Chômage : démontons le mythe des emplois vacants qui sert au pouvoir à minimiser son échec sur le chômage et à reporter la faute sur les chômeurs

Source l’Acoss, eurostat, un article d’un spécialiste du travail à Science Po sur le monde diplomatique[1]

 

A écouter de nombreux discours sur les emplois vacants ou non pourvus, la France serait assise sur de grands gisements de travail salarié. De tels propos alimentent une proposition politique : renforcer le contrôle des chômeurs pour que l’aiguillon de la contrainte les tire de l’apathie.

Récemment, Jean Bassères, directeur général de Pôle Emploi, annonce que le seuil de 200.000 offres non pourvues est franchi.

On rappelle qu’en France, il y a plus de 6 Millions de personnes inscrites à Pole Emploi dont la moitié n’est pas indemnisés[2] et a tout intérêt à trouver du travail !

Et pourtant :

  • 99% des propositions d’embauches trouvent preneur

En 2016, les employeurs ont déposé auprès des Urssaf 24 millions de déclarations préalables à l’embauche (3 millions de CDI et 21 millions de CDD, hors intérim)[3]. Les 200.000 offres non pourvues ne représentent que 1% des déclarations d’embauches ! Elles sont résiduelles.

  • La France est un des pays européens au taux d’emplois vacants le plus faible

La France comprend un nombre d’emplois vacants bien inférieur à la moyenne européenne ; seules 4 pays affichent un taux moindre selon Eurostat[4]

  • De nombreuses annonces échouent car elles ne proposent que une ou deux heures par semaine :

 

Voici ce que dit Hadrien Clouet Doctorant au Centre de sociologie des organisations (Centre national de la recherche scientifique – Sciences Po) dans un article du monde diplomatique.

« . Salaire ridicule par rapport aux compétences exigées, recruteur inexpérimenté, inexistence du poste annoncé, l’offre servant à la constitution par l’employeur d’une base illégale de CV, etc. La problématique des emplois non pourvus gomme l’enjeu de la qualité du travail, en postulant la commensurabilité de toute offre.

. Regardons plus précisément les offres qui circulent à Pôle emploi. Nombreuses sont les propositions du type « nettoyage industriel, 1 heure par semaine, 9,75 euros l’heure » ou « aide ménager(e), 2 heures par semaine, 11 euros l’heure ».

Les chômeurs à la recherche d’un emploi à plein temps ne s’intéressent logiquement pas aux contrats courts… mais ils font monter le nombre d’emplois non pourvus. On leur reproche de ne pas vouloir travailler, alors qu’ils veulent au contraire travailler davantage ! Beaucoup sont aussi piégés par des trappes à pauvreté. Entre 2007 et 2011, environ cinq cent mille personnes ont dû renoncer à un poste en raison de problèmes de logement et du surcoût de la mobilité exigée[5]. »

 

Certains veulent nous faire croire que la France aurait beaucoup d’emplois non pourvus.

En réalité, cette fable est ânonnée pour cacher l’échec sur le chômage des gouvernements successifs en faisant croire que les chômeurs sont des fainéants.

[1] https://www.monde-diplomatique.fr/2015/02/CLOUET/52623

[2] http://premium.lefigaro.fr/emploi/2016/07/26/09005-20160726ARTFIG00176-pourquoi-la-moitie-des-chomeurs-ne-sont-pas-indemnises-en-france.php

[3] http://www.acoss.fr/home/observatoire-economique/publications/barometre-economique/barometre-economique-n77.html puis aller dans les statistiques mises à disposition sur excel

[4] http://ec.europa.eu/eurostat/statistics-explained/index.php/File:JVS2017Q3Table1.PNG

[5] Régis Bigot et Sandra Hoiban, « La mobilité professionnelle bridée par les problèmes de logement » (PDF), Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Credoc), Paris, juillet 2011.

[6] http://ec.europa.eu/eurostat/statistics-explained/index.php/File:JVS2017Q3Table1.PNG