Le seul remède à la division du camp national

Frexit: les souverainistes éparpillés comme jamaisNicolas Dupont-Aignan et Georges Kuzmanovic, tous deux candidats à la présidentielle Photos: Hannah Assouline

Des personnalités souverainistes sonnent l’alarme dans une tribune parue vendredi dans Valeurs Actuelles. La multiplicité des périls auxquels la France fait face la menace dans son existence même. Le paradoxe posé est simple : les souverainistes qui disent vouloir sauver la France peuvent-ils être éparpillés en une multitude de candidatures à l’élection présidentielle, risquant ainsi la défaite et cinq ans de naufrage supplémentaire à la France ? Ne nous laissons pas aveugler par la colère, sauver la France signifie battre Macron mais aussi tous les candidats équivalents à Macron, de Yannick Jadot à Xavier Bertrand en passant par Valérie Pécresse et Anne Hidalgo.

Dans cet article, je ne m’exprime bien entendu qu’à titre personnel.

Frexit ou pas Frexit ?

Pour l’élection présidentielle de 2022, le camp national sera divisé en une multitude de factions : RN eurocritique, Florian Philippot et François Asselineau en frexiteurs assumés, Nicolas Dupont-Aignan pour une Europe des Nations libres, Georges Kuzmanovic en souverainiste de gauche, possible frexiteur et Eric Zemmour dont la position sur la souveraineté et l’indépendance nationale est fluctuante. Tous ces candidats défendent la réduction voire l’assèchement des flux d’immigration, une politique d’assimilation et la défense de l’identité, à des degrés là aussi différents. La défense de l’identité et de la souveraineté sont éminemment complémentaires. Un gouvernement ne peut pas défendre l’identité nationale (ne serait-ce qu’arrêter les flux d’immigration) s’il n’a pas de souveraineté nationale, de pouvoirs réels pour le faire. Détenir la souveraineté nationale, pouvoir définir où l’on va sans savoir qui l’on est, sans défendre son identité n’a pas de sens.

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Le RN dit défendre la nation et le camp national contre le mondialisme tout en restant dans l’UE et l’euro. Si ses porte-paroles reconnaissent que l’UE affaiblit profondément la France, ils refusent de rétablir la souveraineté nationale pour arrêter l’hémorragie et préfèrent se battre pour tenter d’atténuer les effets néfastes de l’institution européenne sur notre pays. Cette année, Marine Le Pen a décidé qu’il fallait rester dans la CEDH ; même l’européiste Michel Barnier a reconnu que les textes juridiques de la CEDH empêchaient de réguler les flux d’immigration. Marine Le Pen veut aussi rester dans Schengen même si l’absence de frontières qu’impose cet accord entraîne l’incapacité de contrôler qui entre en France et donc d’avoir une politique d’immigration. En conclusion, le RN défend la France en paroles mais n’a pas de projets pour la défendre en actes forts s’il arrivait au pouvoir. Conséquences de ces revirements : une partie importante de ses électeurs n’ont pas voulu se déplacer pour les élections régionales, lui faisant subir une défaite, après avoir été tancés par les dirigeants pour désertion après le premier tour. Ces dernières années, l’unique point fort du RN était sa position de grand parti national susceptible de faire de gros scores électoraux. Les électeurs français s’y ralliaient tant bien que mal pour peser face à Macron. Si ce dernier point fort s’efface, le risque de chute brutale du RN est important. À moins d’un tête-à-queue idéologique du RN, qui lui serait préjudiciable quatre ans après le précédent tête-à-queue, on comprendra que s’allier avec le RN pour la présidentielle n’a pas de sens pour les autres partis du camp national.

Si j’étais président de la République…

Les autres partis évoqués se disent souverainistes à des degrés différents et défendent avec des propositions différentes la cause nationale.

Florian Philippot et François Asselineau défendent tous deux une sortie de la France de l’Union Européenne et le rétablissement rapide de la souveraineté nationale. Leurs positions sont connues et ils sont des gaullistes convaincus. Leurs différences sur le fond sont faibles. Il n’y a que quelques différences sur la forme. Asselineau défend un référendum sur l’immigration quand Philippot veut arrêter les flux d’immigration.

Nicolas Dupont-Aignan avec son parti Debout la France se présentera aussi à l’élection présidentielle. Il est aussi gaulliste, a pour projet une « Europe des Nations libres et des coopérations concrètes » et le rétablissement de la souveraineté nationale. Nicolas Dupont-Aignan veut arrêter les flux d’immigration.

