, volontaires, du droit européen[2]. L’Italie y est soumise comme la France et sauf à violer l’Etat de droit et l’Union Européenne dans le même mouvement, les départs ne sont possibles qu’au compte-goutte, nettement moins rapidement que les arrivées. Le gouvernement italien doit aussi faire pression sur de nombreux pays d’origine qui refusent les retours de leurs émigrants : seules, la menace de sanctions commerciales avec des tarifs douaniers appliqués sur les importations, de sanctions financières avec un non-règlement des aides au développement promises peuvent permettre de débloquer ce refus par ailleurs totalement injustifié. Or, la menace de sanctions commerciales est interdite par l’Union Européenne qui gère les accords commerciaux avec l’extérieur. Le retour des clandestins sera donc dans les faits très difficile et c’est ce que démontrera probablement l’action du gouvernement italien.

Le pays a besoin d’une relance de son économie, le PIB n’ayant presque pas augmenté depuis l’arrivée de l’euro (0.2% par an depuis 16 ans) et le PIB par habitant, donc le revenu par habitant ayant baissé sur cette longue période : en un mot, les Italiens se sont fortement appauvris et l’investissement s’est effondré. La relance de l’économie italienne est un processus bloqué par l’Union européenne. La Commission Européenne examine les budgets des pays et demande des corrections au moyen de nombreux instruments obscurs pour le grand public dont le pacte budgétaire européen TSCG. Si le budget est retoqué et il le sera, le pays sera sanctionné. En tout cas, il n’y a aucune chance que l’UE laisse faire car elle serait alors sous le feu des pays sous contrainte austéritaire européenne désireux de desserrer eux-aussi l’étau budgétaire et des pays du Nord ne voulant surtout pas desserrer cet étau : la phrase du député Allemand Markus Ferber de la CSU « la Troïka doit marcher sur Rome pour prendre le contrôle du Trésor italien » nous informe de la volonté de certains.

Mais surtout, la BCE fera à coup sûr usage de son énorme pouvoir d’alimenter ou non le système financier de l’Italie et donc les banques, l’Etat et l’ensemble de l’économie, pour mettre le pays sous pression. Cela peut se faire brutalement en bloquant presque totalement l’accès aux liquidités aux banques comme en Grèce, cela peut se faire doucement mais surement à travers des techniques d’étouffement diverses et variées. La phrase du Commissaire Européen au budget ,Günther Oettinger de nationalité allemande, « Les marchés financiers apprendront aux Italiens à voter correctement» dit là aussi tout sur la capacité de la BCE à étrangler le système financier italien et à faire ainsi pression sur le peuple italien via la chute des marchés financiers. Eh oui, Euro et diktat des marchés financiers sont bien les 2 faces de la même médaille. Dit autrement, euro et démocratie sont incompatibles.

Face à l’étouffement probable de l’économie italienne que le boa BCE mettra en place, le gouvernement italien aura alors deux choix pour éviter d’échouer à la Tsipras et de trahir son peuple : sortir de l’euro et donc de l’Union Européenne pour pouvoir relancer son économie ou créer une monnaie parallèle à l’aide de mini bons du trésor comme l’ont prévu M5S et la Lega ce qui reviendra donc à sortir de l’euro et rapidement de l’Union Européenne ! Un troisième choix reste possible : le gouvernement ou la partie Lega ou M5S démissionne, imposant presqu’automatiquement de nouvelles élections en expliquant au peuple Italien : vous voulez stopper l’immigration clandestine et relancer l’économie; l’Union Européenne y a fait obstacle par tous les moyens. Nous avons démontré qu’il est impossible d’appliquer votre volonté en étant dans l’Union Européenne. Nous aurions alors la tenue de nouvelles élections qui seraient une sorte de référendum sur ltalexit, avec l’inconvénient d’évoluer dans les mers potentiellement agitées des marchés financiers, excités par les élites eurogagas.

La seule exception à la tenue de nouvelles élections serait que des parlementaires M5S et Lega s’associent aux partis traditionnels pour garder envers et contre tout l’Italie dans l’UE pendant quelques années avec un nouveau contrat de gouvernement, européiste cette fois-ci. On peut clairement espérer qu’aucun parlementaire souverainiste italien ne trahisse le peuple et ne s’engage dans cette voie.

