Désengagement et démotivation des salariés, une menace pour notre économie.

 

Des phénomènes étranges secouent les entreprises françaises aujourd’hui.

Les entreprises sont évidemment diverses puisqu’elles sont dirigées par des personnalités diverses. Ce qui sera dit sur les entreprises relève de généralités et non de cas particuliers. Je souhaite que personne ne se sente attaqué par cet article parfois éloigné du langage politiquement correct.

La première chose à noter est la baisse jamais vue de la productivité du travail dans les entreprises françaises. Depuis 2019, la productivité par tête, le PIB divisé par le nombre de salariés, a baissé de 4%. Comme on le voit sur le graphique, c’est du jamais vu en France hormis pendant de courtes durées, lors de violentes récessions.

Ce phénomène de baisse ou d’arrêt de la hausse de la productivité existe à des degrés moindres dans d’autres grands pays européens.

Quelques constats factuels : absentéisme, turnover, baisse du niveau de vie, ubérisation.

L’absentéisme monte en flèche dans les entreprises françaises et les entreprises subissent un turnover, une rotation des salariés de plus en plus élevés : il est passé en 10 ans de 13% à 19% des salariés chaque année[1]. Le pouvoir d’achat des salariés s’effrite depuis longtemps (les revendications des gilets jaunes de 2018 sont là pour en témoigner). Ce phénomène a subi une brusque accélération avec la poussée d’inflation des deux dernières années. Pire, les salariés français sont sur la voie de la smicardisation. Nous sommes passés de 10% de smicards en 2017 à 17% de smicards en 2023[2]. Dans le même temps, le nombre d’autoentrepreneurs actifs est passé de 700.000 à 1.700.000. Ces autoentrepreneurs actifs dont c’est souvent la seule source de revenus touchent environ la moitié du smic, 620 euros par mois[3]. Macron a poussé l’autoentrepreneriat, une catégorie de sous-salarié, qui gagnent 600 euros par mois à travailler comme livreur de colis en camionnettes, conducteur Uber en voiture ou livreur à vélo. C’est plus écologique ! Ce phénomène se répand à grande vitesse et touche maintenant les cadres. Des entreprises exploitant des centaines de cadres autoentrepreneurs précarisés se montent dans les métiers du conseil par exemple. Les gens l’acceptent car beaucoup ne trouvent pas de travail en contrat à durée indéterminée, mieux payé, plus stable et plus socialisant. Et comme vous l’avez remarqué en réceptionnant vos colis si vous habitez en zone à faible densité d’habitants, ces livreurs autoentrepreneurs, parfois même les postiers, se foutent pas mal de la qualité de service. Payés au lance-pierre, il est difficile pour les entreprises de trouver des volontaires et il est donc difficile de leur reprocher le travail mal fait. Idem pour les sociétés de conducteurs de VTC et bien d’autres activités d’autoentrepreneurs.  Idem pour toutes les sociétés employant à foison des intérimaires ou des personnes en contrat à durée déterminé.

Un désengagement marqué des salariés, une démotivation ?

La hausse généralisée de l’absentéisme, du turnover et la baisse de productivité est probablement révélatrice d’une démotivation, d’un désengagement important des salariés dans les entreprises et de défaillances du management. Les salariés semblent se rebeller contre des conditions de travail devenues trop dures, contre la perte de sens du travail, le manque de reconnaissance pour le travail fourni. La peur du chômage a permis de tenir les salariés pendant de nombreuses années mais à force de tirer sur la corde, la corde se casse.

Le cabinet Empreintes Humaines fait régulièrement des sondages sur les salariés et en tire un baromètre annuel. Il en ressort que 4 sur salariés sur 10 disent vouloir quitter leur entreprise et qu’un salarié sur 2 se déclare en détresse psychologique[4]. Ces chiffres semblent étonnamment élevés et le baromètre se dégrade constamment dans le mauvais sens. Quand vous échangez avec les salariés dans les entreprises, avec les directeurs de ressources humaines, ceux-ci évoquent justement dans nombre d’entreprises une forme de ras-le-bol général, cette perte de sens du travail et ce manque de reconnaissance pour le travail fourni.

Quelles sont les causes de ces processus.

Les causes de tous ces processus humains sont complexes.

L’un d’entre eux est la financiarisation des entreprises via les bonus liés aux résultats (pour les entreprises cotées en bourse, ce sont les stock-options) ou via les rachats d’entreprise par endettement par des entités financières (Leverage Buy Out). Les moyennes et grandes entreprises exercent ainsi une pression continue sur les salariés pour produire toujours plus de résultats dans une logique de court terme, à l’aide de process numériques toujours plus contraignants, générant une véritable bureaucratie en entreprise. Ces processus sont déshumanisants et nombre de dirigeants ont oublié que les hommes ne se gouvernent pas comme les robots. Les moyennes et grandes entreprises étant des donneurs d’ordre à de multitudes de sous-traitants, la financiarisation affecte par ricochet une partie des petites entreprises. Quant aux rachats d’entreprises par des entités financières via un fort endettement (Leverage Buy Out), la pression financière est encore plus grande sur les salariés et dirigeants. Le fardeau de la dette doit être payé coûte que coûte et un retournement de conjoncture peut s’avérer mortel pour l’entreprise. Il n’y a malheureusement pas de statistiques disponibles sur le nombre d’entreprises coulées par de tels rachats mais les salariés voire les dirigeants s’en plaignent ostensiblement. Tout ceci contribue à un processus de désengagement.

L’excès de fluidité, un problème de notre temps ? Une organisation humaine trop stable peut se nécroser et devenir inefficace, cela a été observé dans certains services publics. Une organisation trop fluide peut devenir inefficace, par manque de liens, de confiance, de communication et de capacité à s’adapter aux problèmes. Pire, si la fluidité est obtenue avec des salaires en baisse, l’engagement des salariés est forcément plutôt mauvais. C’est sans doute un des problèmes posés à nos entreprises : l’excès de fluidité, le manque de repères stables ne serait-il pas néfaste à l’efficacité ? A force d’externalisation, de sous-traitance à tous les niveaux, de télétravail, parfois de manque de reconnaissance du travail fourni, les entreprises n’auraient-elles pas trop tiré sur la corde ?

N’étant pas un expert de ces sujets, j’évoquerai sans les détailler d’autres causes possibles de la baisse de productivité. Le niveau de stress de la population française est élevé suite à la gestion « chaotique » de deux ans de covid, à la guerre en Ukraine et aux multiples crises qui ébranlent la société française. Manque de sommeil, addiction au portable, pertes du lien social peuvent expliquer une partie des problèmes humains et de productivité affectant les entreprises. Le comportement souvent méprisant envers le peuple français du président Macron, « Une gare, c’est un lieu où on croise les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien », a entraîné une partie de la classe dirigeante de notre pays à une attitude condescendante envers « le petit personnel ».

La politique économique de Macron, une impasse en tout domaine.

