Transition énergétique : Ce que font les gouvernements français, ce qu’ils devraient faire.

Pourquoi les gilets jaunes ont raison de s’y opposer.

Ce que font les gouvernements français depuis 10 ans :

. Une transition énergétique lente, à petite dose qui ne satisfait personne.

. Une transition sans aucune production française (ou presque) car sans aucune protection douanière.

. Une transition sans aucune planification par l’Etat avec des entreprises privées livrées à elles-mêmes donc sans coordination, sans prévisibilité sur les commandes, sans investissements conséquents, sans effet d’échelle ou R&D suffisante et ciblée.

. Sans financement public par la Banque de France donc avec des financements privés et chers.

. Une hausse des taxes pour « envoyer un signal prix au marché » qui découragera les plus pauvres de prendre leur voiture voire de posséder une voiture et de se déplacer.

. Développer par suivisme la voiture électrique nettement moins écologique et adaptée que la voiture à pile à combustible hydrogène.

. Une fermeture des centrales nucléaires à venir alors que les voitures électriques et hydrogène nécessitent nettement plus de production d’électricité. Il faut conserver les centrales nucléaires et produire massivement des énergies renouvelables avec des équipements fabriquées en France.

 

Rien d’anormal dans ces conditions que cette transition énergétique privatisée, sans plan, sans financement, sans moyen, chère pour l’Etat et le peuple, ne produise pas de richesses en France, fasse souffrir les classes populaires et moyennes.

 

Ce que le gouvernement devrait faire :

 

. Une transition énergétique avec une réelle planification, un plan adopté en concertation avec les entreprises privées pour une direction claire, pour que les entreprises puissent investir massivement, pour des effets d’échelle et des prix bas.

. Des moyens avec la création de monnaie chaque année (30 Milliards d’euros) pour les commandes aux entreprises privées en énergies renouvelables, infrastructures pour l’hydrogène.

. Un financement à 0% à 15/20 ans de l’isolation des bâtiments (appartement, maison, local commercial ou industriel, bâtiment public) pour que les économies d’énergie paient le remboursement de l’emprunt et que l’isolation soit indolore financièrement. Un emprunt pour l’isolation ne doit pas coûter le même prix qu’un emprunt pour la spéculation boursière.

. Une fabrication majoritairement en France des équipements de la transition par une commande publique réservée et le protectionnisme intelligent.

. Le développement prioritaire de la voiture à pile à combustible (hydrogène) véritablement écologique. Elle est adaptée aux campagnes par son autonomie et aux énergies renouvelables intermittentes grâce au stockage de l’énergie.

En revanche, l’obligation dans 5 ans aux citadins des grandes villes lorsqu’ils achètent une voiture neuve d’acheter une voiture propre à électricité ou hydrogène pour faire rapidement baisser les prix de ces véhicules.

Elargissement au reste de la France de la voiture propre neuve par la suite. La fin des voitures à essence/diesel se fera par extinction naturelle du parc.

. Pour accompagner le besoin en électricité et en hydrogène fabriquée avec cette électricité, développement massif des énergies renouvelables et maintien du nucléaire.

. Aucune hausse de taxe pour la transition énergétique car il n’y en aucun besoin. L’hydrogène produit grâce aux électricités renouvelables et nucléaire sera détaxé pour être concurrentiel avec l’essence.

 

Un tel type de stratégie permettra d’avancer beaucoup plus vite, sera beaucoup plus juste et permettra une création importante de richesses et d’emplois dans notre pays. A ces conditions, la transition énergétique emportera l’adhésion de la population.

 

Brexit et Italie : l’Union Européenne prend le risque qu’une catastrophe s’abatte sur les peuples.

Theresa May a dévoilé l’accord trouvé avec l’Union Européenne à l’issu des « négociations ». Il faut signaler ici que Theresa May est une très mauvaise négociatrice : dès que la situation s’est tendue, elle a tout lâché. C’est d’ailleurs une drôle de négociatrice qui a été choisie par le parti conservateur puisqu’elle était partisane de rester dans l’Union Européenne lors du référendum de 2016 ! Passons.

L’Union Européenne n’a rien lâché et humilie nos amis anglais : l’accord est très mauvais. C’est un Brexit qui n’en est pas un et qui mécontente tout le monde. Le Royaume-Uni resterait piégé dans l’Union Européenne en n’ayant plus aucun droit.

Pendant cette transition qui durera jusqu’en Décembre 2020 et qui peut être prolongée, la situation du Royaume-Uni restera inchangée en ce qui concerne l’accès au marché unique, l’union douanière, et les politiques européennes «avec leurs droits et leurs obligations». Le terme Union douanière signifie que tous les accords de libre-échange signée par l’UE avec les pays tiers s’appliquent à l’identique au Royaume-Uni. En revanche, le Royaume-Uni ne prendra plus part aux décisions de l’UE tout en étant contraint de les appliquer et ne pourra pas s’opposer à une norme européenne (sur l’automobile par exemple) qui entrerait en vigueur pendant la transition.

Pire, du fait de l’imbroglio causé par l’intransigeance de l’Union Européenne sur la frontière irlandaise et les procédures douanières choisies, le Royaume-Uni est assuré de rester coincer dans l’Union douanière ad vitam aeternam si le machin européen le décide. Or, l’union douanière met la Grande Bretagne sous l’emprise des normes juridiques contraignantes européennes. Le pays n’aura donc pas véritablement retrouvé sa liberté.