Quoi qu’il arrive, la partie de poker menteur qui se joue en Italie, sera terrible mais passionnante. Elle démontrera à tous ceux qui ne veulent pas le voir que l’Union Européenne n’est pas réformable (ou très très marginalement réformable). Elle dira clairement à tous les électeurs italiens et français que le seul choix est : l’Italexit et le Frexit ou accepter de voir leurs pays s’enfoncer dans une crise de plus en plus violente.

[1] https://www.zerohedge.com/news/2018-05-31/conte-reveals-new-italian-government

[2] https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:32008L0115&from=FR

Par exemple, l’article 7 de la directive (CE) 2008/115 du 18 décembre 2008, appelée « directive retour » prévoit que la mesure de reconduite à la frontière d’un immigrant clandestin doit être d’abord volontaire ! Celui-ci a donc tout le temps de disparaître dans la nature… La seule exception étant une atteinte à la sécurité nationale ou une demande de séjour rejetée car elle était manifestement irrégulière (dans les faits, la CJUE ne le prend en compte que de manière très rare, l’interprétation étant toujours très restrictive).

 

Pourquoi la privatisation de la SNCF et la concurrence ferroviaire sont une absurdité ?

Rappelons tout d’abord que le démantèlement du service public du rail a été lancé par une directive de l’Union Européenne de 1991[1].

Nous abordons la dernière phase des directives européennes : les lignes régionales devront être ouvertes à la concurrence en 2019, les lignes TGV en 2021 : c’est ce qu’impose la directive de l’Union Européenne qui doit être transposée en France avant la fin du mois de décembre 2018[2].

 

Malgré toutes les déréglementations successives, le rail français reste un des meilleurs d’Europe : comme il a été un des moins dérèglementés en Europe, il est un des 3 meilleurs d’Europe[3] selon une étude du cabinet américain Boston Consulting Group. Selon cette étude, les subventions publiques sont bien utilisées et sont performantes, la SNCF obtenant la 3ème place en Europe. Pourquoi donc faudrait-il tout chambouler ?

Classement du rail français selon diverses mesures de performances (qualité du service, sécurité, intensité d’utilisation)

 

Le gouvernement est-il vraiment poussé à réformer par la situation catastrophique de la SNCF ?

Ceci est évidemment faux puisque celle-ci a gagné 1.3 Milliards en 2017, après 600 millions en 2016 et 400 millions en 2015.

La dette de la SNCF augmente mais elle provient des énormes investissements nécessaires à la construction de nouvelles lignes TGV. Il n’est pas interdit de faire une pause dans la construction de lignes TGV pour rembourser la dette. A remarquer que l’Etat allemand a repris les 35 Milliards de dette de la Deutsche Bahn en 1995. D’autre part, les investissements de l’Etat dans la construction et l’entretien des routes de 14 Milliards par an ne sont pas affectés aux transporteurs par camion ou autocar (derniers chiffres datant de 2009). Si on voulait désavantager le transport par le rail, plus écologique et plus sûr, le gouvernement ne s’y prendrait pas autrement.

La mise en concurrence de la SNCF améliorera-t-elle le service ?

Depuis que la dérèglementation a été mise en œuvre – séparation du réseau et des trains, réparation moins rigoureuse pour dégager des profits- chacun peut observer que le service public s’est dégradé : ponctualité, fréquence des trains, abandon de lignes voire même accident évitable dû à un entretien catastrophique comme à Brétigny. On ne voit pas pourquoi les mêmes causes n’auraient pas les mêmes effets. Plus de privatisation continuera probablement à faire baisser la qualité de service et mettra les voyageurs en danger.

A noter que les Anglais ont eu à subir une baisse de la qualité de service et des hausses de prix avec la privatisation complète du rail : résultat, les Britanniques déboursent chaque mois six fois plus que les Français simplement pour se rendre sur leur lieu de travail, 14% de leur revenu mensuel, très exactement, contre 2% pour les usagers de l’Hexagone. Regarder par exemple sur internet les prix d’un Londres Manchester et vous serez surpris ! Excédés par cette dégradation du service, ils sont aujourd’hui 60% à vouloir renationaliser le rail. Et pourtant, le Royaume-Uni étant 2 fois plus petit que la France pour la même population, gérer un service ferroviaire est nettement plus simple. On remarquera que le système ferroviaire a beau être privé au Royaume-Uni, cela n’en rend pas moins nécessaire l’argent public et les subventions pour un montant de 4.6 Milliards d’euros par an.