Depuis son arrivée au pouvoir, Macron a baissé les impôts sur les actionnaires et les rentiers. Les grandes fortunes ne sont plus taxées sur la valeur de leur patrimoine en actions, le taux d’impôt sur les résultats a été abaissé à 28%, le taux d’imposition des plus-values et des dividendes a été ramené à 30% soit nettement moins que les 45% de taux d’impôt sur les revenus salariaux un peu élevés. Le capital est nettement moins taxé que le travail. Le résultat a été une croissance du PIB moyenne historiquement faible de 0.7% par an. En parallèle, Macron réduit sans cesse les protections contre le chômage, six millions de Français étant pourtant encore inscrits à France Travail (ex Pole Emploi). Un chômeur touche 60% de son salaire net et quand il est cadre, 40% après 6 mois de chômage. L’écart entre le revenu des salariés et des demandeurs d’emploi est ainsi accru. Les chômeurs auront intérêt avec les différentes réformes à accepter n’importe quel travail dans n’importe quelles conditions de travail. La volonté de faire travailler les 2 millions de personnes au RSA ira dans le même sens. Evidemment, ces mesures exerceront une pression supplémentaire sur les salaires, s’ajoutant aux pressions sur les salaires exercés par les 400.000 entrées par an d’immigrés sur le territoire français. Cette politique creusera la grogne, le désengagement et la démotivation des salariés. Nous sommes peut-être en face d’un cercle vicieux qu’il est urgent de rompre. D’autant plus que ce problème de productivité française entrave la réindustrialisation du pays, objectif nécessaire pour arrêter l’appauvrissement des Français et assurer la puissance de la France. Faire baisser le taux de change pour briser ce cercle vicieux, pour compenser la baisse de productivité actuelle afin de réindustrialiser n’est malheureusement pas possible puisque nos dirigeants ont fondu notre monnaie dans l’euro.

La politique économique suivie est une impasse comme je le montrai déjà dans un article pour Front Populaire « L’UE va-t-elle envoyer les économies européennes par le fond avec des politiques économiques absurdes ? »

Je conclurai en posant cette question. La France a vu les grandes organisations collectives se disloquer depuis 200 ans : la religion à partir de la fin du 19ème siècle, la Nation avec son « dépassement » par la construction européenne, et progressivement la cellule familiale avec le divorce généralisé, le wokisme et le phénomène trans. Serait-ce maintenant le tour des entreprises, autres organisations collectives humaines ?

 

[1]Source Natixis  https://research.natixis.com/Site/fr/publication/OpJ8D_WOoc8CcMyuecoHaw%3D%3D

[2] Source Statista https://fr.statista.com/infographie/31365/evolution-du-pourcentage-de-salaries-au-smic-en-france-et-du-montant-du-salaire-minimum/

[3] Source Insee https://www.insee.fr/fr/statistiques/5412794

[4]  Source https://www.lesechos.fr/economie-france/social/sante-mentale-1-salarie-sur-2-sestime-en-detresse-psychologique-2031075

L’UE va-t-elle envoyer les économies européennes par le fond avec des politiques économiques absurdes ?

La croissance est durablement faible en Europe

La croissance s’approche du niveau 0 en Europe. Sur les deux derniers trimestres, l’Allemagne est en récession de 0,8%, la France en croissance 0, l’Italie est à +0,6%, l’Espagne est la seule rescapée avec +2%, peut-être en partie parce qu’elle est sortie du marché européen de l’électricité et de ses prix élevés. La situation de l’Allemagne est « dramatique », alerte même le ministre allemand de l’économie dans Les Echos. Pire, la croissance est durablement faible en Europe, le problème devient donc structurel.

La croissance en Chine est faible et le pays semble durablement affecté par une crise de croissance. Si les Etats-Unis semblent se porter mieux, la croissance est obtenue grâce à un déficit public creusé à 7% du PIB, avec des ménages américains hyper endettés et au bord du craquage financier.

L’angoisse devant le déficit et la dette publique monte en Europe.

La dette publique atteint des niveaux dangereux.

Le risque est grand qu’une Europe dogmatique commette les mêmes erreurs qu’en 2011-2013.

L’Allemagne vient de faire un plan d’économie de 17 milliards d’euros pour 2024, la France de 16 milliards d’euros (la coupe de 10 milliards d’euros dans les dépenses publiques et la hausse des taxes sur l’électricité de 6 milliards d’euros du 1er février 2024). Les règles de contrainte budgétaire de l’UE légèrement modifiée s’appliquent à nouveau à 12 Etats en « déficit excessif ». L’Italie grevé par un déficit public de 5% du PIB et d’une dette publique de 144% du PIB devra aussi faire un effort. Cette demande de Bruxelles de couper dans les déficits, au moment où la récession est proche, est d’autant plus étonnante que le budget de l’UE a été augmenté début février de 65 milliards d’euros, dont 10 milliards d’euros pour les migrants et 50 milliards pour l’Ukraine. Macron a accordé 3 milliards d’euros à l’Ukraine tout en demandant des économies de 10 milliards d’euros aux Français. Tout est toujours payé par les nationaux en faveur de l’étranger : c’est la marque de la politique européenne.

Faire des coupes dans les dépenses publiques au moment où l’économie européenne flirte avec la récession risque de faire plonger les européens pays dans la récession : ces dépenses sont utilisées pour payer des fonctionnaires qui ensuite consomment dans leurs pays ou pour commander à des entreprises privées ce qui crée inévitablement de la richesse. Ces baisses de dépenses publiques seront autant de PIB en moins pour les pays de l’UE, et donc autant de recettes fiscales en moins pour les pays. Cela nous rappelle le douloureux épisode de la crise européenne de 2011 à 2013 où les politiques austéritaires ont fait plonger en récession violente tout le sud de l’Europe, faisant baisser les recettes fiscales des Etats et aggravant le déficit et la dette publique dans un cercle vicieux. Bien entendu, 10 ans plus tard, la mémoire de ces évènements subsiste à Bruxelles et la rigueur est moins radicale. Cependant, les mêmes causes idéologiques risquent d’avoir les mêmes effets concrets.
Les autres conséquences des coupes dans les dépenses de l’Etat sont connus : cela signifie moins de fonctionnaires alors même que l’hôpital public, la police, la justice, l’enseignement fonctionnent de manière de plus en plus dégradée à cause de l’insuffisance de personnel correctement payé et traité, tout cela étant dû à la rigueur passée. La destruction des services publics risque bien de continuer.

Rappel de la grande récession de l’Europe du Sud en 2011-2013 déclenchée par les politiques d’austérité européennes.

Quel est le véritable problème de l’Occident ?

Les déficits publics sont importants en Occident. Ils sont dus nous le verrons à une insuffisance de croissance et non une gabegie de dépenses publiques. Empilés depuis 50 ans, ces déficits fabriquent une dette publique très élevée (110% du PIB en France, 123% du PIB aux Etats-Unis, 144% du PIB en Italie).

La montée en flèche de l’endettement en Occident accompagne les politiques néolibérales.

