Quel est le programme économique d’Eric Zemmour ?

Le  programme économique d’Eric Zemmour

Le programme se trouve sur le site du candidat https://programme.zemmour2022.fr/economie .

Certaines mesures ont été annoncées à l’oral par le candidat mais le programme économique n’avait pas encore été mis à jour. Elles ont été retenues dans cette étude.

 

Résumé factuel : un programme très libéral basé sur : une baisse d’impôt massive pour les entreprises, l’héritage, une hausse de 2 ans du départ à la retraite et quelques baisses d’impôts sur les bas salaires basées sur la thèse que cela relancerait l’économie.

 

Mon analyse du programme :

Le programme est basé sur des baisses d’impôts qui sont quasiment l’unique instrument économique utilisé. L’objectif est d’augmenter la « compétitivité des entreprises françaises ».

Les 3 mesures pour augmenter la production en France sont rigoureusement interdites dans l’Union Européenne, que ce soit la commande publique réservée aux entreprises françaises ou l’affichage obligatoire du fabriqué en France (« Patrie score ») ou encore la taxe carbone européenne.

Les baisses d’impôts pour les entreprises sont de minimum 44 milliards d’euros soit l’équivalent du CICE de François Hollande. On a vu que le CICE n’a pas eu d’effets économiques forts avec un coût élevé pour la France. Problème de ce genre de mesure : les entreprises très rentables vont devenir encore plus rentables et moins taxées.

Les revenus du capital pour les actionnaires de PME seront taxés à 15% (impôt sur les sociétés) quand les revenus du travail sont taxés à 45% (impôt sur le revenu). Les propriétaires d’entreprise ne paieront plus de droit de succession du tout contrairement au reste de la population. Les propriétaires de PME ne paient des droits que sur 25% voire 5% du capital transmis aujourd’hui s’ils cèdent leur entreprise avant 70 ans. L’inégalité et son prolongement, son approfondissement par l’héritage en sont donc assumées. Si les entreprises qui exportent bénéficieront de ce gain de compétitivité, les entreprises qui n’ont que peu de concurrence comme les cabinets d’avocat, les grands commerces de détail (etc.). verront leur taxation baissée et les dividendes augmentés sans aucune contrepartie. Ces baisses d’impôts de 44 milliards pour « redresser la compétitivité » sont l’équivalent du CICE de François Hollande. Cela représente 4% de la valeur ajoutée des entreprises, ce qui pèse peu à comparer à la surévaluation de 25% de l’euro pour les entreprises produisant en France.

2 mesures type Sarkozy pour le travail : exonération de la CRDS pour des heures supplémentaires déjà défiscalisées par Macron et prime jusqu’à 3 mois de salaires défiscalisées.et sans cotisations sociales. Baisse de la CSG pour les salariés qui touchent moins de 2000 euros par mois. Cela représenterait une augmentation de 100 euros du Smic grâce à la baisse des cotisations sociales pour les Smicards. Les cotisations sociales pour la retraite et la santé au niveau du Smic sont à 20% du salaire net et passeraient donc à 13%. Les salaires au Smic ne paient plus le coût de la sécurité sociale (retraites et assurance maladie) auxquels ils ont droit. On ne peut absolument pas le reprocher aux smicards dont le salaire n’est pas augmenté depuis près de 10 ans mais aux choix de politiques économiques pris. En effet, ce type de politique économique déjà largement utilisée mine le système de sécurité sociale. Elle est utilisée systématiquement pour faire augmenter le Smic depuis 10 ans, alors qu’il « ne peut pas être augmenté » vu la concurrence forte que subit l’économie française dans la mondialisation économique voulue par l’Union Européenne avec une monnaie forte, l’euro.

Les baisses d’impôts pour les ménages sont de 19 milliards d’euros pour celles chiffrables. 14 milliards d’euros leur sont repris de l’autre main avec la retraite repoussée à 64 ans.