Un des méfaits évidents de la concurrence dans le rail est que les entreprises privées vont sur les lignes rentables (comme Paris Lyon) pour gagner de l’argent ce qui laisse d’autant moins de moyens pour que la SNCF desserve les lignes moins rentables mais très utiles aux territoires ruraux.

La multiplication des compagnies de train, la nécessité et la difficulté de les coordonner entraîne une hausse des coûts et des prix.

Les petites lignes seront-elles sauvées ?

Le gouvernement veut laisser le choix de garder ou non les petites lignes aux Régions. Les moyens financiers des régions étant limités, elles n’auront souvent pas d’autres solutions que de passer du train à l’autocar avec la pollution et les risques d’accidents qui vont avec, ou de réduire encore plus les fréquences de passage. Mais réduire les fréquences, c’est mettre en place un cercle vicieux. En effet dans un système de transport comme le train, plus les horaires sont rapprochés, plus les voyageurs ont tendance à l’utiliser. C’est pourtant au niveau national que doit se décider l’aménagement du territoire avec la desserte par les trains. Comme le dit Jacques Sapir : « en mettant dans les territoires ruraux et à la disposition du plus grand nombre un moyen de transport fiable, efficace et rapide, les chemins de fer permettent le développement d’entreprises et d’activités dans des régions où spontanément elles ne s’installeraient pas sans cela ».

La mise en concurrence de la SNCF augure mal des petites et moyennes lignes peu rentables : obligée de céder des parts de marché sur les lignes les plus fréquentées et les plus rentables, ses moyens diminueront pour desservir les petites et moyennes lignes moins fréquentées. La logique de la mise en concurrence et de la privatisation sera donc la suppression de petites lignes, le démaillage ferroviaire de la France et la fin d’un aménagement du territoire pourtant nécessaire.

Le gouvernement privatisera-t-il ou non la SNCF ?

Le gouvernement a annoncé qu’il transformera la SNCF en entreprise privée. Le gouvernement ne parle pas de privatisation car le mot fait peur. L’Etat sera actionnaire unique d’une nouvelle structure qui pourra être, comme l’ont été Air France, EDF, GDF avant elle, privatisée un peu plus tard. Quoi qu’il arrive, la mise en concurrence obligera la direction de l’entreprise à gérer la SNCF comme une entreprise privée afin de faire face à la concurrence.

Doit-on souhaiter que les cheminots aient le même statut que les salariés d’une entreprise privée?

On peut vouloir moderniser le statut des cheminots même si celui-ci a beaucoup évolué et est loin des poncifs dont on les affuble. Il est important de garder des spécificités car un cheminot est responsable par ses décisions de très nombreuses vies humaines : il doit être protégé pour pouvoir mettre au premier rang de ses décisions la sécurité des personnes transportées (nécessité de réparer les rails, les aiguillages etc.).

 

Décidée par l’Union Européenne, la fin du service public dans le rail est bien une absurdité : elle fera baisser l’utilisation d’un moyen de transport écologique, fiable et sûr, que les Français apprécient, au moment où la France se pose en championne de la lutte contre le changement climatique. Pour les clients, elle fera monter les prix et dégradera le service proposé sans pour autant empêcher que des subventions publiques soient versées comme elles continuent à l’être en Grande-Bretagne.

Les seules à s’en réjouir seront quelques grandes compagnies privées qui, après avoir bénéficié du rachat des autoroutes, pourront essayer de conquérir des parts de marché sur les lignes de train les plus rentables.

L’expérience ratée de la privatisation du rail au Royaume-Uni aurait dû dissuader le gouvernement d’une telle réforme. L’histoire aussi : la concurrence dans le rail a existé en France, c’était au 19ème siècle. Et cela a si mal fonctionné que le gouvernement français a fini par nationaliser les chemins de fer. Malgré son discours qui ne parle que de progrès et d’avenir, Macron nous ramène au 19 ème siècle.