Le fabriqué en Europe est sans cesse menacé par les importations dues au libre-échange, les délocalisations d’usines. Les Etats européens tentent d’augmenter la compétitivité des entreprises en baissant les charges à coup de dizaines de milliards d’euros. Cela creuse sans cesse le déficit public. Comme la croissance est faible, des plans de relance réguliers sont maintenant adoptés pour échapper à l’atonie générale. Cela creuse encore le déficit public. Les Etats européens et les Etats-Unis se sont ainsi placés dans un cercle vicieux d’endettement et d’appauvrissement. La croissance moyenne ne fait que baisser. De 3 à 4% par an dans les années 70, la croissance en Europe est passée en dessous de 1% depuis quelques années. Protégeant mieux leur industrie, les Etats-Unis surnagent avec une croissance de 2% par an.

Destruction de l’industrie et baisse de productivité

Le véritable problème, c’est la destruction lente de l’industrie occidentale.

Après avoir fortement baissé, la production industrielle est maintenant étale en Espagne, Italie, France et Royaume-Uni. Elle plonge de 15% en Allemagne depuis 2017. La production de l’industrie a certes tenu aux Etats-Unis mais relativement au PIB, elle est de plus en plus petite et ne peut soutenir la croissance de tout le pays. Comme le dit justement Emmanuel Todd, le PIB américain est devenu gazeux. Il tient par la montée de la dépense par endettement, des myriades de services qui ne servent pas à grand-chose et la production importée de l’étranger. Le problème pour les Etats occidentaux est le suivant : l’industrie est le seul secteur qui permet d’avoir des gains de productivité constants, de produire plus pour chaque personne employée, et donc d’obtenir une croissance de la richesse produite, du PIB.

L’industrie se porte mal car l’Occident n’en a cure : la hausse du prix de l’énergie en Europe est une catastrophe pour l’industrie (Sanctions contre la Russie et marché européen de l’électricité), les accords de libre-échange favorisent les délocalisations d’usines et l’importation de biens, la financiarisation abîme les entreprises de l’intérieur (voire la partie 2 de cet article, à suivre), l’absence de stratégie industrielle et de planification par l’Etat empêche tout rebond de l’industrie.

La baisse de la production industrielle est la raison pour laquelle fleurissent nombre d’articles articles de presse sur la mystérieuse baisse de la productivité en France, au Royaume-Uni etc.

Ainsi, le PIB par emploi baisse en France, la productivité par tête baisse.

Quand la productivité baisse, le PIB par emploi donc la richesse générée par emploi baisse et le niveau de vie de la population baisse forcément. La baisse de la productivité permet aussi à l’inflation de s’envoler par bouffée, puisque les prix ne sont plus écrasés structurellement par la baisse de la productivité. C’est le signe de la fin du cycle long économique, d’un modèle économique qui déraille.

Avec des politiques économiques dogmatiques issues des années 80, l’Occident arrive ainsi simultanément à détruire sa croissance et son industrie, à faire augmenter sa dette publique jusqu’à des niveaux insoutenables, à détruire ses services publics et à appauvrir les classes populaires et moyennes.

 

Un autre futur est possible

Le capitalisme financiarisé et mondialisé, compagnon de l’appauvrissement de l’Occident, doit être remisé au placard au bénéfice d’un capitalisme régulé et industriel, compagnon de la prospérité des pays. Le jour où l’Occident l’aura compris, nombre de problèmes pourront enfin être réglés. Concernant la France, cela passe évidemment par la sortie de l’Union Européenne dont les dogmes sur les « bienfaits » du libre-échange et contre l’Etat stratège, la planification et toute aide d’Etat sont bien connus. L’Union Européenne et sa cohorte de médiocres politiques européistes qui accompagne sa construction est le problème, elle n’est pas la solution.

Finissons par une note d’espoir : avec un bon modèle économique, une dette publique importante diminuera fortement comme cela a été le cas après-guerre. De 200% du PIB en 1945, la dette publique de la France a reculé jusqu’au niveau de 7% du PIB en 1973 grâce au capitalisme régulé et planifié des trente glorieuses. Finance règlementée, Etat stratège, planification et politique économique axée sur le développement de l’industrie en sont les recettes.

Le déficit public et la dette publique ne forment pas une mâchoire qui nous broiera inéluctablement, d’autres choix sont possibles. Les trente glorieuses ne sont pas un miracle tombé du ciel, elles sont dues à l’intelligence d’une génération de décideurs dont nous devons nous inspirer. Si nos pays aujourd’hui riches ne retrouveront pas la croissance échevelée de 4 à 5% de l’après-guerre, une croissance élevée entre 2 et 3% est possible. Elle permettra de résoudre nombre de problèmes apparus depuis 50 ans : retraite, emploi, réduction des inégalités, services publics de qualité, ressources suffisantes pour réaliser la transition écologique et pacification politique du pays.

Graphique sur 100 ans de la dette publique en France.

 

Alerte rouge sur l’économie européenne

Personne ne semble s’en être rendu compte mais la croissance semble avoir disparu en Europe. Depuis 2017, l’Allemagne a eu 0.1% de croissance par an, l’Italie 0.2%, la France 0.5%, l’Espagne 0.6%. Le Royaume-Uni est à un peu moins de 1% par an, les Etats-Unis à 2% par an.

Le déclassement économique sans fin de l’Europe

L’économie du Vieux continent s’est comme arrêtée. Les raisons en sont une politique économique plutôt mal calibrée menée par Bruxelles, une désindustrialisation liée au libre-échange avec les pays à bas salaires, une relative absence dans les industries d’innovation et bien sûr le vieillissement de la population (qui est cependant équivalent pour le Royaume-Uni et la France au vieillissement de la population des Etats-Unis). Les Etats européens sont aujourd’hui en très mauvaise posture avec peu de croissance, de gros déficits publics et des dettes publiques très élevées.

Les stratégies économiques choisies, développement de l’ubérisation et des bas salaires plutôt que d’emplois de qualité et de long terme, font baisser la productivité. En France, chaque emploi génère de moins en moins de PIB chaque année, ce qui est inédit. Depuis 2017, la baisse est de 3% selon les chiffres de l’Insee. Bien entendu, cela entraîne mécaniquement l’appauvrissement global des individus et de la nation toute entière. Il en est de même dans les autres grands pays européens.

Suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’Europe a décidé de prendre des risques majeurs à long terme en arrêtant ou en amoindrissant le flux d’achat d’énergie russe : gaz, pétrole et charbon. Ces échanges avec la Russie permettaient à une Europe sans gisements d’énergie de bénéficier de prix d’énergie attractifs et de les payer par des exportations vers la Russie et donc des emplois sur son sol. Le différend avec la Russie et la hausse des prix de l’énergie en Europe durera et contribuera à la désindustrialisation, à la baisse des emplois bien payés et donc à l’absence de croissance du vieux continent.

Tant d’erreurs de stratégies économiques peuvent nous faire craindre qu’il n’y ait plus (ou quasiment plus) de croissance en Europe tant que nous ne changerons pas de modèle économique. Pire, les conditions de vie des jeunes se sont tant dégradées (emplois précaires et souvent mal payés, immobilier hors de portée de leurs bourses, colocation et avenir bouché) que les jeunes font de moins en moins d’enfants : même la France et le Royaume-Uni qui résistaient avec environ 2 enfants par femme voient leurs taux de fécondité baisser à 1.6  enfant par femme. La boucle de rétroaction entre le mauvais état de l’économie et la démographie génère, le terme est un peu fort mais réel, une spirale négative et dangereuse pour nos pays.