La retraite passera à 64 ans au lieu de 62 ans aujourd’hui. Avec la moitié des Français qui arrivent à la retraite à 62 ans sans emploi, ce système a un intérêt et un sens tout relatif. Ceux qui n’ont pas de travail devront juste trouver une solution d’attente sans emploi, sans revenu correct, pour bénéficier de leur retraite. Certains demanderont le RSA, d’autres des allocations chômage…

La lutte contre la fraude sociale estimée par le magistrat Charles Pratts à 50 milliards d’euros rapporterait environ 15 milliards d’euros selon le candidat.

Pour conclure, le candidat souhaite que les radios et télévisions publiques soient privatisées. Ses explications sont qu’elles sont un repère de la gauche et ne fournissent pas un service public à tous les Français. Si cet argument est sensé, on ne comprend pas pourquoi il faudrait céder les radios et télévisions publiques à des milliardaires ou à des entreprises du Cac40 pour résoudre le problème. De repère de la gauche, on passerait à appartenant à un milliardaire. Un rééquilibrage politique peut se faire par un changement de président et une simple réorganisation, facile à réaliser par le président de la République.

Ce programme est un programme économique on ne peut plus « classiquement néolibéral » si on se réfère au 20 dernières années de politique économique française, favorisant ceux qui possèdent du capital, des entreprises et défavorables aux classes moyennes et populaires. Il est difficile d’imaginer pourquoi il permettrait à l’économie française de se redresser, vu les résultats piteux qu’ont eu ce genre de programme depuis 30 ans en France.

 

1/ Entreprises et production: le programme est basé quasi exclusivement sur des baisses d’impôts.

                                  

. Réduire les impôts de production de 30 milliards d’euros supplémentaires. Soit les rendre quasi nuls puisqu’ils pèsent 40 milliards d’euros aujourd’hui après la réduction de 20 milliards de Macron. Coût 30 milliards d’euros.

 

. Réduire le taux d’IS à 15% pour les PME, les commerçants, artisans et agriculteurs au lieu de 26,5%.

Le taux d’IS en deçà de 38.000 euros de bénéfices est déjà à 15%. Coût 11 milliards d’euros.

 

. Créer des zones franches industrielles dans les régions durement touchées par la désindustrialisation. C’est-à-dire avec des impôts spécifiquement bas. Coût inconnu, se chiffre en milliards voire en dizaines de milliards selon les mesures et le nombre de régions concernées.

 

. Fin des droits de donation et de succession pour la transmission des entreprises familiales.

Les droits de succession et de donation rapportent 15 milliards d’euros par an. Les droits de succession en France sont exonérés d’impôts jusqu’à 100.000 euros, puis taxé environ à 20% jusqu’à 500.000 euros. Le taux atteint 45% au-dessus de 1,8 million d’euros. 85% des successions ne sont pas taxées. Les donations jusqu’à 100.000 euros par parents sont exonérées d’impôts et sont renouvelables tous les 15 ans.

Aujourd’hui, quand une entreprise familiale est transmise par donation ou succession, seule 25% de la valeur de l’entreprise est taxée, 75% exonérée avec la loi Dutreil (L’entreprise doit être conservée plus de 6 ans). Si l’entreprise est donnée avant 70 ans, la taxation concerne 5% de la valeur de l’entreprise. On enlève ensuite le montant de 100.000 euros de donation exonérée. Le paiement des droits peut être étalé sur 10 ans après un différé de 5 ans.

Coût de la mesure 3 milliards d’euros. Source https://www.ifrap.org/budget-et-fiscalite/droits-de-succession-44-milliards-dimpots-en-moins-ou-14-milliards-de-taxes-en

 

. Elargir le contrôle des investissements étrangers à tous les secteurs.

Ce contrôle est limité aujourd’hui aux entreprises des secteurs dits stratégiques.