Philippe Murer le 14 Mars 2018

[1] directive 91/440/CEE « relative au développement de chemins de fer communautaires ».

[2] http://www.europe1.fr/economie/ouverture-du-rail-a-la-concurrence-ce-qui-attend-les-usagers-3585383

[3] http://www.sncf.com/sncv1/ressources/bcg-the_2015_european_railway_performance.pdf

Coup de gueule contre la privatisation de nos services publics : arnaque pour les Français et sabordage de l’intérêt général.

Si le démantèlement des services publics a commencé depuis une bonne trentaine d’années, le processus empire depuis l’arrivée de Macron au pouvoir, un inventaire à la Prévert qui n’en finit pas de s’allonger.

La Poste ressemble de moins en moins à un service public, est soumis à la concurrence et a pris la forme d’une société anonyme. Conséquence : les bureaux de poste ferment dans les petites villes, les campagnes, et le prix du timbre explose.

Les aéroports puisqu’après Toulouse, Lyon, Nice, voici venu le temps de la privatisation de l’aéroport d’Orly et de Charles De Gaulle, quelle cruelle ironie de l’histoire, et l’augmentation des taxes d’aéroports moins visibles car cachées dans le prix du billet d’avion.

N’oublions pas non plus la privatisation des autoroutes et la hausse des tarifs de péage qu’ont subies les Français alors que ces infrastructures ont été payées intégralement par les impôts de ces mêmes citoyens français.

Les fourrières avec ces 130 euros qui reviennent à des entreprises privées, le stationnement sur Paris contrôlé par des entreprises privées et le matraquage que les Parisiens subissent depuis le début de l’année.

Gaz De France vendue à Engie, une multinationale si mal gérée.

Privatisation en douce de la santé avec le remboursement de plus en plus partiel de médicaments et de soins par la sécurité sociale, des restes à charge de plus en plus élevés pour les Français et des mutuelles forcément de plus en plus chères.

Bientôt EDF sera aussi complètement privatisée et le prix de l’électricité s’envolera définitivement.

J’en oublie certainement, tant nombre de nos services publics ont été vendus aux intérêts privés.

Ces privatisations dépossèdent les Français de leurs services publics : ils doivent se résoudre à subir la loi d’entreprises privées aveugles à leur intérêt et obsédées comme il se doit par l’objectif simple de tirer le plus d’argent possible de leur monopole. Nous l’avons tous vécus pour les péages d’autoroute, nous le voyons moins pour les billets d’avion, demain nous le verrons pour le prix des billets de trains, de l’électricité et des soins médicaux.

Cette destruction des services publics a donc un coût financier pour les Français, elle a aussi un coût politique : l’intérêt général ne peut plus être correctement pris en compte. Que les petites communes, les petites villes et les campagnes meurent puisque notre France ne peut plus être aménagée, que les services publics y soient un par un détruits, peu importe à nos gouvernements. Peu importe apparemment que la réalisation d’une transition énergétique qui coûte plus de 1000 Milliards soit quasiment impossible à financer et à réaliser si seuls des groupes privés la financent et la mettent en œuvre. Peu importe qu’aucun grand dessein pour la Nation ne soit possible en l’absence d’un Etat stratège fédérateur.

Ce qui compte, c’est de complaire aux directives européennes qui requièrent pas à pas la mise en concurrence, la privatisation et donc la destruction de nos services publics.

Ce qui compte ce sont aussi les Aller-Retour de certains hauts fonctionnaires qui peuvent aller gagner des millions à la tête de ces anciens grands services publics, aujourd’hui privés voire côtés en bourse et ou pleuvent les Stock-Options.

Et pourtant, le préambule de notre Constitution est clair et net : « un monopole de fait, doit devenir la propriété de la collectivité ». Ainsi, la privatisation de la SNCF, d’EDF, des autoroutes, des aéroports, de la SNCF sont contraires à notre Constitution. Mais les gardiens du temple en ont jeté les clés. Il est temps que ceux qui aiment la France, reprennent les clés du pouvoir à cette petite clique uniquement intéressée par leur destin privé et leur patrimoine.