Les dangers à court terme

L’Union Européenne a décidé qu’il était temps de remettre les Etats à l’austérité budgétaire. Il a ainsi été recommandé aux Etats d’arrêter les aides publiques sur l’énergie. Ce « bouclier » qui coûte environ 50 milliards d’euros par an en France va être arrêté progressivement. Ce sera un peu moins de déficit et de dette publique mais ce sera aussi 50 milliards d’euros de consommation en moins. L’austérité va réduire mécaniquement la croissance au moment où celle-ci est déjà nulle. Un signal : l’indicateur avancé de l’industrie allemande est au même niveau que lors de la grande récession de 2009. Faire de l’austérité quand on frise la récession, c’est l’assurance de basculer plus encore dans la récession.

Un moteur important de la croissance en Europe était la hausse quasi continue des prix de l’immobilier et son effet d’enrichissement. Avec la forte hausse des taux d’intérêts due à l’inflation, l’immobilier voit ses prix baisser tant pour le logement que pour le bureau (affecté qui plus est par le télétravail). Cet autre moteur de croissance s’éteint au moment où la consommation baisse. La guerre en Ukraine commence à changer l’ordre géopolitique mondial. L’Arabie Saoudite défie les Etats-Unis et rejoint les Brics ainsi que l’Iran. Aussi, l’OPEP et la Russie refusent de laisser baisser les prix du pétrole en période de faible croissance. L’Arabie Saoudite coupe sa production quand les prix font mine de baisser. Le pétrole est aujourd’hui à 86 dollars le baril, un prix très élevé en période de faible croissance et les consommateurs et les entreprises s’en rendent compte quand ils passent à la pompe.

L’économie européenne et chinoise vont mal, et tous les indicateurs montrent que le consommateur américain, résistant mais saturé de dettes, est lui aussi en train de craquer. Les trois grandes zones économiques mondiales sont en train de se synchroniser à la baisse.

Prévisions moroses

Il est très probable que tout cela débouche sur une récession en Occident, récession qui pourrait être assez grave pour déclencher un début de crise financière. L’Europe qui n’a déjà plus de croissance pourrait s’enfoncer un peu plus dans des problèmes économiques et financiers insolubles et pire dans des problèmes sociaux et donc politiques. 16% des Français ne mangent déjà pas à leur faim aujourd’hui d’après un rapport du Crédoc (source https://www.capital.fr/conso/16-des-francais-ne-mangent-pas-a-leur-faim-1468899 ). Qu’en sera-t-il après une récession et une austérité européenne ? Certes, l’Union Européenne dépense actuellement l’énorme plan de relance post covid de 750 milliards d’euros mais ses effets sur l’économie ont l’air plus faibles que les facteurs négatifs à compenser.

Oui, l’alerte rouge est bien déclenchée sur le Vieux continent. Malheureusement, la classe politique, habituée à une croissance économique en capilotade et engagée dans la création d’écrans de fumée (relativisation des problèmes plutôt que résolution des problèmes, opérations de communication), s’est enfumée elle-même, n’a pas compris l’ampleur des difficultés qui menacent la France et n’a aucune solution à lui offrir.

Appauvris par l’inflation, nous le serons plus encore par la récession.

 

Une récession à court terme en Europe.

Tous les indicateurs pointent vers une entrée en récession rapide de la zone euro et de la France. La croissance a été négative au 3ème trimestre 2023, elle le sera encore au 4ème trimestre.

En France, il faut remonter à 2009 pour retrouver un indicateur de la croissance dans l’industrie aussi négatif : cela n’étonnera personne vu la hausse des prix de l’énergie qu’encaissent nos usines. La situation est à peu près aussi mauvaise dans les services.

L’économie européenne va entrer en récession, la France aussi.

L’inflation annuelle due à la forte hausse des prix de l’énergie est revenue en Europe à des niveaux raisonnables de 2,4% (3,9% en France qui est un peu en retard) et l’inflation ne devrait pas être un problème l’année prochaine en Europe, à moins d’un nouveau choc externe. Mais la Banque Centrale Européenne a combattu l’inflation par des hausses de taux d’intérêt afin de faire baisser la demande, les prix, de peser sur les salaires grâce à une hausse du chômage. Elle est parvenue à ses fins.

L’inflation est assagie, nous basculons maintenant en récession. Et les mauvais signes s’accumulent : les loyers impayés ont augmenté de 300% en région parisienne[1], les faillites de PME retrouvent leur niveau de 2009[2] et le chômage recommence à augmenter.

La stratégie différente des USA

Les Etats-Unis ont une croissance relativement élevée malgré des indicateurs des entreprises proches de la récession. Il y a derrière les derniers chiffres du 3ème trimestre, 5% de croissance, un réel mystère : l’économie américaine irait très bien alors que les ménages américains et les entreprises jugent qu’elle va mal. Passons. Une des explications de la bonne tenue de l’économie américaine en 2023 est la hausse des dépenses publiques très importante engagée par Joe Biden amenant un déficit public en 2023 de 7,4% du PIB après 3,5% en 2022[3]. L’inflation est revenue à 3% pour l’ensemble des biens et services, et à 4% quand on exclut les parties volatiles que sont l’énergie et l’alimentation. Malgré cette inflation non éteinte, la banque centrale américaine, la FED, a profondément surpris les marchés financiers en leur promettant trois baisses de taux pour 2024. Les marchés boursiers américains ont été habilement tenus par la FED en 2022-2023 pour empêcher l’effondrement du château de cartes que constituent les marchés financiers et la dette américaine : malgré des taux à 10 ans passés de 1% à 5% en deux ans, la bourse était restée proche de ses niveaux records, un résultat extraordinaire obtenu par le patron de la FED. La décision très risquée de la FED d’annoncer des baisses de taux bien que l’inflation reste « collante », a permis à la bourse américaine de franchir ses précédents records. Les stratèges boursiers américains se perdent en conjectures : cette décision est-elle due à des risques de krach financier majeur que seuls certains initiés appréhendent correctement ou bien s’agit-il d’une décision « politique » afin de sauver les chances de Biden de gagner l’élection présidentielle en 2024 ? On rappellera que les sondages donnent aujourd’hui et de plus en plus l’avantage à Donald Trump, les Américains étant très déçu par le mandat de Joe Biden tant pour ses résultats économiques jugés mauvais que pour le problème d’immigration incontrôlée à la frontière sud des Etats-Unis.

Cette décision d’annoncer trois baisses de taux, de faire bondir la bourse, baisser le dollar, et assouplir les conditions financières alors que l’inflation n’est pas éteinte est très risquée. Il est fort possible que l’inflation réapparaisse brusquement fin 2024 ou début 2025 et que tout soit à refaire. Il est fort possible qu’une Russie en conflit avec l’hégémon américain, fasse tout ce qui est en son pouvoir pour que les prix de l’énergie bondissent en 2024, causant de grandes difficultés à l’empire américain avec un retour de l’inflation. Sachant que le déficit public est déjà de 7% du PIB en 2023 en période de croissance et de chômage faible, que se passerait-il si les Etats-Unis connaissait une période de récession profonde ? Le déficit public américain était passé de 3% à 11% du PIB entre 2007 et 2009. On comprend que les Etats-Unis avec leur dette publique de 120% du PIB et leur déficit public record de 7% sont en risque d’entrer dans un mécanisme de trappe à dettes : une dette publique devenue ingérable. Nous n’en sommes pas là mais le risque pointe à l’horizon.

