Le programme économique de Mélenchon, l’avenir en commun

  1. Résumé Conclusion.

a. Le plan A plan B de Mélenchon concernant l’Union Européenne a été transformé et est devenu complètement irréaliste.

Le Plan A Plan B de 2017 consistait soit à changer radicalement l’Union Européenne (indépendance de la BCE, protectionnisme, harmonisation fiscale et sociale européenne, fin de la libéralisation des services publics) soit à sortir unilatéralement de l’UE. C’était quoi qu’on en dise quelque chose de réaliste, de faisable, au moins la partie B du plan.

Le nouveau plan A plan B de Mélenchon, c’est soit on arrive à changer les traités européens et l’UE, soit la France désobéit et fait ce qu’elle veut dans l’UE.

Plan A : le changement des traités européens se faisant obligatoirement à l’unanimité, cette voie est très improbable (A moins d’imaginer que le paradis fiscal luxembourgeois accepte sa ruine avec la fin de l’évasion fiscale, que l’Allemagne accepte de ne plus faire de libre échange avec l’extérieur ce qui lui serait défavorable vue qu’elle a 250 milliards d’euros d’excédent commercial…).

Plan B : « La France désobéit et fait ce qu’elle veut ». Un club défini par des règles communes se satisfait rarement qu’un des 27 membres décide de s’affranchir de toutes règles qui lui déplaisent. Cela menace immédiatement l’existence du club. L’Union Européenne disposant de la gestion de la monnaie par la BCE pourra alors asphyxier doucement mais surement l’économie française en arrêtant d’acheter des emprunts d’Etat français ou en arrêtant de prêter le moindre argent aux banques françaises qui ont besoin pour fonctionner en tant que banque d’emprunter chaque jour des dizaines de milliards d’euros à la BCE. Voilà pourquoi le nouveau Plan A Plan B de Mélenchon est complètement irréaliste.

Mélenchon veut utiliser le droit de véto de la France pour refuser tout nouvel accord de libre-échange. Les accords de libre échange peuvent être voté uniquement à la majorité qualifiée et ils n’ont plus besoin de passer devant les parlements nationaux (sauf les chapitres concernant l’investissement étranger). https://www.lefigaro.fr/conjoncture/2018/05/23/20002-20180523ARTFIG00300-l-ue-pourra-conclure-certains-accords-sans-l-aval-des-parlements-nationaux.php et file:///C:/Users/User/Downloads/note_d_info_juridique_cycle_de_vie_ale_de_l_ue.pdf

Mélenchon souhaite utiliser le levier de la contribution française au budget de l’UE (13 milliards net), ce qui est un faible atout aujourd’hui. Ces 13 milliards d’euros net ne sont rien par rapport aux sommes déversées par la BCE en achat d’emprunt d’état ou en prêt aux banques françaises.

Enfin Mélenchon souhaite construire des coopérations plus approfondies avec les Etats qui le souhaitent en matière sociale, écologique, culturelle, éducative.

 

 

 

 

Toute cette partie intéressante du programme est par conséquent caduque :

. Adopter des mesures anti-dumping social pour les industries stratégiques (Décision au niveau de l’UE qui en parle depuis 10 ans sans jamais le faire).

. Relocaliser les productions essentielles à la vie de notre pays (difficile voire impossible avec les accords de libre-échange).

. Instaurer des droits de douane sur des critères écologiques et sociaux (Décision au niveau de l’UE qui en parle depuis 10 ans sans jamais le faire).

. Contrôler les mouvements de capitaux (interdit dans l’UE).

. Instaurer une agriculture relocalisée, diversifiée et écologique et créer 300 000 emplois agricoles (impossible avec la PAC, la concurrence des autres pays européens et même du monde entier à cause du marché unique et des accords de libre-échange).

. Interdire les fermes-usines d’élevage intensif et les pratiques cruelles (Possible en France mais en laissant exporter par les autres pays européens ces viandes d’élevage intensif).

 

b. Un programme irénique, empreint d’une naïveté voulue ou jouée ?

Mélenchon observe tout ce qui ne va pas dans l’économie et impose « une interdiction de ce qui ne va pas ». Par exemple : interdiction d’expulsion sans relogement public. Il oublie les effets de bord, les hommes n’étant pas des saints : puisque je ne peux pas être expulsé sans relogement, je ne fais pas trop d’effort pour payer mon loyer. Sans compter le manque de logements publics. La logique de Mélenchon est empreinte de naïveté et d’irénisme.

Il ne cherche pas à trouver des solutions profondes au problème du logement, de la faible hausse du Smic etc. Notre industrie n’est pas compétitive à cause d’une monnaie trop chère et les gouvernements français bloquent le Smic pour réparer ce problème ce qui est efficace, mais à la marge (la preuve en est notre déficit commercial record). Autre exemple, Mélenchon propose de donner 1000 euros par mois pour chaque jeune qui s’inscrirait dans l’enseignement professionnel alors que de nombreux jeunes profiteront de l’effet d’aubaine en ne s’inscrivant que pour toucher un salaire proche du Smic.