 

Que cache le retour de la Grèce sur les marchés financiers : retour en grâce de l’économie grecque ou spéculation boursière?

 

Les journaux annoncent en fanfare que la Grèce a fait son retour sur les marchés financiers pour la première fois depuis 8 ans et a emprunté quelques milliards d’euros à 3.5% sur 7 ans. Ceci n’est pas tout à fait vrai puisqu’il y avait déjà eu des retours timides en juillet et novembre 2017 mais passons sur cette annonce volontairement tapageuse. Quelques calculs financiers indiquent que les marchés financiers parient que le pays n’a qu’environ 30% de faire faillite dans les 7 ans à venir.

Certes, la situation économique s’est stabilisée en Grèce comme le montre un PIB près de 20% plus bas depuis la crise mais qui reste stable depuis 4 ans et ne décolle pas. Les ventes de détail ne se relèvent toujours pas et ont été presque divisées par 2 en 10 ans, montrant la violence de l’austérité économique imposée au peuple grec par une Union Européenne sans pitié et sans idée.

La Grèce est toujours dans l’incapacité de rembourser sa dette (180% du PIB) au vu de la destruction de son économie par la troïka européenne mais les marchés financiers sont dans une période de forte euphorie et veulent prendre tous les risques. Les taux étant à 0% depuis tant d’années, ont-ils vraiment le choix? Il faut bien aux investisseurs des rendements pour être rémunérés ! D’autant plus que la Banque Centrale Européenne a injecté des milliers de milliards d’euros depuis des années en achetant des dettes des Etats mais aussi des dettes des multinationales européennes! Cette attitude parfaitement immorale visant à regonfler la Bourse (et elle a réussi en cela) plutôt que de regonfler l’économie réelle a fini par lui échapper. La Banque Centrale Européenne a soutenu à bloc la spéculation, dangereuse et ne profitant qu’aux gras patrimoines, alors que rien ou si peu n’a été fait pour favoriser la finance pour l’économie réelle, les prêts aux PME et aux projets de demain qui eux créeraient massivement de l’emploi. On aurait pu en effet faire de grands projets pour la transition énergétique avec des prêts à taux bas en provenance de la BCE pour des produits fabriqués localement, une isolation pour tous les bâtiments à taux 0 et à long terme pour que chacun puisse améliorer son logement et économiser l’énergie tout en remboursant ce prêt par les économies réalisées, on aurait aussi pu imaginer canaliser la finance vers l’économie réelle, vers les PME et les investissements plutôt que vers la spéculation grâce à une mesure règlementaire simple pénalisant ou favorisant les banques selon le type de prêts réalisés. Il n’en a rien été, l’économie réelle et l’emploi ont été sacrifiés et seuls les grands investisseurs ont été favorisés. Pour une finance régulée, au service de l’intérêt général et du bien commun, il faudra attendre le Frexit et l’arrivée de patriotes au pouvoir.

En conclusion, à moins d’un miracle, il ne faut pas voir dans le retour de la Grèce sur les marchés financiers un signe de réussite du remède toxique et violent appliqué par l’Union Européenne à la Grèce, malheureusement pour le peuple grec, mais un répit et un signe qu’une spéculation financière totalement débridée relance un tout petit peu la croissance tout en faisant  courir de graves risques à l’économie européenne et aux salariés dans un proche avenir. L’Union Européenne n’a rien appris de la violente crise de 2008 et prépare en compagnie de sa consœur américaine de nouvelles crises financières qui seront payées rubis sur l’ongle par … vos impôts. A ce titre, n’oublions pas que c’est votre argent qui s’est substitué aux prêts des banques et autres investisseurs financiers à la Grèce, permettant aux banques de se sortir du guêpier dans lequel elles s’étaient fourrées, à vos risques et périls. La France a fait plus de 40 Milliards d’euros de prêts bilatéraux à la Grèce et ne parlons pas des prêts de l’Union Européenne à ce pays en quasi faillite, tout ceci afin que les banquiers puissent être remboursés rubis sur l’ongle … de leurs erreurs.