Pour le moment, on peut dire que l’économie américaine devrait bien mieux se porter que l’économie européenne en 2024 et cette décision de la FED fait courir des risques supplémentaires à l’économie européenne pour 2024 et 2025.

La stratégie européenne

La stratégie de l’Union Européenne est fort différente. La BCE a annoncé qu’elle ne baissera pas ses taux d’intérêt rapidement alors même que les pays de la zone euro sont quasiment en récession. L’Union Européenne a demandé en juillet aux Etats membres de supprimer les « boucliers » sur l’énergie et la politique générale d’austérité fait son retour pour éviter le dérapage des déficits publics. Le gouvernement Macron a ainsi expliqué que les tarifs de l’électricité augmenteront de 10% début 2024 car la taxe intérieure sur l’électricité de 9 milliards d’euros va être réactivée. Le gouvernement a prévu dans sa loi de finance une baisse de 15 milliards d’euros des dépenses publiques, compte tenu de l’inflation. Pratiquer l’austérité dans un contexte de récession amènera comme c’est toujours le cas à amplifier la récession et potentiellement le déficit public. On se rappellera de cette politique absurde début 2010 qui conduira toute l’Europe à une crise des dettes publiques et à être le trou noir de la croissance mondiale entre 2010 et 2015. Cette politique généralisée dès l’année prochaine dans l’Union Européenne avec la réactivation du pacte de stabilité budgétaire amènera la zone euro à une croissance quasi nulle, au pire largement négative. L’histoire semble se répéter.

Qui plus est, la croissance est quasi nulle dans une Europe où les grands pays ont une croissance très faible depuis 20 ans. La croissance de l’Italie est quasi nulle depuis fin 2000 ; idem pour l’Allemagne depuis fin 2017 et pour la France depuis fin 2019.

L’économie européenne n’a plus de croissance tout simplement parce que l’industrie fuit un vieux continent qui ne la protège pas, un continent qui ne se soucie pas de ce qui est la clé de la prospérité. Une économie qui ne produit plus mais qui se contente d’importer est une économie finie.

Et les politiques d’énergie chères (marché européen de l’électricité, sanctions sur l’énergie russe et taxes carbone) vont un peu plus casser, délocaliser notre industrie. Depuis 2017, l’Allemagne a vu sa production industrielle décrocher de 15%, le rythme le plus rapide du continent. Si même la puissance industrielle du continent européen ne s’en sort plus, comprenons que tout espoir de voir les pays européens se réindustrialiser avec de telles politiques économiques est vain.

Conclusion

Notre politique économique sans queue ni tête nous emmène vers un ciel noir : une récession d’abord, un appauvrissement des citoyens ensuite, un affaiblissement inéluctable de nos économies pour finir. Le risque sera alors une crise des dettes publiques, enclenchant à son tour de nouveaux reculs économiques et sociaux.

Quel parti politique aura le courage de proposer de mettre fin à ces politiques profondément destructrices ? Car le déclin n’est pas inéluctable, il dépend avant tout de nos choix politiques.

 

[1] « Les loyers impayés explosent, les profils des mauvais payeurs changent » https://rmc.bfmtv.com/actualites/economie/immobilier-les-loyers-impayes-explosent-les-profils-des-mauvais-payeurs-changent_AV-202311010286.html Immobilier: les loyers impayés explosent, les profils des mauvais payeurs changent (bfmtv.com)

[2] Source Banque de France.

[3] En corrigeant les chiffres d’une astuce budgétaire du gouvernement Biden, pour enjoliver son bilan: l’annulation des prêts étudiants a permis de reporter 2% du PIB du déficit de 2023 à l’année 2022.

La crise financière qui vient.

Après 40 ans d’absence dans le monde occidental, l’inflation a brutalement ressurgi en 2022. Les causes en sont diverses : utilisation excessive de la planche à billets pendant 12 ans pour faire tenir le système financier occidental, goulots d’étranglement dans une économie mondialisée avec zéro stock pendant et lors de la sortie de crise du covid, hausse du prix des matières premières pendant la phase de reprise économique et accélération après les sanctions contre la Russie, plan de relance excessif du gouvernement américain etc.

L’inflation a atteint son pic aux Etats-Unis à 9% en Juin 2022 et est depuis redescendue à 6,4%. Le pic de l’inflation en Europe est atteint en Octobre 2022 à 10,6%, celle-ci est ensuite redescendue à 9,2%. Les banquiers centraux ont tout fait pour obtenir ce résultat avec une hausse des taux d’intérêt à court terme, ceux-ci passant de 0 à 4% aux Etats-Unis et de 0 à 2% en Europe. L’objectif avoué était de fabriquer une récession, du chômage, des hausses de salaires nulles et donc une baisse de l’inflation.

Notons que la hausse des taux a été bien gérée par les banques centrales et n’a pas entraîné de panique financière, une première depuis le début de la décennie 1990. L’activité a ralenti fortement mais au refroidissement de l’activité économique ne s’est pas ajoutée une crise financière entraînant à son tour un refroidissement économique dans une spirale de rétroaction négative. On se rappellera de l’effet de la faillite de Lehman Brothers en 2008 entraînant l’économie mondiale dans les abysses. Les banquiers centraux ne veulent plus jamais voir une telle crise pour laquelle ils seraient pointés du doigt et jouent aux petits malins pour l’éviter.

En flattant ou refroidissant selon les moments les marchés financiers, les banquiers centraux ont atteint partiellement leur objectif : les marchés d’action sont plutôt stables depuis plusieurs mois et les marchés de dette privée ne montrent pas de forte inquiétude. Les Américains consomment toujours, mais de plus en plus à crédit. Leur taux d’épargne est descendu en dessous du niveau atteint avant la crise de 2008. Souvent, le consommateur américain tient jusqu’à la rupture puis lâche d’un coup. C’est pour ça qu’on a pu voir, chose inimaginable en France, des yachts de riches américains ruinés boucher certains canaux aux Etats-Unis pendant la crise de 2008-2009.

Cependant, cet atterrissage en douceur empêche l’inflation de ralentir assez rapidement. Gonflée de dette et de déficit, l’économie et la finance américaine ont pourtant besoin de taux d’intérêt très bas pour fonctionner ; les taux y ont été proches de 0% pendant 12 ans. Il est quasiment inévitables qu’habitués à l’argent gratuit, de nombreux acteurs privés ont pris des risques très, trop importants. Les acteurs les plus endettés peuvent tenir longtemps avec des taux à 0% mais étouffent avec des taux à 4%. Revlon, FTX se sont déjà déclarés en faillite, et Bed Bath and Beyond en est tout proche. Plus le temps passe avec des taux élevés, plus le nombre d’acteurs en difficulté croitra.