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Georges Kuzmanovic et son parti République Souveraine est ce qui reste de la partition souverainiste de Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle de 2017. Il fut évacué de la France Insoumise car il veut « ralentir ou assécher » les flux d’immigration et il est partisan de l’assimilation. Voici ses mots sur la souveraineté nationale : « Je ne suis pas un fétichiste du Frexit, mais quelle que soit l’option choisie en fonction du rapport de force et des circonstances, elle devra être une voie de rupture avec cette Union Européenne, légitimée par un référendum populaire ». Il se présente aussi à l’élection présidentielle.

Probablement candidat, Eric Zemmour est l’inconnu de cette élection présidentielle. Tout le monde connaît ses positions claires et affirmées sur l’identité nationale et les flux d’immigration. Si en tant que journaliste, il fut partisan de la sortie de l’euro et défenseur de la souveraineté nationale, ses positions en tant que candidat à l’élection présidentielle relèvent du point d’interrogation. Une question clé s’impose. L’Union Européenne ayant une politique constamment très favorable à l’immigration serait vent debout contre un Zemmour président qui voudrait arrêter les flux d’immigration en France ce qui ouvrirait la voie à un arrêt dans tous les pays d’Europe qui le voudraient. Puisque Zemmour et l’Union Européenne seraient dans un bras de fer sur l’immigration, la BCE, bras armé financier de l’Union Européenne répliquerait, comme d’habitude, en asphyxiant financièrement la France comme elle a asphyxié la Grèce et commencé à asphyxier l’Italie du gouvernement Italien Salvini fin 2017. Cette politique de la BCE avait vidé les distributeurs d’argent en Grèce, fait monter les taux grecs à des niveaux stratosphériques jusqu’à ce que le gouvernement grec plie. Cette politique avait fait monter les taux italiens au niveau très inconfortable de 4% jusqu’à ce que le gouvernement Salvini change ses projets pourtant modestes sur le budget et plie. Dans ce combat sur les flux d’immigration, un Zemmour président aurait trois choix.

  • Le choix de continuer ses projets sur l’immigration et de laisser l’économie française s’asphyxier lentement à cause du manque de liquidités fournies par la BCE ; ce n’est pas un choix envisageable.
  • Le choix de négocier avec l’Union Européenne sur les projets sur l’immigration et de plier en échange du soutien en liquidités à l’économie française ; dans ce cas, voter Zemmour n’aurait pas servi à grand-chose pour ses électeurs.
  • Le choix de gagner le bras de fer sur les flux d’immigration en coupant le nœud coulant financier qui détruirait l’économie française, c’est-à-dire en sortant de l’euro sur le champ pour fournir l’économie en liquidités. Cela demande des convictions sur le sujet et une vraie préparation à ce combat que suppose tout bras de fer avec l’Union Européenne. Sortir de l’euro pour pouvoir appliquer sa politique d’immigration signifierait d’ailleurs à terme sortir de l’Union Européenne.

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Ceci démontre une fois de plus que la défense de l’identité nécessite le rétablissement de la souveraineté nationale, à moins de considérer l’identité comme un folklore local qui ne se paie que de mots.

Pour la France, mettre les égos de côté

Nous pourrions évoquer pour finir l’ex-ministre Arnaud Montebourg mais ses positions sur la souveraineté nationale, l’identité et l’immigration sont tout sauf claires. Il refuserait sans aucun doute toute discussion avec nombre de candidats souverainistes qui pour la gauche classique sont « l’extrême-droite ».

Nous l’avons vu, à l’exception de Zemmour dont les positions finales sont inconnues, les différences réelles de ces candidatures sont factuellement peu importantes au regard des points communs et des enjeux. Qui plus est, les différences entre les candidats souverainistes, Zemmour compris, sont dues en partie à la nécessité d’être différents et de disposer d’un créneau politique viable, de survivre politiquement. Ne leur jetons pas la pierre, en ce monde nécessité fait loi. Cependant, retenons que nombre d’entre eux ont des positions et des projets pour la France finalement très proches dans le débat public et des positions encore plus proches dans leur for intérieur. Ainsi, se rassembler autour d’une table pour discuter d’un éventuel programme commun de salut public, d’un programme de sauvetage de la France loin du débat public, hors de toute stratégie politicienne, peut tout changer. Dans une France au bord de l’abîme, l’intérêt général commande une telle approche. Même la question la plus épineuse, « qui sera le candidat si un accord était trouvé ? », a une réponse potentielle. Chaque représentant à la table de discussion pourrait voter pour un candidat à l’exception de lui-même. Celui qui rassemble le mieux tous les autres autour de son nom serait la tête de file naturelle pour défendre la France, les autres et leurs troupes étant des généraux précieux dans la bataille qui s’annonce.