Morale de l’histoire : si cela a marché une fois, pourquoi les banques ne tenteraient elles pas le coup de prêter à la Grèce une seconde fois avec l’assurance que vous leur remboursiez l’argent si les finances grecques étaient en mauvaise posture ?

 

Chômage : démontons le mythe des emplois vacants qui sert au pouvoir à minimiser son échec sur le chômage et à reporter la faute sur les chômeurs

Source l’Acoss, eurostat, un article d’un spécialiste du travail à Science Po sur le monde diplomatique[1]

 

A écouter de nombreux discours sur les emplois vacants ou non pourvus, la France serait assise sur de grands gisements de travail salarié. De tels propos alimentent une proposition politique : renforcer le contrôle des chômeurs pour que l’aiguillon de la contrainte les tire de l’apathie.

Récemment, Jean Bassères, directeur général de Pôle Emploi, annonce que le seuil de 200.000 offres non pourvues est franchi.

On rappelle qu’en France, il y a plus de 6 Millions de personnes inscrites à Pole Emploi dont la moitié n’est pas indemnisés[2] et a tout intérêt à trouver du travail !

Et pourtant :

  • 99% des propositions d’embauches trouvent preneur

En 2016, les employeurs ont déposé auprès des Urssaf 24 millions de déclarations préalables à l’embauche (3 millions de CDI et 21 millions de CDD, hors intérim)[3]. Les 200.000 offres non pourvues ne représentent que 1% des déclarations d’embauches ! Elles sont résiduelles.

  • La France est un des pays européens au taux d’emplois vacants le plus faible

La France comprend un nombre d’emplois vacants bien inférieur à la moyenne européenne ; seules 4 pays affichent un taux moindre selon Eurostat[4]

  • De nombreuses annonces échouent car elles ne proposent que une ou deux heures par semaine :

 

Voici ce que dit Hadrien Clouet Doctorant au Centre de sociologie des organisations (Centre national de la recherche scientifique – Sciences Po) dans un article du monde diplomatique.

« . Salaire ridicule par rapport aux compétences exigées, recruteur inexpérimenté, inexistence du poste annoncé, l’offre servant à la constitution par l’employeur d’une base illégale de CV, etc. La problématique des emplois non pourvus gomme l’enjeu de la qualité du travail, en postulant la commensurabilité de toute offre.

. Regardons plus précisément les offres qui circulent à Pôle emploi. Nombreuses sont les propositions du type « nettoyage industriel, 1 heure par semaine, 9,75 euros l’heure » ou « aide ménager(e), 2 heures par semaine, 11 euros l’heure ».

Les chômeurs à la recherche d’un emploi à plein temps ne s’intéressent logiquement pas aux contrats courts… mais ils font monter le nombre d’emplois non pourvus. On leur reproche de ne pas vouloir travailler, alors qu’ils veulent au contraire travailler davantage ! Beaucoup sont aussi piégés par des trappes à pauvreté. Entre 2007 et 2011, environ cinq cent mille personnes ont dû renoncer à un poste en raison de problèmes de logement et du surcoût de la mobilité exigée[5]. »

 

Certains veulent nous faire croire que la France aurait beaucoup d’emplois non pourvus.

En réalité, cette fable est ânonnée pour cacher l’échec sur le chômage des gouvernements successifs en faisant croire que les chômeurs sont des fainéants.

[1] https://www.monde-diplomatique.fr/2015/02/CLOUET/52623

[2] http://premium.lefigaro.fr/emploi/2016/07/26/09005-20160726ARTFIG00176-pourquoi-la-moitie-des-chomeurs-ne-sont-pas-indemnises-en-france.php

[3] http://www.acoss.fr/home/observatoire-economique/publications/barometre-economique/barometre-economique-n77.html puis aller dans les statistiques mises à disposition sur excel

[4] http://ec.europa.eu/eurostat/statistics-explained/index.php/File:JVS2017Q3Table1.PNG

[5] Régis Bigot et Sandra Hoiban, « La mobilité professionnelle bridée par les problèmes de logement » (PDF), Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Credoc), Paris, juillet 2011.

[6] http://ec.europa.eu/eurostat/statistics-explained/index.php/File:JVS2017Q3Table1.PNG