La contradiction entre le besoin de taux bas pour que la finance tienne et le besoin de taux élevé pour que l’inflation ralentisse est presqu’impossible à résoudre. Aussi, il y a une forte probabilité qu’une crise financière se déclare cette année. Comme le disait le milliardaire et financier américain Warren Buffet, « c’est quand la mer se retire qu’on voit ceux qui se baignent nus ». Cela signifie que nous découvrirons, lorsque la crise financière se déclenchera, quels sont les secteurs ayant pris des risques si importants que des faillites financières s’y déchaînent.

 

Que se passe-t-il si la France remplace son électricité nucléaire par des éoliennes, du solaire et du gaz ?

Si la France ferme toutes ses centrales nucléaires et les remplace par des panneaux solaires, éoliennes et centrales gaz comme le veulent les écolos, que se passe-t-il ?

 

Consommation annuelle d’électricité en France : 470 Twh.

Production nucléaire en France 400 Twh par an.

La production d’électricité est de 2000 heures par an pour les éoliennes et de 1100 heures par an pour les panneaux solaires soit 35% du temps pour le cumul des deux électricités. 65% du temps, quand pas de vent ou de soleil, il faut donc activer des centrales au gaz pour produire de l’électricité.

 

Emission de CO2 si nucléaire remplacé par ENR & gaz: 110 Millions de tonnes !

Emission de CO2 de l’électricité gaz 418 g par kwh, nucléaire 4 grammes par kwh, solaire et éolien 30 g par kwh à 400*1000000000*(65%*418+35%*30-100%*4)/ 1012=110 Millions.

 

En remplaçant l’électricité nucléaire par

l’électricité des éoliennes, des panneaux solaires et du gaz (quand ni vent ni soleil),

les émissions de CO2 de la France passeraient de 300 millions à 410 millions de tonnes par an !

 

Les écolos d’EELV veulent une solution énergétique pour la France

avec des émissions de CO2 annuelles en hausse de 35% !

La fermeture de la centrale de Fessenheim augmente les émissions de CO2 de la France de 2,8 millions de tonnes chaque année !

La fermeture de la centrale de Fessenheim augmente les émissions de CO2 de la France de 2,8 millions de tonnes chaque année !

 

La centrale de Fessenheim émettait 0.04 millions de tonnes de CO2 par an.

La production d’électricité de Fessenheim est de 10 milliards de kwh d’électricité par an. Fessenheim émet 4 grammes de CO2 par kwh produit[1]. Fessenheim émet donc chaque année 0,04 millions de tonnes de CO2 (Calcul : 10*109*4/1012=0,04).

 

Fessenheim sera remplacée par un mix panneaux solaires, éoliennes et centrales au gaz. Le mix panneaux solaires/éoliennes/centrale gaz remplaçant Fessenheim émettra 2.82 millions de tonnes de CO2 par an.

La façon la plus propre pour remplacer l’électricité de Fessenheim est de produire de l’électricité avec des énergies renouvelables éoliennes et solaires complétées par une centrale au gaz lorsqu’il n’y a pas assez de vent ou de soleil, la nuit par exemple. Dans le meilleur des cas, à cause des périodes sans vent ou sans luminosité, les éoliennes et les panneaux solaires produiraient 35% de la production d’électricité avec peu d’émission de CO2 et la centrale au gaz 65% avec beaucoup d’émission de CO2[2]. Le calcul, simple, montre que Fessenheim émet 30 fois moins de CO2 que le couple énergies renouvelables et gaz[3] nécessaire pour la remplacer.

Une centrale au gaz émet 418 grammes de CO2 par kwh[4] produit quand le couple éolienne et solaire émet en moyenne 30 grammes de CO2 par kwh produit[5]. Le couple énergie renouvelable centrale au gaz émettra donc chaque année 2,8 millions de tonnes de CO2 (Calcul: 65%*(10*109*418/1012)+35%*(10*109*30/1012=2,82)

 

 

Coût de la fermeture de Fessenheim en CO2: 2,8 millions de tonnes de CO2 par an.

 

 

[1] Emission de CO2 pour un kwh d’électricité nucléaire et un kwh d’électricité fabriqué par une centrale gaz https://www.lemonde.fr/blog/huet/2022/06/22/nucleaire-4-g-de-co2-par-kwh/

 

[2] En France, une éolienne produit environ 2000 heures par an quand un panneau photovoltaïque produit 1100 heures par an. En additionnant les deux, ce qui est simpliste mais donne le résultat le plus favorable pour les énergies renouvelables, nous arrivons à 3100 heures par an soit 35% du temps. Le calcul réel est complexe, tient compte de la courbe réelle de consommation nationale d’électricité et de production prévisible heure par heure des énergies renouvelables, de la présence de vents et de soleil au niveau local quand il ne l’est pas au niveau national mais les ordres de grandeur sont acceptables.

[3] La production de Fessenheim est de 10 milliards de kilowatt-heure d’électricité par an. Fessenheim émet 4 grammes de CO2 par kilowatt-heure produit. Fessenheim émet donc chaque année 0,12 millions de tonnes de CO2 (Calcul : 10*109*12/1012=0,12).

3,3 millions de tonnes de CO2 (Calcul : 65%*(10*109*490/1012)+35%*(10*109*30/1012=3,29)

 

[4] Emission de CO2 pour un kwh d’électricité nucléaire et un kwh d’électricité fabriqué par une centrale gaz https://www.lemonde.fr/blog/huet/2022/06/22/nucleaire-4-g-de-co2-par-kwh/

 

[5] Emission de CO2 pour un kwh d’électricité solaire et un kwh d’électricité d’électricité éolienne https://www.lemonde.fr/blog/huet/2022/06/22/nucleaire-4-g-de-co2-par-kwh/

 

La France a économisé grâce aux centrales nucléaires en activité depuis 1977 20 ans d’émissions de CO2 (Niveau de 2019) !

La France a économisé grâce aux centrales nucléaires en activité depuis 1977 plus de 20 ans d’émissions de CO2 (Niveau de 2019) !

La production nucléaire de la France depuis 1977 est de 14.000 milliards de kwh. L’électricité nucléaire émet 4 grammes de CO2 par kwh[1] produit contre 418 grammes de CO2 pour les centrales au gaz.

Si la France avait installé des centrales au gaz au lieu des centrales nucléaires, elle aurait émis 5800 millions de tonnes de CO2 de plus.

(Calcul: 14000*1000000000*(418-4)/ 1012)=5796).

La France a émis environ 300 millions de tonnes de CO2 en 2019 (source Banque Mondiale[2]).

La France a donc économisé grâce aux centrales nucléaires en activité depuis 1977 environ 20 ans des émissions de CO2 (Niveau de 2019) !

Graphique de la production nucléaire en France en Twh (1 milliard de kwh), source gouvernement français[3]

 

 

 

 

 

 

[1] Emission de CO2 pour un kwh d’électricité nucléaire et un kwh d’électricité fabriqué par une centrale gaz https://www.lemonde.fr/blog/huet/2022/06/22/nucleaire-4-g-de-co2-par-kwh/

[2] Emission de CO2 de la France, Banque Mondiale https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/EN.ATM.CO2E.KT?locations=FR

[3] production nucléaire en France, source gouvernement français https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/edition-numerique/bilan-energetique-2020/16-34-baisse-de-la-production

La crise énergétique est en train de déclencher une récession violente et potentiellement durable en Europe.