L’avantage d’une candidature rassemblée est immense : disposer d’un niveau correct de sondage et d’une bonne exposition médiatique, sachant qu’un bon niveau de sondage permet une bonne exposition médiatique et inversement. Les électeurs ont tendance à voter pour les candidats qui ont des chances de gagner et les journalistes ont tendance à les inviter, leur permettant de convaincre leurs électeurs potentiels.

Enfin, voici ce que pensent les électeurs des petits partis souverainistes : puisque ces candidats veulent sauver une France qu’ils savent en perdition, ils ne sont pas cohérents en n’essayant pas de s’allier pour donner une chance à la France. S’ils ne s’allient pas, c’est à cause de leurs égos. La conclusion est impitoyable et explique les faibles scores de ces partis aux dernières élections malgré la popularité des thèmes de la souveraineté et de l’identité : je n’irai pas voter pour eux car ils trop petits et qu’ils ne sont pas au service de l’intérêt général mais au service de leurs égos. 

Quoi que partiellement fausse puisque la survie politique commandait souvent ces approches dans le passé, cette thèse fait des ravages. Inversement, un déblocage de la situation par la discussion et la tentative d’adopter un programme de salut public pourrait faire des miracles, démontrant la volonté indéfectible des candidats de sauver leur pays. La progression d’une candidature rassemblée pourrait alors être très rapide. Par contraste, ce sont les autres candidats à l’élection présidentielle qui sembleraient défendre leurs égos aux yeux de l’opinion et subiraient une certaine décrédibilisation.

N’oublions pas que les différences exprimées et les divisions sont le fruit du passé. Elles ne doivent pas obérer l’avenir, elles ne doivent pas empêcher le sauvetage de la France.

Économie: inflation, hyperinflation ou dépression sociale?

Économie: hyperinflation ou dépression sociale?

Alors que le Covid continue de bouleverser l’économie mondiale, les pays occidentaux et leurs banques centrales sont confrontés à deux menaces : l’avènement d’une ère d’hyperinflation, et la menace de dépression sociale. Quoi qu’il en soit, les décisions politiques favorisent les marchés financiers au détriment de l’économie réelle. Analyse et perspectives. 


De nombreux économistes se posent aujourd’hui la question du retour de l’inflation voire même d’un risque d’hyperinflation.

En cette période de reprise économique, l’inflation est au niveau élevé de 5% sur un an aux États-Unis. Ce niveau avait été atteint en 2008 et dépasse légèrement le plus haut niveau atteint en 2010. L’inflation est à 3% dans la zone Euro et à 1% en Chine. Mais les prix de fabrication des produits manufacturés augmentent fortement partout : de 14% aux États-Unis sur un an, de 12% en Europe et de 9% en Chine.

La très forte poussée des prix des matières premières en est une des causes. Elle ressemble beaucoup à la hausse qui a suivi la crise de 2008, ni plus ni moins. Bien entendu, la hausse des matières premières a un effet sur les prix à la consommation. Les automobilistes le constatent en voyant le prix du carburant tutoyer ses précédents records. Mais cette poussée des matières premières, habituelle dans les phases de reprise, devrait être temporaire et non structurelle.

Pénuries

Certaines pénuries sont apparues dans quelques secteurs. Ainsi, les semi-conducteurs ont connu une si forte demande qu’il y a des pénuries d’approvisionnement. Cela pose de gros problèmes aux fabricants d’automobiles et aux fabricants de produits électroniques comme Apple et Sony. Ces difficultés sont dues à des problèmes passagers et non à un problème structurel : commande record d’équipements électroniques pour le travail et l’éducation à distance pendant la crise du covid, arrivée de la 5G, commande juste à temps par les industriels posant des problèmes en cas d’inversion de tendance, chaîne de production perturbée par la fermeture de sites dans différents pays à cause du covid, sécheresse exceptionnelle à Taïwan gênant la production des usines…

Des pénuries de certains produits apparaissent aussi dans les magasins de bricolage. La très forte reprise du commerce mondial a saturé les lignes de production et les transports entre l’Asie et l’Occident. Cela a entraîné des hausses de prix et des problèmes temporaires d’approvisionnement dans un monde sans stocks.

Sans nier l’importance de ces sujets, ils semblent temporaires. L’affaissement actuel de la croissance en Chine et un léger fléchissement de la croissance en Europe et aux États-Unis permettront un retour à la normale.

