La crise financière qui vient.

Après 40 ans d’absence dans le monde occidental, l’inflation a brutalement ressurgi en 2022. Les causes en sont diverses : utilisation excessive de la planche à billets pendant 12 ans pour faire tenir le système financier occidental, goulots d’étranglement dans une économie mondialisée avec zéro stock pendant et lors de la sortie de crise du covid, hausse du prix des matières premières pendant la phase de reprise économique et accélération après les sanctions contre la Russie, plan de relance excessif du gouvernement américain etc.

L’inflation a atteint son pic aux Etats-Unis à 9% en Juin 2022 et est depuis redescendue à 6,4%. Le pic de l’inflation en Europe est atteint en Octobre 2022 à 10,6%, celle-ci est ensuite redescendue à 9,2%. Les banquiers centraux ont tout fait pour obtenir ce résultat avec une hausse des taux d’intérêt à court terme, ceux-ci passant de 0 à 4% aux Etats-Unis et de 0 à 2% en Europe. L’objectif avoué était de fabriquer une récession, du chômage, des hausses de salaires nulles et donc une baisse de l’inflation.

Notons que la hausse des taux a été bien gérée par les banques centrales et n’a pas entraîné de panique financière, une première depuis le début de la décennie 1990. L’activité a ralenti fortement mais au refroidissement de l’activité économique ne s’est pas ajoutée une crise financière entraînant à son tour un refroidissement économique dans une spirale de rétroaction négative. On se rappellera de l’effet de la faillite de Lehman Brothers en 2008 entraînant l’économie mondiale dans les abysses. Les banquiers centraux ne veulent plus jamais voir une telle crise pour laquelle ils seraient pointés du doigt et jouent aux petits malins pour l’éviter.

En flattant ou refroidissant selon les moments les marchés financiers, les banquiers centraux ont atteint partiellement leur objectif : les marchés d’action sont plutôt stables depuis plusieurs mois et les marchés de dette privée ne montrent pas de forte inquiétude. Les Américains consomment toujours, mais de plus en plus à crédit. Leur taux d’épargne est descendu en dessous du niveau atteint avant la crise de 2008. Souvent, le consommateur américain tient jusqu’à la rupture puis lâche d’un coup. C’est pour ça qu’on a pu voir, chose inimaginable en France, des yachts de riches américains ruinés boucher certains canaux aux Etats-Unis pendant la crise de 2008-2009.

Cependant, cet atterrissage en douceur empêche l’inflation de ralentir assez rapidement. Gonflée de dette et de déficit, l’économie et la finance américaine ont pourtant besoin de taux d’intérêt très bas pour fonctionner ; les taux y ont été proches de 0% pendant 12 ans. Il est quasiment inévitables qu’habitués à l’argent gratuit, de nombreux acteurs privés ont pris des risques très, trop importants. Les acteurs les plus endettés peuvent tenir longtemps avec des taux à 0% mais étouffent avec des taux à 4%. Revlon, FTX se sont déjà déclarés en faillite, et Bed Bath and Beyond en est tout proche. Plus le temps passe avec des taux élevés, plus le nombre d’acteurs en difficulté croitra.

La contradiction entre le besoin de taux bas pour que la finance tienne et le besoin de taux élevé pour que l’inflation ralentisse est presqu’impossible à résoudre. Aussi, il y a une forte probabilité qu’une crise financière se déclare cette année. Comme le disait le milliardaire et financier américain Warren Buffet, « c’est quand la mer se retire qu’on voit ceux qui se baignent nus ». Cela signifie que nous découvrirons, lorsque la crise financière se déclenchera, quels sont les secteurs ayant pris des risques si importants que des faillites financières s’y déchaînent.

 

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