Maigre consolation pour les Britanniques, les agriculteurs britanniques ne percevront plus d’aides de l’UE (3 milliards d’euros en 2014, selon le dernier bilan officiel des montants réglés) mais le gouvernement britannique la soutiendra par ses propres aides. La City britannique bénéficiera des règles d’équivalence et aura accès aux principaux marchés financiers européens. Londres gèrera à priori seule sa politique d’immigration en n’étant plus contrainte par des textes européens qui empêchent tout contrôle de l’immigration (regroupement familial obligatoire, difficulté de contrôler ses frontières, texte empêchant l’expulsion des clandestins etc.).

L’Union Européenne aurait pu négocier un accord de libre-échange sur les biens avec des normes identiques pour le Royaume-Uni, le plan Chequers proposé par Theresa May, et laisser le Royaume-Uni collecter les taxes douanières pour les rares cas ou des marchandises arrivent de pays tiers au Royaume-Uni avant de passer en République d’Irlande. Mais, elle ne l’a pas voulu : elle a préféré humilier nos amis britanniques et a refusé qu’ils reprennent totalement leur liberté.

Cela ne présage rien de bon pour l’avenir même si personne ne sait ce qui se passera demain : Theresa May sera-t-elle démise de ses fonctions de premier ministre quelques mois avant le départ du Royaume-Uni ? L’accord sera-t-il refusé par le Parlement dans les prochains mois ? Auquel cas, on risquerait d’avoir une sortie sans accord, la pire pour les Européens et les Britanniques : les 500 Milliards de livres d’échanges commerciaux entre l’Europe et le Royaume-Uni se feraient sans texte, juste avec les règles de l’OMC. On ne dénoue par des liens qu’on a voulus si étroits sans remettre en place des coopérations et avec brutalité.

Un Brexit sans accord ne serait pas une horrible catastrophe mais mettrait quand même en risque les 25 milliards d’exportations industrielles françaises, les 5 milliards d’exportations agricoles, la compétitivité mondiale des entreprises établies des deux côtés de la Manche comme Airbus. Et si nous humilions les Anglais comme nous sanctionnons les Russes, nous risquons de perdre ces marchés pour longtemps avec chômeurs anglais mais aussi français et européens à la clé.

Même nos coopérations sur la sécurité, le terrorisme, la défense pourraient être affectées par cette politique humiliante, hors sol et oublieuse de la réalité de nos liens. Mais, l’Union Européenne n’en a cure : elle est composée de fonctionnaires européens aux salaires élevés et garantis qui sont chargés des négociations !

 

Avec l’Italie, le machin européen joue un jeu sensiblement identique. Le peuple italien a voté pour le mouvement M5S et la Ligue afin de maîtriser un peu plus son immigration et relancer une croissance anémique depuis 20 ans. On rappellera que la croissance en Italie est quasi nulle depuis l’adoption de l’euro : environ 0.2% par an. Cela a détruit l’investissement des entreprises, l’investissement de l’Etat par ricochet à cause des politiques d’austérité, la qualité des infrastructures italiennes (l’affaire du Pont Morandi et de ses 43 morts en est une morbide illustration). Cette croissance 0 a fait fortement augmenté le taux de chômage des italiens et notamment le chômage des jeunes. Avec 35% de jeunes ne trouvant pas d’emplois et un certain nombre trouvant des emplois très mal payés, ceux-ci restent de plus en plus chez leurs parents jusqu’à 30 voire 35 ans. Impossible de fonder une famille et de vivre libre dans ces conditions. Enfin, la grande pauvreté augmente aussi en Italie (10% des Italiens la subissent aujourd’hui).

Fort de cette situation économique désastreuse et de la demande du peuple italien, le gouvernement a établi un projet de relance économique de 20 Milliards d’euros environ comprenant un meilleur entretien des infrastructures, une baisse des impôts, un système de retraites laissant partir des personnes âgées à la retraite un peu plus tôt et un revenu minimum pour les personnes sans emploi mais cherchant activement un emploi. Le risque n’est pas très grand mais ce plan donnera un répit aux entreprises italiennes et créera des emplois. Le déficit budgétaire est prévu à 2.4% pour 2019 (cependant, moins que la France et ses 2.8%).

Mais, comme chacun a pu l’observer, l’Union Européenne ne veut pas que le peuple italien choisisse librement son budget quels que soient les besoins et déroge aux règles européennes. Aussi, le conflit est-il de plus en plus grand. L’Europe gérant la relation avec les banques italiennes via la BCE et l’alimentation des marchés financiers, les taux se tendent fortement en Italie dans la crainte d’une opération « à la grecque ». L’Etat italien emprunte à 10 ans à 3.5% quand il emprunt à 1.8% il y a mois. La plus grande banque italienne est considérée comme un emprunteur risqué avec un coût d’assurance sur les emprunts 2% au-dessus des taux de l’Etat italien. La croissance italienne est cassée. L’économie est à l’équilibre au troisième trimestre et la récession guette.

La crise italienne risque fort de se transformer en crise bancaire italienne puis européenne qui se transformera en crise financière et économique généralisée. Les citoyens paieront encore pour la rigidité mortifère de l’Union Européenne par des millions de chômeurs et une forte casse économique et sociale. Si cette crise italienne se conjugue avec une crise britannique, c’est bien tout le machin européen qui risque de nous tomber sur la tête avec des coûts démultipliés pour tous. Le risque est bien aujourd’hui de rester dans le bateau ivre européen et non d’en sortir, et vite ! La conjonction de la sortie de trois grands pays Grande-Bretagne, Italie et France rendrait cette sortie encore plus simple avec un rapport de forces complètement inversé.