Inquiétudes et immobilier au plus haut

L’inquiétude des économistes vis-à-vis de l’inflation vient aussi de la hausse continue et importante de la quantité de monnaie en circulation dans l’économie. Depuis 2008, les banques centrales occidentales font tourner la planche à billets pour soutenir les marchés financiers et acheter des montagnes de dettes publiques et privées. Le soutien perpétuel de la puissance publique aux marchés financiers profitant aux plus gros patrimoines plutôt qu’à l’économie réelle, à tous les entrepreneurs et salariés est immoral, mais ce n’est pas le sujet. Certains économistes craignent que cette hausse de la quantité de monnaie en circulation dans l’économie finisse par engendrer de l’inflation voire de l’hyperinflation. Ont-ils raison ?

Cette monnaie étant dirigée vers les marchés financiers, elle fait logiquement monter les marchés financiers : obligations, actions. Qu’achètent les riches dont le patrimoine augmente avec cette manne ? De l’immobilier, quelques yachts et produits de luxe. Les taux à 0%, seul niveau de taux d’intérêt que peuvent supporter des économies occidentales à bout de souffle, alimentent aussi cette hausse des marchés financiers et immobiliers. Cependant, cette hausse des prix des actifs financiers affecte peu l’économie réelle. La hausse des prix de l’immobilier et des loyers est aujourd’hui le seul problème de hausse des prix à la consommation important et durable.

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Si les salaires n’augmentent pas suite à une poussée inflationniste temporaire, celle-ci s’arrête d’elle-même. En effet, l’inflation devient un problème quand une boucle prix / salaires s’établit : la hausse des prix entraîne la hausse des salaires qui entraîne une nouvelle hausse des prix.

En France, les salaires n’augmenteront que de 0,6% en 2021. Nous assistons à une perte importante de pouvoir d’achat puisque les prix augmentent de 1,9% sur un an. En zone euro, les prix augmentent de 3% sur un an quand les salaires n’augmentent que de 1,7% actuellement. Il n’y a pas de spirale prix / salaires. En Chine, l’inflation, à 1%, ne pose pas de problème. Aux États-Unis, les prix augmentent de 5% sur un an mais la tendance s’infléchit légèrement. La hausse du salaire horaire sur un an est de 4,3%. Il s’agit du seul poids lourd de l’économie mondiale avec une hausse des salaires importante, restant cependant inférieure à l’inflation. Il y a donc aussi une perte de pouvoir d’achat aux États-Unis. Le fléchissement actuel de l’activité dans toutes les grandes zones va refroidir cette augmentation des salaires.

À moins d’un choc exogène, il n’y aura pas de poussée inflationniste à court terme. En revanche, cette hausse des prix temporaire appauvrit la masse et augmente la pauvreté puisque les salaires ne suivent pas.

Qu’en sera-t-il à une échéance de 5 ans ?

Il est hautement probable que les gouvernements occidentaux continuent comme ils le font depuis 2008 à relancer avant tout les marchés financiers avec l’argent public des banques centrales, l’économie réelle recevant la part du pauvre. Les mêmes causes produiront les mêmes effets. Les bulles financières devraient continuer de gonfler et prendront probablement une ampleur jamais vue. Les bourses et les prix de l’immobilier risquent de voler de record en record. Remarquons que les bourses américaines sont en 2021 d’ores et déjà aussi chères qu’en 1929. Certains analystes anglo-saxons ont appelé ce phénomène « Bubble everything » : en bon français des bulles financières partout. L’accumulation de dette publique et privée, l’argent gratuit sont les moteurs de ces bulles financières gigantesques.

Du côté de l’économie réelle, les salaires continueront à être sous pression à cause d’un chômage élevé. On remarquera que le niveau de chômage américain est très sous-estimé, de plus en plus d’Américains étant laissés de côté dans les statistiques, ni en emploi, ni au chômage comme c’est le cas dans de nombreux pays occidentaux. Les niveaux de vie baisseront globalement. La hausse de l’immobilier et des loyers mordra dans le pouvoir d’achat des ménages. On remarquera que le niveau de vie de nombre de Français a déjà baissé dans la dernière décennie. C’est ce que disaient les gilets jaunes : nos fins de mois sont de plus en plus difficiles. Cette différence entre le niveau de vie réel et le niveau de vie « selon l’Insee » tient à la mauvaise prise en compte de l’inflation immobilière par l’Insee et à quelques autres facteurs.

Inévitablement, un facteur exogène ou endogène au système fera un jour éclater les bulles financières géantes. Les banques centrales devront alors accepter l’implosion financière, ce qui est improbable, ou aller plus loin dans la mécanique de la planche à billets. Il s’agira alors de racheter directement des actions, seul moyen de regonfler le prix des actifs lors de la prochaine crise. Quelques économistes proches des banques commencent déjà à envisager cette pratique d’achat d’action par les banques centrales.