Augmenter de 10% le Smic en restant dans l’euro et l’Union Européenne revient à détruire nos moyens de production nationaux et les emplois. Le faire hors de l’euro et de l’Union Européenne est possible comme l’a démontré le Royaume-Uni après le Brexit.

Autre défaut du même calibre : demander au service public ce qu’il ne peut pas faire bien, pas mieux que le secteur privé, par exemple, « Créer un service public du réemploi et de la réparation ».

 Recension ici de toutes les mesures iréniques ou irréalistes du programme de Mélenchon :

. Créer 1 million d’emplois publics en plus (Ehpad, santé, éducation nationale, justice…).

. Un héritage maximal à 12 millions d’euros et des droits de succession plus élevés.

. Interdire l’expulsion locative sans garantie d’un logement public.

. Droit de véto suspensif sur les plans de licenciement.

. Taxer les entreprises ayant bénéficié de la crise sanitaire pour l’investir dans l’écologie.

. Sortir du nucléaire sans date de sortie annoncée

. Chaque chômeur de longue durée se verra offrir un emploi au Smic dans un secteur d’urgence (et les qualifications ?)

. Smic net augmenté de 10% à 1400 euros par mois (sans sortir de l’euro).

. Allocation de 1000 euros par mois pour tout jeune allant dans l’enseignement professionnel.

. Fixer un salaire maximal pour que l’écart des salaires dans une entreprise soit au plus 20 fois le salaire minimal

. Une taxe foncière progressive.

. Créer un service public de réparation et du réemploi

. Les pauvres « pourront bénéficier des réductions d’impôts des riches » car elles seront transformées en crédit d’impôt. L’Etat pourra ainsi payer des impôts aux plus pauvres.

. Investir 200 milliards d’euros pour la transition écologique financé par les taxes sur les entreprises polluantes et l’ISF.

 

  1. Analyse du programme de Mélenchon :

Toutes les mesures permettant d’augmenter la production, assez peu détaillées d’ailleurs, sont donc caduques.

Ne reste que la partie hausse des dépenses publiques, hausse du pouvoir d’achat par la hausse du Smic et des salaires, la création de 1 million de postes de fonctionnaire, la retraite à 60 ans au lieu de 62, la réduction de la TVA sur les produits de première nécessité, les crédits d’impôts pour les moins aisés…

Les dépenses publiques sont innombrables avec quasiment aucune recette en face si ce n’est le rétablissement de l’ISF et la lutte contre la fraude fiscale rendue quasiment impossible par l’Union Européenne des paradis fiscaux et le droit de véto sur les affaires de fiscalité (Luxembourg, Irlande, Malte, Chypre, Hollande etc.).

De nombreuses mesures sont tellement irréalistes qu’elles bloqueraient complètement l’économie française : allocation de 1000 euros par mois pour tout jeune allant dans l’enseignement professionnel (pour travailler ou pour toucher de l’argent ?), éliminer le chômage des jeunes grâce à un emploi public de 5 ans spécifique, droit de véto suspensif sur les plans de licenciement.

Il y a de vraies réflexions sur certains problèmes touchant l’économie française, notamment la financiarisation, mais le programme est très démagogique et irréaliste.

Le programme est un plan de relance par la hausse des salaires, les aides sociales diverses et une forte dépense publique, à la création de beaucoup d’emplois sans certitude aucune de leur utilité économique et sociale, à un déséquilibre majeur des comptes publics et extérieurs, à une hausse importante de l’inflation.

Il aboutirait à une envolée des importations sans parvenir à augmenter la production. La hausse des salaires sans dévaluation aboutirait probablement à une baisse des exportations.

C’est le programme commun de Mitterrand de 1981 à 1983 en pire car comme Mitterrand, Mélenchon refuse la nécessaire dévaluation du franc pour rendre positif ce fort programme de relance. Il refuse aussi de s’affranchir de façon réaliste des contraintes de l’UE qui sont dix fois plus fortes qu’en 1983.

 

  1. Les mesures du programme de Mélenchon par thème.

Mesures globales

. Mélenchon refuse tout nouvel accord de libre-échange grâce à un droit de véto inexistant (les accords se votent à la majorité qualifiée). Théoriquement impossible dans l’UE

. Mélenchon souhaite utiliser le levier de la contribution française au budget de l’UE (13 milliards net) pour faire plier l’UE, ce qui est un faible atout aujourd’hui. Ces 13 milliards d’euros ne sont rien par rapport aux sommes déversées par la BCE en achat d’emprunt d’Etat ou en prêt aux banques françaises.

. Mélenchon souhaite construire des coopérations plus approfondies avec les Etats qui le souhaitent en matière sociale, écologique, culturelle, éducative.

. Instaurer des droits de douane sur des critères écologiques et sociaux (Décision au niveau de l’UE qui en parle depuis 10 ans sans jamais le faire).

