Trump et Juncker se sont rencontrés hier pour négocier sur la question du commerce entre l’Union Européenne et les Etats-Unis. L’objectif de l’Union Européenne est d’éviter à l’industrie automobile allemande de subir des droits de douanes de 25% sur les importations de voitures aux Etats-Unis. Trump avait brandi cette mesure protectionniste pour forcer les constructeurs allemands à produire sur le sol américain. Le président américain veut en effet réduire le déficit commercial américain avec l’Europe, d’environ 120 Milliards d’euros, dont la moitié est due aux échanges avec l’Allemagne. Il veut réindustrialiser son pays pour faire croître la proportion des salariés bien payés. Rappelons que le commerce entre la France et les Etats-Unis est grosso modo équilibré.
Le président américain est un redoutable négociateur. S’il dit vouloir négocier avec l’Union Européenne, c’est qu’il compte tirer de sa position de force beaucoup d’avantages commerciaux afin de réindustrialiser l’Amérique au détriment de l’Europe. L’Union Européenne va ainsi défendre les exportations allemandes de voitures en lâchant sur de nombreux secteurs qui toucheront la France. L’Allemagne se cache habilement derrière l’Union Européenne pour défendre ses intérêts commerciaux en sacrifiant une fois de plus la France que les présidents successifs sont incapables de défendre depuis fort longtemps. Ceci sera très négatif pour notre pays.
L’objectif de Trump est de réindustrialiser l’Amérique et de recréer des emplois bien payés. L’objectif est légitime mais le but tout aussi légitime du gouvernement français doit être de défendre les intérêts de notre pays. Cet objectif est aujourd’hui inaccessible puisque ce n’est pas le président français qui négocie mais le patron de la Commission Européenne.
Donald Trump a déjà obtenu de l’Union Européenne qu’elle s’engage à acheter de grandes quantités de soja OGM traité à 94% au glyphosate et du gaz de schiste liquéfié, montrant le peu d’attachement de Bruxelles pour la résolution de nos problèmes d’environnement. Avec l’Union Européenne, le commerce doit passer avant tout, avant l’emploi, avant l’environnement, donc avant les hommes et la vie.
Pire, l’Union Européenne et les Etats-Unis vont travailler sur un nouvel accord de libre-échange ou les droits de douane agricoles seront mis sur la sellette. Notre agriculture pourrait être sacrifiée par une forte baisse des droits de douane avec les USA ouvrant grand la porte à la malbouffe américaine et à son agriculture chimique ultra compétitive mais dangereuse pour la santé. Cet accord pourrait compromettre la possibilité de transformer notre agriculture en agro-écologie puisque nous ne pourrions plus protéger nos agriculteurs et donc leur permettre de passer ce cap difficile.
Enfin, les deux dirigeants ont expliqué vouloir négocier la fin des « barrières tarifaires » : ce qui est appelé « barrières », ce sont les normes françaises et européennes, les choix de société que nous faisons pour protéger les citoyens et la santé de tous. L’alignement des normes européennes sur les normes américaines serait une très mauvaise nouvelle. De plus, une fois cet accord fait, il n’y aurait pas moyen de remonter les normes françaises pour imposer une politique environnementale ou de santé publique, d’y interdire par exemple le glyphosate, puisqu’il faudrait rester aligner sur les normes américaines.
C’est un nouveau traité transatlantique, encore plus à l’avantage des Etats-Unis qui risque de se négocier dans notre dos, contre nos intérêts. Espérons que les négociations échoueront.
Si la France était souveraine, elle devrait laisser les USA imposer des taxes sur les voitures, ce qui ne nous pose aucun problème puisque nous n’en exportons pas, et mettre des droits de douane sur une industrie qu’il est vital de relancer en France. Oui mais pour l’instant, la majorité des Français préfère encore rester dans l’Union Européenne. Notre Nation devra encore attendre et probablement en souffrir.