Ce système caractérisé par la fuite en avant peut s’arrêter de deux façons différentes.

La première, à un horizon d’une dizaine d’années, est une perte de confiance totale dans des économies occidentales dont la production réelle serait sans commune mesure avec le poids de leur endettement privé et public. Les marchés financiers et les monnaies occidentales dévisseraient et des mécanismes d’hyperinflation pourraient se mettre en place.

La deuxième est une crise politique aigüe dans certains pays occidentaux en réaction à la dépression sociale engendrée par cette mécanique financière d’airain. Se profilerait alors une inversion des priorités : l’économie réelle, les personnes et non la finance seraient alors favorisées.

À moyen terme, le scénario dépression sociale est plus probable que le scénario hyperinflation. Quoi qu’il en soit, seul un changement radical de politique économique peut empêcher ces scénarii du pire d’advenir.

Les réacteurs nucléaires très sûrs et peu chers naîtront-ils en Chine ?

Les réacteurs nucléaires très sûrs et peu chers naîtront-ils en Chine ?

La Chine vient d’annoncer que son prototype de réacteur au thorium à sels fondus sera fini au mois de septembre et testé prochainement. Des réacteurs nucléaires de série au thorium sont prévus pour début 2030. Si son programme est une réussite, le dragon chinois aura touché le Graal : mettre en fonctionnement un réacteur nucléaire très sûr, plus simple, et moins cher. Les milliardaires américains Warren Buffett et Bill Gates sont aussi engagés dans un projet américain de réacteur à sel fondu, crédibilisant cette démarche.

Les réacteurs au sel fondu ont l’avantage de ne pas comprendre de vapeur à haute pression forcément dangereuse en cas de rupture de canalisation, les rendant plus sûr et moins cher. Utiliser le thorium comme combustible dans une centrale nucléaire, revient qui plus est à faire un feu de « bois mouillé » ; le thorium n’est pas fissile, il faut le transformer en uranium 233 en lui envoyant des neutrons pour qu’il devienne un combustible nucléaire. En cas de catastrophes naturelles, de rupture d’approvisionnement en eau ou électricité, le réacteur s’arrête et refroidit automatiquement grâce à ses caractéristiques propres. Le risque d’accident majeur est théoriquement réduit à zéro. Qui plus est, les réacteurs au thorium permettent de brûler et donc de recycler les déchets nucléaires existants.

C’est donc le Graal du nucléaire que la Chine est en train d’atteindre quand la France a dangereusement laissé de côté la recherche dans cette technologie.

La France doit pourtant commencer à remplacer sur une période assez courte ses centrales nucléaires d’ici à une dizaine d’années. Sinon elle se retrouvera en manque d’électricité quand ses anciennes centrales fermeront. Le remplacement de ces centrales par des centrales au thorium fabriquées en France serait une excellente nouvelle. Des réacteurs très sûrs, moins chers et simples à fabriquer avec un combustible thorium abondant et disponible. Mieux, suite à l’exploitation de mines en France, notre pays dispose d’un stock de 8500 tonnes de thorium qui permettent de produire 200 fois la quantité d’électricité produite en France en 2020. Le thorium est d’ailleurs présent sur la planète en quantités beaucoup plus importantes que l’uranium.

Ne plus utiliser d’énergies fossiles dans 20 ans devient une possibilité riche de promesses : la promesse de produire de l’énergie avec des emplois français sur notre sol, la promesse de ne plus dépendre de pays producteurs de pétrole instables, la promesse de ne plus émettre de CO2.

Cette énergie, cette électricité permettant de remplacer les énergies fossiles peut provenir des énergies renouvelables et des réacteurs au thorium. Elle alimentera directement les moteurs électriques ou sera transformée dans des électrolyseurs en hydrogène, l’essence de demain, qui alimentera les moteurs à pile à combustible de nos avions, bateaux, trains et voiture à hydrogène de demain. On rappelle qu’Alstom produit déjà un train à hydrogène qui remplace très avantageusement les trains diesel sur les lignes non électrifiées de France.

Produire localement toute l’énergie nécessaire à la France au lieu de l’importer à coup de dizaines de milliards d’euros, créer des centaines de milliers d’emplois, contrer le dérèglement climatique, offrir un projet enthousiasmant à notre jeunesse est bien à portée de mains. Il ne manque aux gouvernants français qu’une vision stratégique de long terme et la volonté politique d’engager véritablement ce grand projet pour que ce rêve devienne réalité.