Avant le déclenchement de la guerre en Ukraine, fin janvier 2022, l’inflation était déjà à un niveau très élevé aux Etats-Unis : 7,5%. Des pertes de pouvoir d’achat de 3% pour les ménages américains y ont déclenché une baisse de la consommation et une récession au 1er et 2ème trimestre 2022. Avec la hausse des prix de l’énergie et l’inflation qui perdure, la récession n’est bien sûr pas terminée. L’Europe était et est aujourd’hui dans la même situation, en pire.

Peu après le déclenchement de la guerre, les Européens décidèrent d’appliquer progressivement un embargo sur le pétrole, le charbon et enfin sur le gaz russe. Sur le gaz, Poutine les a pris de vitesse et a mis en place un quasi embargo avant que l’embargo européen ne s’applique. Ces sanctions ont presque fait doubler le prix du pétrole et du charbon et multiplié par 10 à 20 le prix du gaz livré en Europe. Cette décision de l’Union Européenne de se couper d’un tiers de son approvisionnement en énergie est du jamais vu et ressemble malheureusement à un suicide économique de l’Europe. La perte de pouvoir d’achat des ménages liée à l’inflation atteint aujourd’hui 5% en Europe, ce qui déclenchera rapidement une récession.

Mais il y a bien pire encore. Si le pétrole et le charbon sont des produits facilement transportables dont l’Europe ne devrait pas manquer, il n’en est pas de même pour le gaz. Il se transporte dans des pipelines nécessitant 5 à 7 ans de construction ou par une flotte de bateaux méthaniers accompagnée d’usines de liquéfaction et de gazéification qui nécessiteront 5 ans de construction. Sans compter le temps pour les pays producteurs d’augmenter fortement leur production pour l’Europe. Nous avons donc un problème de manque de gaz insoluble à court terme, qui se résoudra dans 5 ans minimum. 20% de l’énergie et de l’électricité proviennent du gaz en Europe. 40% du gaz provenant de Russie, il manquera environ 8% d’énergie et 8% d’électricité en Europe cet hiver.

Concernant la France, le parc nucléaire est à moitié à l’arrêt. EDF a été malmenée depuis une vingtaine d’années. L’Arenh décidé par Sarkozy sur injonction de l’Union Européenne l’oblige à vendre 20% de son électricité en dessous de son coût de revient à des concurrents privés, ce qui l’affaiblit chaque année d’avantage. EDF a été introduite en bourse et a dû s’occuper de ses dividendes et actionnaires privés plus que de la maintenance à long terme de ses centrales nucléaires. Enfin, Hollande puis Macron décidèrent de fermer en 2020 Fessenheim, Macron écrivant dans la loi que 10 autres centrales nucléaires seraient fermées en 10 ans. Cette attrition du nucléaire et la parole de feu des médias contre cette énergie a rendu difficile l’embauche de jeunes ingénieurs et soudeurs pour la maintenance des centrales. Cette filière n’était pas une filière d’avenir. Voilà comment nous sommes arrivés au point où la moitié des centrales soient aujourd’hui fermées. Posons l’hypothèse raisonnable qu’EDF réussisse à avoir trois quart de ses centrales nucléaires en production cet hiver. Nous devrons malgré tout importer beaucoup plus d’électricité que les autres années lors des pics de consommation de l’hiver. Or, les autres pays européens seront en pénurie à cause du manque de gaz et ne nous en vendront pas. Nous aurons donc de fortes pénuries d’électricité cet hiver, parfois plusieurs jours de suite selon mes calculs faits à partir de la consommation d’électricité de l’année 2019 (données open source de RTE) et d’économies d’énergie réalistes. Bien sûr, le niveau des températures jouera aussi un rôle amortisseur ou amplificateur.

Il y aura aussi de possibles pénuries de gaz et au minimum un gaz très cher en France cet hiver. Bien que la France ne soit dépendante de la Russie qu’à hauteur de 10-15%, Macron a décidé de vendre un montant représentant annuellement 10% de notre consommation de gaz à l’Allemagne pour aider notre voisin dépendant à 55% du gaz russe !

Pénuries d’électricité et de gaz, énergie chère seront donc au rendez-vous. Pire, l’Union Européenne a construit un « marché européen du gaz » et « un marché européen de l’électricité » accompagné de nombreux instruments de spéculation et de nombreux spéculateurs. Ces marchés amplifient la hausse des prix. La déréglementation des tarifs du gaz et de l’électricité fait fluctuer violemment les prix payés par les entreprises, chacune étant liée à des opérateurs privés souvent fragiles via des contrats différents, parfois dangereux. Le patron de système U expliquait il y a peu que sa facture d’électricité doublerait en 2023 quand le facteur 4 à 6 a été appliqué pour d’autres entreprises.

Déjà des entreprises françaises énergivores comme Arc, Duralex et Ascométal ferment « temporairement » des usines. La moitié des fonderies européennes ont fermé et une association de grosses entreprises européennes explique qu’elles sont menacées dans leur existence même. Arcelor Mittal, le géant de l’acier, tire aussi le signal d’alarme. La disparition de ces entreprises poserait des problèmes à toute l’industrie localisée en Europe par un effet domino qui peut aller très loin. La récession que nous subirons en Europe risque donc d’être une des plus violentes depuis 1945 et causera des dégâts potentiellement irréversibles à notre tissu industriel.

A cela se rajoutera un élément très défavorable : l’économie vit en zone euro depuis 8 ans avec des taux à 0%. Une bulle de crédit et des bulles d’actifs ont donc été gonflées. La hausse des taux nécessitée par une inflation à 9% en zone euro nécessite d’augmenter fortement les taux d’intérêt. Cela a déjà commencé et cette hausse des taux crèvera inévitablement les bulles d’actifs en Europe comme la hausse des taux américains est en train de crever les bulles boursières et immobilières aux Etats-Unis. A la crise énergétique et économique s’ajoutera donc une crise financière et ses effets amplificateurs. Certes, les ménages seront protégés partiellement par des boucliers tarifaires. Le prix du gaz et de l’électricité n’augmentera que de 15% le 1er janvier en France. La situation pour les ménages dans le reste de l’Europe est bien pire. A cet inconfort d’une vie avec des pénuries d’énergie et des prix élevés de l’énergie, risque de s’ajouter des pertes d’emplois considérables.

Tout cela annonce une véritable tempête économique dans le ciel de l’Europe. Et elle risque de durer car les problèmes de manque d’énergie en Europe sont des problèmes de moyen terme.

La crise financière qui vient.

La crise énergétique est en train de déclencher une récession violente et potentiellement durable en Europe.