 

. Etiqueter obligatoirement les produits pour afficher s’ils sont made in France (« Patrie score »). (Interdit de l’obliger dans l’Union Européenne sauf pour les produits alimentaires). Source https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/PDF/?uri=CELEX:52021XC0323(03)&from=EN

. Donner la priorité aux entreprises françaises dans l’accès aux marchés publics (dit au grand meeting de Villepinte)

(Le Sénat a démontré que c’est impossible dans l’Union Européenne).

Source : http://www.senat.fr/rap/l20-118/l20-1181.html

 

 

. Défendre une taxe carbone aux frontières de l’UE (Depuis 13 ans est évoquée une taxe carbone aux frontières de l’UE sans que celle-ci n’ait vu le jour. Nos industries lourdes subissent effectivement aujourd’hui une taxe carbone européenne et sont concurrencés déloyalement par des industriels étrangers ne la subissant pas. Aujourd’hui, l’UE négocie l’entrée d’un dispositif taxant 2% des importations ! Tout cela semble être du domaine du vœu pieux).

. Créer un fond souverain à partir du livret A pour investir dans les entreprises.

 

. Simplifier les démarches administratives.

 

Baisses d’impôt et autres pour les ménages

 

. Passage de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans.

Economie estimée pour l’Etat de 14 milliards d’euros par an à terme.

 

 

. Baisse de la CSG pour les salariés gagnant moins de 2000 euros. Augmentation du Smic de 100 euros grâce à cette mesure.

Coût 15 milliards d’euros.

 

. Remboursement de 50% des frais de carburant sur le trajet domicile travail par les entreprises.

Coût difficile à chiffrer.

 

. Exonération de charges sociales et d’impôt sur le revenu des heures supplémentaires.

La mesure a été prise par Macron suite aux gilets jaunes. Cela ne peut donc concerner que la CRDS qui reste due après la réforme Macron.

Coût 500 millions d’euros.

 

. Prime versable par l’employeur égale au plus à 3 salaires mensuels, défiscalisée et sans cotisation sociale.

Les hausses de salaires pourraient-elles être remplacées par des primes exonérées d’impôts mais aussi d’assurance chômage et de retraite ?

Coût 11 milliards selon le candidat. A voir selon leur utilisation par les entreprises.

 

. Suppression de la résidence principale de ce qui reste de l’ISF. Coût quelques centaines de millions d’euros.

 

. Doubler le plafond du quotient familial.

La réduction maximale d’impôt sur le revenu lié aux enfants passe de 1500 euros par enfant à 3000 euros par enfant.

Le coût du quotient familial est aujourd’hui de 12 milliards d’euros par an. Les familles les plus aisées bénéficieront de la hausse du plafond.

Coût estimé par l’Ifrap à 2 milliards d’euros.

 

. Revenir à l’universalité des allocations familiales

Qui ne sont aujourd’hui versées selon les ressources suite à la réforme F Hollande de 2014. Cela relève d’une certaine justice sociale, ces familles payant des cotisations mais recevant très peu.

Coût 0,8 milliard d’euros https://www.lefigaro.fr/conjoncture/2014/10/16/20002-20141016ARTFIG00384-hollande-opte-pour-des-allocations-familiales-modulees-en-fonction-des-revenus.php

 

 

. Exonération de frais de notaires pour les primo-accédants pour les biens immobiliers inférieurs à 250.000 euros. Cela pourrait concerner 700.000 transactions par an.

Coût 3,4 milliards selon le candidat et 5,5 milliards selon l’institut Montaigne.

 

. Mettre fin à la redevance audiovisuelle et privatiser les principales radios et télévisions du service public.

Economie par ménage 138 euros par an (Compensée par une hausse des prix due à la publicité supplémentaire payée par les annonceurs).

 

. Lutte contre la fraude sociale estimée par Charles Pratt à 50 milliards d’euros.

Economie estimée à 15 milliards d’euros par le candidat.

 

. Suppression d’allocations sociales aux étrangers (RSA, APL, allocations familiales, minimum vieillesse).

Economie estimée à 20 milliards d’euros par le candidat.

 

 

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