Les Pays-Bas sont les champions de l’élevage intensif et le premier exportateur européen de viande. Une situation absurde pour un si petit pays : 100 millions de têtes de bétail pour un pays de 40.000 km2 représentent 2.500 têtes de bétail par km2. A cause des déjections animales, les sols et les eaux sont massivement pollués par les nitrates et on assiste une prolifération massive d’algues vertes.
Le gouvernement hollandais est pressé par les tribunaux nationaux et européens de réduire ces rejets polluants. Le gouvernement a tranché : il imposera aux éleveurs de réduire de 30% le nombre de têtes de bétail d’ici 2030. La baisse doit atteindre 70% dans 131 zones clés, la plupart proches de réserves naturelles et de terres protégées. Si les fermes ne peuvent supporter économiquement cette réduction, le gouvernement serait prêt à indemniser les agriculteurs. Ayant peur de devoir arrêter à terme leur métier, les agriculteurs mobilisés bloquent les centres de distribution des supermarchés et menacent de bloquer le principal aéroport du pays. Ils ont déclaré qu’ils poursuivraient les blocages jusqu’à ce que ce plan soit abandonné.
Conclusion.
Imposer par les tribunaux des actions politiques est le meilleur moyen d’empoisonner le débat et la vie publique. Ce mauvais fonctionnement de la démocratie ne peut qu’attiser la colère. Encore fallait-il que le pouvoir politique s’attaque à temps à de telles problématiques pour mettre en place des solutions intelligentes.
La politique de laisser-faire des gouvernements hollandais, fidèle au crédo libéral, a conduit le pays dans une impasse : un élevage intensif proliférant dans un si petit pays est l’assurance d’une pollution irrémédiable des terres et des eaux par les excréments des animaux. Et cet élevage intensif a été développé en prenant des parts de marché à l’élevage extensif de France et d’ailleurs, à taille humaine, meilleure pour le bien-être animal, l’environnement et la santé des consommateurs. Les règlementations par l’Etat sont bien une nécessité contrairement au crédo libéral, sous peine de laisser se développer de telles situations aberrantes.
Trouver des solutions aujourd’hui est éminemment difficile. Le choix du gouvernement hollandais est-il le bon ? Les décisions prises laisseraient prospérer un élevage intensif à un étiage 30% plus bas. Ce n’est pas forcément un choix très judicieux pour le moyen terme. Les Hollandais n’ont que des choix perdants humainement et économiquement. C’est à eux de trouver les solutions en accord avec leur culture et leur projet national, solutions d’autant plus difficiles à trouver qu’elles sont contraintes par la politique agricole commune décidée à Bruxelles.
Proposer plusieurs solutions aux citoyens avec un grand débat public et un référendum à la clé semble le meilleur chemin pour se sortir de cette impasse. Les décisions seront forcément douloureuses mais elles seront réfléchies, votées et donc acceptées par la grande majorité des citoyens hollandais.