En effet, la crise de l’énergie accélère la crise inflationniste qui existait avant la guerre en Ukraine. Cette inflation détruit le pouvoir d’achat des ménages et génère une baisse de la consommation et donc une récession économique. La crise de l’énergie va causer une nouvelle vague de désindustrialisation et de délocalisations vers l’Asie et les Etats-Unis. Cela concernera d’abord les industries les plus énergivores puis par ricochet les industries de produits finis. Si nous avons affaire à des pénuries d’énergie (ce sera probablement le cas), alors nous aurons aussi un chaos économique : combien de congélateurs de nourriture perdue chez les ménages et les entreprises, quelles seront les incidences indirectes des fermetures d’usine, des coupures de téléphonie mobile ou d’internet ? Personne ne le sait.

Enfin, il apparaît que certains agriculteurs cultivant des légumes sous serre risquent la faillite à cause du gaz hors de prix. La production d’engrais réalisée à partir de gaz s’effondre en Europe et ailleurs ce qui pourrait occasionner de faibles rendements agricoles et une crise alimentaire. La crise énergétique et économique pourrait déboucher sur une crise alimentaire, la pire crise possible. Quand les gens ont faim, la colère déborde. Cette accumulation de crise pourrait déboucher elle-même sur une crise politique grave.

Le carrefour de crises et cette instabilité globale nous conduit à la possibilité d’une crise financière importante en Occident.

Depuis la crise des subprimes de 2008, l’économie occidentale s’est mise à croître presqu’uniquement grâce à des taux à 0. En effet, l’industrie est la clé de la prospérité. Ce graphique illustre parfaitement ce principe. Les pays aux revenus les plus élevés sont ceux qui défendent, encouragent et ont le plus de production industrielle, les pays aux revenus les plus faibles sont ceux qui négligent ou ont à cause de leur histoire le moins d’industrie.

La désindustrialisation subie par l’Occident suite aux accords de libre-échange signés notamment avec l’Asie (au premier rang la Chine), empêche les économies occidentales de croître grâce à une croissance de la production réelle. Les taux 0 sont donc une obligation pour elles. Les taux 0 allègent le fardeau de la dette et des jours difficiles, permettent d’avoir une croissance de l’économie financière, une croissance de certains patrimoines et de certaines consommations (services financiers, luxe, ameublement…), basée sur la dette et des bulles d’actifs, immobiliers et financiers (bourse, obligations d’état, crypto-monnaies etc.). En résumé, la croissance se fait surtout par les paradis artificiels et non par la croissance de l’économie réelle. Aujourd’hui, cette pelote pourrait se dérouler en sens inverse via une crise financière.

En effet, l’inflation élevée en Occident, en accélération en Europe avec la crise de l’énergie, oblige les banques centrales européennes à avoir des taux assez élevées pour éviter qu’une spirale hausse de prix- hausse de salaires ne s’enclenche. Cette hausse des taux fait naturellement baisser les prix des marchés financiers et immobiliers. Les marchés d’actions et d’obligations américaines ont vu ainsi leurs prix baisser de 20% chacun cette année. Ira-t-on jusqu’à l’éclatement des bulles ?

La crise financière peut arriver par de multiples canaux.

Des banques systémiques comme Crédit Suisse ou Deutsche Bank portent trop de risque, sont trop liées à la spéculation. Ainsi, Crédit Suisse a réussi l’exploit de perdre des milliards d’euros dans les faillites de l’entreprise spéculative Archegos et de la société financière Greenshill, hors de toute crise financière, en 2021. Elle doit payer aujourd’hui des taux d’intérêt 3% au-dessus de l’Etat pour emprunter. Ceci n’est pas tenable pour une banque qui passe alors en marge négative lorsqu’elle prête à des clients. Si ces grandes banques systémiques s’effondrent, le château de carte financier s’effondre et nous pourrions assister comme fin 2008 à un nouveau moment « Lehman Brothers ». Remarquons que les actions des grandes banques européennes ont globalement baissé de 85% depuis 2007 ce qui témoigne d’une santé financière très fragile.

Les fonds de « private equity », sociétés financières qui achètent avec des dettes financières des entreprises déjà naturellement endettées ont investi 10.000 milliards de dollars. Que se passera-t-il si une récession économique occasionne des résultats négatifs qui empêchent le remboursement des dettes ? Quid des entreprises rachetées ?

La crise peut venir des « produits dérivés » financiers. Il y a selon la BRI 800.000 milliards de dollars de produits dérivés dans le monde. Ces contrats financiers risqués sont signés entre les grandes sociétés bancaires, d’assurance, financières en général. Une partie de ce château de cartes peut aussi s’effondrer à tout moment et personne ne connaît et maîtrise le risque financier induit par ces montagnes de risques.

Un exemple a été fourni par l’effondrement de 13% en 15 jours des obligations du gouvernement britannique. Les obligations d’Etat à 10 ans sont des produits peu volatils. C’est l’actif de base des fonds de pension anglais qui ont 3800 milliards de livres sterling d’investissement (les fonds de pension américains pèsent 35.000 milliards de dollars). Ces fonds de pension achètent des obligations d’Etat et un peu d’actifs plus risqués. Ils versent chaque mois une partie importante des retraites des Britanniques avec les intérêts et dividendes qu’ils en retirent. Mais depuis2012, les taux de ces obligations d’Etat ont été proches de 0 (3500 milliards de Livres investis à taux 0 rapportent 0) ce qui mettaient en risque le versement des retraites. Les fonds de pension ont donc pris de plus en plus de risques en achetant des produits dérivés risqués pour un montant de 1800 milliards de livres auprès des banques. Ils ont ainsi augmenté sensiblement le rendement de leurs investissements, tant que les taux 0 étaient de mise. Le revers de la médaille existe : lorsque les taux augmentent fortement, ces stratégies occasionnent d’énormes pertes pour les fonds de pension qu’ils doivent couvrir en envoyant des dizaines de milliards de Livres de cash à leurs banquiers. Certains n’ayant plus de cash ont dû vendre en catastrophe des obligations d’Etat ce qui rajoutait de la baisse à la baisse précédente. C’est ainsi que les obligations d’Etat ont effectué en 15 jours un mouvement de baisse jamais vu. Remarquons que ce processus impose aux fonds de pension de céder à la casse les actifs qui leur permettent de verser des retraites ! Il s’agit donc d’une potentielle catastrophe pour le système de retraite britannique. Un fond de pension a même dû appeler à l’aide la Banque d’Angleterre. La seule solution pour éviter l’effondrement des obligations d’Etat britannique et des fonds de pension a été l’annonce d’achats massifs par la Banque d’Angleterre d’obligations d’Etat pour faire remonter leur prix. Cela a permis de calmer légèrement les marchés financiers qui savent cependant que la situation n’est pas pérenne. En effet, l’achat via l’argent de la banque centrale d’obligations d’Etat, est de la création de monnaie qui génère de l’inflation, inflation qui est justement le problème économique occasionnant la baisse de ces obligations. Le serpent financier se mord la queue.

Il est donc probable qu’une crise financière se déclenche dans les mois à venir et personne n’a aujourd’hui de certitudes sur « quel en sera l’élément déclencheur »; les candidats sont nombreux et parfois cachés. Malheureusement, une crise financière nourrirait la crise économique, rajouterait de la crise à la crise et augmenterait l’instabilité générale.