. Adopter des mesures anti-dumping social pour les industries stratégiques (Décision au niveau de l’UE qui en parle depuis 10 ans sans jamais le faire). Impossible dans l’UE

. Relocaliser les productions essentielles à la vie de notre pays (difficile voire impossible avec les accords de libre-échange). Impossible dans l’UE

. Instaurer une agriculture relocalisée, diversifiée et écologique et créer 300 000 emplois agricoles. Impossible dans l’UE avec la PAC, la concurrence des autres pays européens et même du monde entier à cause du marché unique et des accords de libre-échange).

. Interdire les fermes-usines d’élevage intensif et les pratiques cruelles (Possible en France mais en laissant l’importation en France par les autres pays européens ces viandes d’élevage intensif). Virtuellement impossible dans l’UE

 

Emploi

. Smic net augmenté de 10% à 1400 euros par mois

. Augmenter l’ensemble des salaires en mettant en place des commissions salariales dans les entreprises

. Fixer un salaire maximal pour que l’écart des salaires dans une entreprise soit au plus 20 fois le salaire minimal

. Droit de véto suspensif sur les plans de licenciement. Instauration d’un vote de défiance dans l’entreprise.

. En cas de rachat, droit de préemption pour que les salariés reprennent leur entreprise sous forme de coopérative.

. Chaque chômeur de longue durée se verra offrir un emploi au Smic dans un secteur d’urgence (et les qualifications ?)

. Réquisitionner une année la part des bénéfices des grandes entreprises au-dessus de la progression moyenne de la moyenne du Cac 40.

 

Pouvoir d’achat

. Réduire la TVA sur les produits de première nécessité et remettre une TVA grand luxe pour la financer.

. Encadrer le prix des produits alimentaires de première nécessité, plafonner les frais bancaires.

. Rendre l’impôt sur le revenu plus progressif avec 14 tranches

 

Entreprises

. Un impôt sur les sociétés inférieur pour les bénéfices réinvestis et supérieur pour les bénéfices distribués.

. Un impôt sur les sociétés progressif.

. Egalité entre l’impôt sur le capital et celui sur le travail.

. Taxer les entreprises ayant bénéficié de la crise sanitaire pour l’investir dans l’écologie.

. Développer l’économie sociale et solidaire (les coopératives, les entreprises coopératives…)

 

Jeunes

. Allocation de 1000 euros par mois pour chaque jeune qui s’inscrit dans l’enseignement professionnel.

. Eliminer le chômage des jeunes grâce à un emploi public de 5 ans spécifique.

 

Fonction publique

 

. Titulariser les 800 000 contractuels de la fonction publique et créer 1 million d’emplois publics en plus (Ehpad, santé, éducation nationale, justice…).

. Renationaliser » la SNCF et la relancer. Supprimer les lignes aériennes courtes

. Renationaliser les autoroutes et les aéroports stratégiques

. Moratoire sur les partenariats public privé

 

Retraites

. Retraites à 60 ans à taux plein

 Agriculture

. Instaurer une agriculture relocalisée, diversifiée et écologique et créer 300 000 emplois agricoles

. Interdire les fermes-usines d’élevage intensif et les pratiques cruelles

 

Dette publique

. Imposer à la BCE qu’elle achète toute la dette publique en circulation sur les marchés financiers donc toute la dette publique. Cette dette ne sera jamais remboursée (transformée en dette perpétuelle  à taux 0).

. La dette publique illégitime pourra être renégociée.

. Remetttre en place un circuit du trésor pour que l’Etat puisse se financer sans les marchés financiers

 

Finance

. Nationaliser quelques banques généralistes pour mieux financer les TPE et financer l’Etat français.

. Taxe sur les transactions financières

. Contrôler les mouvements de capitaux.

. Séparation des banques d’affaire et de détail.

. Interdire les rachats d’entreprise avec endettement par les financiers (LBO)

 

Fiscalité

. Rétablir l’ISF en le durcissant, avec un volet climatique.

. Rendre la CSG progressive.

. Une taxe foncière progressive.

. Un héritage maximal à 12 millions d’euros et des droits de succession plus élevés.

. Les pauvres « pourront bénéficier des réductions d’impôts des riches » car elles seront transformées en crédit d’impôt. L’Etat pourra ainsi payer des impôts aux plus pauvres.

. Faire de la lutte contre l’évasion fiscale une priorité. Poursuite judiciaire plus dure contre l’évasion fiscale.

 

Logement

. Interdire l’expulsion locative sans garantie d’un logement public.

. Construire 200.000 logements publics par an.

. Encadrer les loyers partout.

. Mettre en place un « permis de louer » pour éviter le logement indigne.

. Réquisitionner les logements vides et les mettre sur le marché.

 

Energie et écologie

. Investir 200 milliards d’euros pour la transition écologique financé par les taxes sur les entreprises polluantes et l’ISF

. Sortir du nucléaire sans date de sortie annoncée

. Abolir l’obsolescence programmée et allonger les durées de garantie légale

. Service public de réparation et du réemploi

 

 

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